Fred se leva de bonne heure. Après un petit déjeuner consistant de quelques biscuits qu'il économisait au cas où il ne pourrait pas restocker, il regarda par la fenêtre pour surveiller les tributs du 1. Les deux étaient aussi réveillés et prenaient un petit‑déjeuner dont Fred n'arrivait pas à voir la composition. En tout cas, ils ont l'air de mieux manger que moi, ces abrutis. En voyant la fille monologuer joyeusement devant Luc, le tribut du 11 devina qu'ils ne s'apprêtaient pas à partir à la recherche d'autres victimes de sitôt. Malheureusement pour lui, cela signifiait qu'il ne pourrait pas encore aller chercher de la nourriture à la Corne d'abondance. Mais c'est le moment parfait pour aller explorer l'arène, décida Fred en empoignant son sac et en descendant rapidement les escaliers de l'immeuble où il avait passé la nuit.
Une fois dans la rue, il regarda autour pour s'assurer que personne ne le guettait. Non, c'est bon, pensa‑t‑il après avoir regardé derrière toutes les poubelles et cartons qui bordaient le chemin ou qui bloquaient le passage dans d'autres rues. Ça a pas l'air compliqué à dégager, mais ça doit faire un sacré boucan. Après un dernier coup d'œil vers l'immeuble qu'il avait l'intention de retrouver plus tard, Fred prit un chemin au hasard et se retrouva rapidement à la frontière séparant la ville de la forêt. C'était un endroit de transition entre deux paysages plutôt abrupt : le béton de la ville s'arrêtant en ligne droite pour laisser place à l'herbe et aux fougères de la forêt. Ceux qui ont construit le décor se sont pas trop foulés, constata Fred tout en s'engageant dans la forêt, sans trop savoir ce qu'il pourrait y trouver.
Après quelques minutes de marche, il arriva au bord du lac entourant la Corne d'abondance. J'espère que Luc et l'autre vont pas me voir, pensa Fred, conscient du danger. Mais il ne les voyait pas, étant par chance de l'autre côté de l'île, et il se dit que s'il ne faisait pas trop de bruit, ils n'auraient aucune possibilité de le remarquer. Il continua à longer le lac quand il tomba sur une personne assise au bord de l'eau, trop occupée à tailler des pierres pour l'entendre approcher. C'est le mec du 12 ! devina Fred en voyant les pointes grisâtres posées à côté de lui. Il se rappela que c'était l'un des seuls tributs à ne pas le regarder avec mépris lors de sa dispute avec Indigo, aux interviews ; aussi pensa‑t‑il que lui parler pourrait être une bonne idée. Et comment je fais pour pas lui faire peur ? Sans trop réfléchir, Fred s'accroupit à la hauteur du tribut et prit la parole :
« Salut, je viens en paix », dit‑il, à court d'inspiration.
Le garçon tourna vivement la tête dans sa direction, mais n'esquissa aucun geste brusque en reconnaissant Fred. Sans parler, il retourna lentement à son taillage de pierres, l'air légèrement suspicieux de son interlocuteur.
« T'inquiète, le rassura celui‑ci, euh, je suis juste en train de visiter.
— Visiter ? répéta Val en haussant un sourcil devant la réponse absurde du tribut du 11. T'as pas peur de te faire tuer ?
— T'inquiète, j'ai une machette, répondit Fred en essayant de prendre un air insouciant.
— T'es au courant que ceux du 2 font le tour de l'arène, à la recherche de gens à tuer ? l'informa le garçon. Je leur ai échappé de justesse hier après‑midi.
— Sérieux ? Ah merde.
— Tu l'as dit. »
Val se remit à tailler ses pierres avec une incroyable efficacité, et Fred les observa de plus près. Il en compta au moins six, toutes plus aiguisées les unes que les autres. Elles ont l'air assez légères pour qu'il puisse les transporter facilement, remarqua Fred en comprenant que le tribut comptait sûrement utiliser ces armes comme des couteaux à lancer. Il lui demanda alors ce qu'il prévoyait de faire pendant ces prochains jours.
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Les 19èmes Hunger Games
FanfictionNouer ou renouer des liens avec quelqu'un juste avant de mourir est une idée des plus absurdes, et la confiance n'a pas sa place aux Hunger Games. Qu'en dites-vous ? C'est ce que pense la tribut volontaire du District 4, Lori Rose, quand elle est ap...