CHAPITRE 5(YANN)

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Je cache un peu plus mon visage dans l'ombre de mon borsalino noir et allume mon portable. Il est quinze heures,et Anaë m'a donné rendez-vous à quatorze heures trente. Cette fille n'est décidément pas ponctuelle.
Pourtant, je l'aime bien. J'aime les efforts qu'elle fait pour m'intégrer. J'aime son caractère sarcastique et sympathique en même temps, même si je le soupçonne de cacher un passé bien plus compliqué. Et avant tout, j'aime sa détermination pour que l'on devienne amies.
Car j'aime les gens déterminés. Andrew l'était énormément, ma mère l'est, Anaë l'est aussi. Elle travaille d'arrache-pied et malgré le fait qu'elle n'a pas toujours tout, elle continue à essayer.
La voilà qui me fait signe à travers la vitre. Je me dépêche de la rejoindre et elle me serre aussitôt dans ses bras.
Aujourd'hui,elle a opté pour un look éclectique:jean cargo, t-shirt de Coldplay et bandeau violet. Autant dire qu'avec sa chemise bûcheron, c'est à croquer.
Rapidement, elle m'entraîne à sa suite dans divers magasin mais aucune de nous n'achète grand chose,on préfère s'amuser. Habillées de robe chasuble fluo et de chapeau cloche nous défilons devant les miroirs. J'ai des crampes à force de rire et mal au ventre.

Nous sommes à présent assise à la terrasse d'un café, Le café gourmand. Je sirote un smoothie tandis que Anaë boit un matcha en sifflotant,laissant des traces de baume à lèvres sur le rebord de son mug.
-《Alors,t'as trouvé ça comment? C'était cool,hein?
-Ouais! On a bien rigolé!
-Je suis contente que tu es pû venir. Tu sais, Pola, tu es vraiment quelqu'un de bien.
-Toi aussi,je lui réponds avec sincérité. Merci de passer du temps avec moi.
-Mais je t'en prie! On est amies,non?》
Je vois une lueur inquiète passer dans son regard intense et je la prends dans mes bras.
Oui,je crois bien que je considère Anaë comme une amie. Elle est sympa,originale et talentueuse. Et puis elle m'accepte comme je suis.

Je rentre à la maison vers dix-huit heures. À peine arrivée dans ma chambre que j'enfile mon maillot de bain une pièce pour aller profiter du jacuzzi. Il possède une superbe vue sur le lac qui a donné son nom à la ville. Il se trouve vers la partie est de la ville,non loin des quartiers chics.
Le plus étrange lorsque l'on regarde cette ville,c'est la façon dont elle se découpe. Les vieilles maisons se tassent à l'ouest,à côté de l'ancienne gare. La campagne est au sud,quelques kilomètres derrière chez moi. Le centre ville brille de mille feux,on aperçois les néons du Down Lake Memorial Hospital. Des voitures glissent le long de l'autoroute en direction d'Houston. Le ciel se confond avec le paysage ambiant. Ça aurait sûrement plu à Andrew,il aurait écrit un poème sur l'atmosphère qui se dégage de cet endroit,m'aurait embrassé pour me réchauffer.
Une larme roule sur ma joue. Je ne devrais pas penser à lui lors d'une journée si heureuse mais je ne peux pas m'en empêcher. C'est comme si je le revoyais sur son lit d'hôpital,la peau bleue par les médicaments et les yeux à demi-clos. Je l'entends encore m'avouer ses sentiments dans ce parc désert,il y a quasiment deux ans. Ses bras qui me serrent fort. Ses petits sourires en coin. Ses lèvres douces.
Mais à présent,plus rien de tout cela n'existe.
Puis je repense à sa tombe. Je l'ai fleurie avant de partir mais les fleurs doivent être morte,maintenant.
Je tourne la tête et je vois la BMW de ma mère se garer dans l'allée. Puis elle en descend,dans un tailleur gris anthracite. Elle me souris et je lui rend,cachant mes peurs derrière ce signe.
C'est l'histoire de ma vie ce sourire.

H.A.P.P.Y.: THE DESTINY OF USOù les histoires vivent. Découvrez maintenant