Je savais bien que cette année, Noël serait dur. Je ne m'attendais tout de même pas à ça.
Combien cela aurait-il coûter à mon père d'être présent? Absolument rien. Merde, on est le 25 décembre! Ne pouvait-il pas faire un effort?
Apparemment pas, vu que je suis tout seul. Soudain, ma gorge se noue: je pense à tout mes amis, sûrement avec leurs familles en ce moment de fête. Et moi, je suis seul comme un guignol. C'est frustrant. Quel plaisir peut-on avoir en déballant des cadeaux si personne n'est là pour le voir? Si personne ne quémande la télécommande pour mettre un Disney écœurant? Si personne ne crie de joie en déchirant un paquet cadeau? J'ai toujours adoré l'esprit de Noël; à présent ce n'est plus le cas.
Résigné, j'ouvre mon premier présent. Une paire de Nike neuve. Pas très original. Mais bon, qui a dit que mon géniteur l'était?
Puis viens un chèque de 120$ et une boîte de biscuits aux amandes confectionnés par ma grand-mère. J'en goûte un: tout simplement délicieux. J'ai l'impression de mordre dans un coucher de soleil.
Hein? Un coucher de soleil? Je crois qu'Anaë Moretz déteint sur moi. Je devient un poète!J'ouvre la dernière enveloppe et retient un cri de surprise en reconnaissant l'écriture. Impossible...et pourtant...
《Mon chéri,
J'espère que ce cadeau te plaira. Fais-en bon usage.
Tu me manques,
Maman.》Mon cœur loupe un battement. C'est quoi cette blague? En plus de ce papier, l'enveloppe contient deux billets pour un match de l'équipe de football d'Houston. Ce match a lieu dans trois semaines. J'irai avec...avec qui j'irai, d'ailleurs? Aucune idée. Peut-être Finn? Ou le fils d'un collègue de mon père, Matt? Ah non. Matt est dans un pensionnat en Louisiane.
À vrai dire, je n'ai pas vraiment d'amis. J'aime bien les autres joueurs: Finn, Stan, Charli, Karl...ils sont géniaux, le problème ne vient pas de là. C'est simplement que je n'ai de réels liens avec aucun. Ce sont mes coéquipiers, rien de plus. Ça fait mal de le dire, mais personne...n'ai réellement attaché...à moi.
《Allez maintenant, arrête de ruminer! C'est Noël!》 me susurre ma petite voix intérieure.
Et elle a raison. Il faut que j'arrête de me prendre la tête pour rien. Ma mère ne reviendra pas; je trouverai quelqu'un pour m'accompagner au match. Et au pire des cas...mon père viendra avec moi!
Le skate park est désert. Un vent frais s'est levé, quelques nuages persistent à l'horizon en se confondant avec le Golfe du Mexique au lointain. Je me laisse tomber contre un muret de briques froides. Je dois être le seul imbécile à se retrouver dans un skate park le 25 décembre. Tant pis. Il faut bien un imbécile: cette année se sera moi.
Je lance ma playlist. Les sons s'enchaînent, sans pour autant me détendre. Au contraire: cela me rends encore plus nerveux. Je décide donc de couper Spotify et m'élance sur ma planche. Le vent fait osciller mes cheveux et des mèches blondes me cachent la vue. Pourtant, je ne m'arrête pas. J'aime bien la sensation de l'air contre mon visage, de mon cœur qui s'emballe à la moindre secousse. J'ai fait fait du surf une fois, à Venice Beach, et cela reste l'une de mes meilleures expériences. Ça, et bouffer des sauterelles au curry. Ça avait un goût de chips et de pâtes trop cuites.
Soudain, je perds l'équilibre et m'étale de tout mon long. Mes mains sont écorchées et couvertes de sang, tout comme ma joue droite. À cela s'ajoute l'humidité quasi-quotidienne...je crois que je vais vomir! Et c'est ce qui finit par arriver. Le sol est recouvert d'un liquide visqueux et nauséabond. Je suis honteux: vomir dans un lieu public! Le jour de Noël! Juste après s'être cassé la figure! Je me dégoûte.
Je m'allonge ensuite à même le sol et croise les bras sur mon torse. Je ferme les yeux et inspire à fond. Le vertige commence à s'apaiser. J'ai encore un peu mal à la tête, mais c'est supportable. Par contre je n'arrive pas à plier les doigts. J'espère que je n'ai rien de cassé. Ce serait vraiment horrible. Tout ça parce que je suis l'adolescent avec le moins d'équilibre qui soit.
Bon, peut-être pas celui qui en a le moins mais on s'est compris.Mes yeux commencent à se fermer tout seul et tout vacille autour de moi. Après réflexion...ma tête a peut-être heurté le sol...si ça se trouve,j'ai une commotion...oui,je dois avoir une commo-
Lorsque je me réveille la nuit est déjà tombé. J'ai mis du vomi et du sang de partout. Je regarde mon téléphone: six appels manqués de mon père.
Merde! Il faut que je rentre!
Une chose est sûre: je suis le plus grand imbécile qui soit.
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H.A.P.P.Y.: THE DESTINY OF US
Novela JuvenilC'est la rentrée pour les élèves du monde entier. Chacun reprend son train-train habituel,ses routines,son quotidien. On retrouve ses amis,ses profs,mais la rentrée réserve aussi son lot de surprise.... ☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆☆ Dans le collège de Down Lake,u...