Chapitre 3

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Elio se réveilla dans son lit, emmêlé dans sa couverture. Les volets étaient ouverts et il faisait froid. Le réveil, posé sur la table de nuit entre deux vêtements sales, affichait minuit.

Il était essoufflé et son cœur battait vite. Il se précipita dans la salle de bain en trébuchant. Ses jambes étaient faibles et douloureuses, sa tête semblait sous pression et menaçait d'exploser à tout moment. Il s'effondra sur les toilettes.
Il cracha puis vomi. Il y avait, dans le fond des toilettes, une tâche rougeâtre.  Du sang.

Elio s'appuya sur un mur, ruisselant de sueur.
On entendait les grillons qui chantaient dehors.
La chambre était tellement froide qu'Elio cru mourir de chaud en entrant dans la salle de bain.

Il essayait de ne pas faire de bruit pour ne pas réveiller ses parents, mais il étouffait tellement qu'il dut prendre de grandes inspirations pour se calmer.

Il essaya de reprendre ses esprits.
Après un long moment, il retourna vers sa chambre.

Elle s'était quelque peut réchauffée mais Elio ressentait toujours des frissons lui parcourir le corps. Il enfila un sweat sur son pyjama gris et alluma sa lampe de chevet. Sa tête bouillonnait de pensées et il savait qu'il ne pourrait pas se rendormir tant qu'il ne les auraient pas évacuées. 
Il attrapa un stylo et commenca par renseigner la date et la durée de son rêve. Puis il raconta le déroulement de celui-ci. Elio ne se souvenait pas de tous les détails, tout s'était passé si vite. Mais il essayait de rendre son récit le plus proche du rêve. Quelques questions sans réponses fusaient dans la tête d'Elio, qu'il s'empressait d'inscrire à l'encre noire.

" Quels sont les rôles des Scibs ? "
" Combien de dimensions existe-t-il ? "
" Quels sont les trésors que cherchent les Valkars ? "

Elio se disait que ces questions resteraient  sans réponses et qu'il ne ferait sûrement jamais plus ce rêve. Mais il aimait y réfléchir et tenter d'y apporter des réponses. Ce rêve n'était pas comme les autres, il était spécial, plus...réel.

Il se coucha et s'endormit rapidement. Ce jour là, il ne fit pas d'autres rêves.


- Pourquoi tu me donnes ça, demanda Élio à Ben qui lui tendait un paquet.
- Pour fêter tes quatre jours.
- Mes quatre jours ?
- Exactement ! Ça fait quatre jours de suite où tu viens en cours. Alors je t'ai acheté un petit cadeau pour te récompenser.

Élio avait en effet passé les quatre derniers jours au lycée, il n'avait loupé aucun cours et avait même rendu ses devoirs à l'heure. Il prit le paquet des mains de Ben et déchira le papier rouge.

- C'est ...
- Un carnet. Je sais que tu écris un peu, je t'ai espionné en cours. Alors j'ai pensé que ça te ferait plaisir. Il est joli, n'est-ce pas, avec les petits nuages bleus. Après, si t'aimes pas les nuages, je peux le rendre.
- Nan, il est très beau. Merci.
- Allez, grimpe, on y vas.

Avril pointait le bout de son nez et les soirées étaient de plus en plus chaudes.

Élio regardait son nouveau carnet. Il ne savait pas vraiment ce qu'il allait mettre dedans. Puis il pensa à ce rêve qu'il avait fait  quelques jours auparavant. Il n'aurait pas grand chose à écrire sur celui-ci qu'il n'aurait pas déjà noté. Mais il n'avait toujours pas rêvé depuis, il y avait quelque chose de spécial, quelque chose qui méritait qu'on écrive.

Alors il commença à écrire. Puis il dessina, des portraits, ceux des scibs, de la dame aux papiers, de Lumon.
Puis des pièces, des couloirs, des chaises.
Il inscrivit les odeurs, les couleurs, les sensations et les sons de son rêve.
Il fallait qu'il se souvienne, de leurs visages, des pièces, de tout.

Puis il fit son rituel habituel. La couette bien secouée et le Soleil bien caché, il s'endormit.

Il ne pensait qu'au rêve. Il avait l'habitude de torturer son esprit dans le but de faire un rêve lucide. Mais ce soir il voulait refaire ce rêve en particulier.


Il se réveilla dans une forêt, allongé sur l'herbe humide du matin.
Un rossignol chantait dans les arbres de belles mélodies qui annonçaient la venue de l'été. Les rayons du soleil perçaient les feuillages des hêtres et habillaient le sol d'une douce lumière.

Elio vit une souris courir dans sa direction.

Puis il remarqua que les oiseaux avaient cessé de chanter.

L'atmosphère était calme. Le calme avant la tempête.

Elio savait que le silence signifiait le danger. Mais il ne savait ni où il était ni comment sortir de la forêt.

Deux yeux jaunes le fixaient.

Une bête sortit des arbustes.

C'était une sorte de crocodile de la taille d'un éléphant. Il n'avait pas de queue et sa gueule était fendue en quatre.

Elio avait peur.

Le monstre fonça sur lui en ouvrant sa bouche immense. Elio courru aussi vite qu'il pu, ses jambes ne l'avaient jamais portées aussi vite. La bête se rapprochait dangereusement de lui et il pouvait presque sentir son souffle sur ses coudes. L'animal l'avait choisi comme proie, peut-être Elio sentait-il la bonne viande fraîche ?

Il se voyait déjà dans la gueule de cet animal infâme, criant de toute ses forces.

Elio repéra un vieux chêne bien enraciné, il ne pouvait pas grimper, alors il décida de foncer droit dessus.

L'animal chargea derrière lui. Elio courru aussi vite qu'il pu. Arrivé au niveau de l'arbre, Elio tourna brusquement à droite, cette manœuvre le fit tomber violemment à terre.

La bête ne put ralentir et s'écrasa sur l'arbre.
Elio n'arrivait pas à se relever, il était tétanisé. Il avait mis toute sa puissance dans ses jambes pour espérer assommer l'animal. Il hurla à ses membres d'agir voyant la bête se remettre de son choc.
Il réussi enfin à se lever mais elle avait reprit connaissance. Elle le regarda, le sang de sa bouche se mêlant à sa bave, puis elle chargea.
Elio avait déjà commencé à fuir mais la chose le ratrappa rapidement, poussée par la rage et la vengeance.

Sa gueule se referma sur son bras.

On entendit le hurlement d'Elio dans toute la forêt.

Il sentit trois de ses crocs s'enfoncer dans sa chair et glisser jusqu'à son poignet.
C'était comme si il avait enfoncé son avant-bras dans de la lave.
Son sang coula sur le sol, et la chose avait l'air d'apprécier son odeur et son goût.
Elio savait que son bras était toujours rattaché à son corps. Il pria pour que celui-ci se décroche et que la bête se contente d'un bout d'Elio.
Si son bras se décrochait maintenant Elio aurait une petite chance de s'en sortir.

Il se voyait déjà mourir. Le temps s'était comme arrêté.

La bête avait dû prendre peur car elle lâcha quelques secondes son emprise, juste assez pour qu'il puisse retirer son bras.

Il courru aussi vite qu'il pu mais la douleur engourdit tout son corps.

Il s'écroula sur le ventre, incapable de faire bouger ses jambes.

S'en était fini de lui, pensa-t-il.

Jamais je ne survivrait à ça. Je n'ai plus de bras et mes jambes ne marchent plus.

L'animal fonça dans son dos.

Elio entendit le hurlement de la chose et un grand fracas.

La guerre des rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant