Des anges par centaines.
Des ailes blanches, brunes ou encore noires qui passaient de rue en rue en se bousculant.En quelques heures, la grande place du village avait son sol jonché de plumes.
Ils arpentaient les rues. La panique était pesante.
Certains habitants de la ville s'affairaient à leur apporter secours, leur offrant des vêtements ou de la nourriture. Mais ils étaient rares et la plupart des gens cherchaient surtout à les éviter, de peur que leurs grandes ailes ne les fouettent ou qu'elles leur transmettent une quelconque maladie. Quelques uns les évitaient inconsciemment, d'autres leurs lançaient des regards et les insultaient - acusant leur accent d'être impoli et vulgaire.
Les anges avaient changé l'ambiance de cette ville en une seule nuit.
Une petite ruelle menait à un gigantesque mur où les habitants s'étaient amusés à peindre.
Au milieu des graffitis, il y avait une œuvre qui attira Elio. C'était une peinture immense qui prenait la moitié de la place.
Une femme magnifique. Elle dormait sur le mur, entourée de ses longs cheveux cuivrés. Elle insufflait la vie autour d'elle, des fleurs poussaient partout autour, dans ses cheveux et sur sa robe en dentelle.
C'était une œuvre d'une précision prononcée et très colorée. Elle semblait être là depuis toujours. Mais la pluie n'avait pas terni le rouge de ses joues et personne n'avait osé la recouvrir.
Lio expliqua qu'il s'agissait de la reine. La peinture était apparue un jour mais personne ne l'avait revendiquée.Il retournèrent au cœur de la ville. Il y avait là une distribution de nourriture pour les anges.
Ils avaient le droit à une petite portion d'une mixture jaune qui ressemblait à de la purée de maïs. Elio s'était assis à l'ombre d'un grand bâtiment. Lio, elle, restait debout les bras croisés sur son torse, avachie sur un arbre en attendant Rico. Elio l'entendait grogner à chaque fois qu'elle voyait un ange se reservir ou demander plus de purée. La sueur avait collé ses cheveux bruns sur ses joues. De profil, elle ressemblait vraiment à un loup prêt à bondir sur sa proie.
Rico s'approcha de Lio en courant. Elio vit ses sourcils se desserrer et son visage s'éclaircir.
- La reine veut vous voir, déclara-t-il avant de se tourner vers Elio, En fait, c'est toi qu'elle veut voir.
La grande porte dorée de la tour était beaucoup plus intimidante maintenant qu'il devait y entrer.
Ses jambes étaient molles et il transpirait. La chaleur réveillait la douleur de son bras.
Il y avait un long escalier en colimaçon qui menait en haut de la tour. Elio cru qu'il ne pourrait jamais arriver au bout, mais Rico lui offrit son bras en guise de support.
En haut il y avait une porte en bois.
Une porte bleue.
Lio s'arrêta avant d'entrer.- Rico... J'ai peur.
- Moi aussi, répondit Rico.
- Qu'est-ce qui peut pousser la reine à demander à me voir ? Répondit Elio qui avait repris de la contenance.Ils entendaient des bribes de conversations passer à travers les interstices de la porte.
" Pourquoi est-ce que ça serait de sa faute ?"
" Et si il l'avait créé ..."
" Un gentil garçon ... "- C'est Lumon !
- Chut, Elio ! J'essaie de comprendre, chuchota Lio en frappant l'épaule du garçon.
- Arrêtez un peu tous les deux. On peut pas les faire attendre plus longtemps, déclara Rico.Il tourna la poignée dorée et poussa doucement la porte.
- Excusez-nous. On voulait pas vous déranger, dit précipitamment Lio.
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La guerre des rêves
ParanormalElio à une addiction assez particulière, les rêves. Après plusieurs nuits à faire le même cauchemar, le monstre qui le torturait lui adressa la parole. « Nous t'attendions, Elio. » Pour quelles raisons ce rêve lui semble-t-il si réel et pourquoi n...