Chapitre 5

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Cette fois-ci, Elio se réveilla calmement. Il était dans son lit. Le soleil venait de se lever, un soleil de lundi.

Il n'avait même pas l'impression de s'être vraiment réveillé, il revoyait le visage de Lio et sentait l'odeur du sol du village. Il avait aussi l'impression que trois cicatrices tiraient encore sa peau.

Il se prépara pour aller en cours.

Ben était dehors avec son vélo comme tous les matins.

- Bah alors mon pote, t'as une mine affreuse. Tu sais, je suis content que tu te décides enfin à venir en cours. Mais si t'es malade, vraiment, reste chez toi.
- Je suis pas malade. Je suis juste fatigué, j'ai pas vraiment dormi cette nuit.
- Si tu le dis. Mais si tu gerbes sur mon vélo, je t'abandonne sur le bord de la route. Tu sera prévenu.
- Allez, roule.

Ils avaient maths en première heure. Elio ne détestait pas les maths. Mais comme il n'y prêtait pas vraiment attention, ses notes étaient vraiment moyennes. D'habitude il arrivait à entendre la professeure mais cette fois-ci, il avait un bourdonnement dans les oreilles. Comme si la voie de la professeure était diffusée sur une vieille télévision dont on avait mis le son au minimum. Un bourdonnement qui persistait depuis qu'il s'était levé. Il n'arrivait pas non plus à lire le tableau. Il était devenu myope pendant la nuit.

Il sentit le bras de Ben lui écraser l'épaule.

Ses cicatrices la faisaient souffrir.

Comment quelque chose qui n'était pas, là pouvait lui faire aussi mal ?

- Gars, répond, sinon tu vas finir dans la merde.
- Monsieur Som, répondez à la question trois s'il vous plait.
- Elio, est-ce que ça va ? Tu es vraiment pâle.

Il mit toute sa concentration pour arriver à articuler une phrase qui avait du sens.

- Je peux...aller à l'infirmerie...s'il vous plaît ?

La dame le regarda à travers ses lunettes aux verres triangulaires.

- Très bien joué si vous voulez éviter la question, mais je ne suis pas une imbécile.
- Nan Madame, il est vraiment pas bien je crois. Rétorqua Ben.

Il essaya de se lever et fit quelques pas en s'appuyant sur son pupitre.

- Je ne vous ai pas donné l'autorisation de vous lever ! S'indigna la professeure.

Il continuait d'avancer. Il ne pensait qu'au lit de l'infirmerie et à ses blessures. Il était sûr que des litres de sang coulaient sur le sol de la classe.
Pourtant il n'y avait rien, même pas une trace sur son épaule ou sur le sol.

-Mais c'est vrai de vous êtes blanc comme un linge ! Que quelqu'un l'accompagne.

Elio entendit à peine la voie de la professeure.

Un pas de plus.

Il s'écoula. Il ne senti pas vraiment le choc mais entendit le bruit de son corps s'écrasant sur le sol.



Encore un nouveau lit. Et des "bip bip" qui lui cassaient les oreilles.

Ben ronflait sur une chaise à sa droite.

- Pourquoi il faut tout le temps que je m'évanouisse ?
- Hein ?
- Ho, pardon, Ben. Je me demandais si je m'étais évanoui.
- Ouais mon pote, et bien comme il faut. Attend moi deux secondes, je vais chercher ta « moman ».

Un médecin et la mère d'Elio entrèrent dans la salle.

- Dit moi, mon petit. Est-ce que tu as mangé ce matin ? Demanda le médecin.
- Euh. Non, je crois que j'ai oublié.
- C'est rien de grave, ne t'inquiètes pas. Juste une petite crise d'hypoglycémie. Pense à bien manger le matin. C'est très important.

La guerre des rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant