Chapitre 4

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Il ferma les yeux mais rien ne se passa. Il se tourna avec douleur sur le dos en se tenant le bras. Il fut heureux de sentir que son poignet était toujours accroché à son bras.

L'animal était à terre, une hachette dans l'oreille gauche. Un jeune homme se tenait fièrement debout sur son ventre.

- Hé bas. T'as bien failli te faire bouffer ! Normalement ils attaquent pas trop les humains.

Le jeune homme descendit de son perchoir et s'approcha d'Elio. Il avait un short rouge délavé et un tee-shirt bien trop grand pour lui dont on avait coupé les manches.

- Hé, mais ... t'es le garçon que tout le monde cherche ! Celui qui n'est pas d'ici !

Elio tenta d'articuler une réponse malgré le sang dont il se vidait peut à peut.

- Comment vous le savez ?
- Personne ne s'aventure dans cette partie de la forêt. Et en plus, t'es en pyjama.

Elio se sentait très honteux, mais il oublia vite sa honte car la douleur lui brouillait l'esprit.

- Ho, je suis désolé. Je vais t'emmener au village. On vas te soigner.

Il ne se souvenait pas vraiment de ce qu'il s'était passé après, mais il savait qu'il s'était évanoui.

Il se réveilla dans une chambre, une perfusion reliée à son bras bandé.
Il arrivait à voir dehors à travers la fenêtre en face de lui.
La lumière de la lune éclairait la route. Elio arrivait à discerner les contours de sa chambre.
Une armoire, une table de chevet et un long bureau. Tout était très bien rangé, ce n'était définitivement pas sa chambre.
Il y avait aussi un homme assoupi sur une chaise devant lui.
Elio alluma la lampe à sa gauche.
Il reconnu le garçon au short rouge.

- Ha, tu es enfin réveillé.
- Je suis désolé, pour la lumière.
- Ne t'inquiètes pas, je voulais être là à ton réveil.
- Qu'es-ce qu'il s'est passé ?
- Tu t'es fait attaquer par un Croque. Moi j'étais en train de couper du bois et je t'ai entendu crier. T'as de la voie pour un gringalet.

Il s'approcha d'Elio pour voir sa blessure.

-Tu t'es évanoui et après je t'ai ramené au village. On à réussi à sauver ton bras, mais tu vas avoir de belles cicatrices. Tu as encore mal ?
- Non.
- Non médecins sont très réputés.

Elio avait trois fente qui descendaient du milieu de son épaules jusqu'à son poignet.

- Combien d'heures j'ai dormi ?
- Six jours.
- Quoi ? S'écria Elio. C'est pas possible ! Et mes parents, et l'école ? Et Ben ? Ho non, c'est pas possible !

Le jeune homme posa une main sur l'épaule d'Elio.

- Ne t'inquiètes pas pour ça, l'important c'est que tu ailles mieux. Je vais dire aux infirmières que tu t'es enfin réveillé. Pendant ce temps, dors. Demain matin Lio te fera visiter la ville. Les Scibs disent t'avoir trouver un endroit pour loger mais je ne sais pas où c'est.

Lio était une fille assez spéciale, elle ne parlait pas beaucoup. Elle ne semblait pas détester Elio mais il n'aurait pas parié qu'elle l'adorait.
Elle parlait toujours d'un ton monotone et avait bien insisté sur le fait quelle n'avait aucune envie de lui faire la visite.

- Et ça, là bas, c'est la demeure royale. On ira la voir tout à l'heure.
- Y'a un roi qui vous gouverne ? Je pensais que c'était les Scibs.

Lio continuait d'avancer malgré le fait qu'Elio était obligé de lui courir après pour la suivre.

- La reine n'a pas beaucoup de pouvoir. C'est juste une sorte de symbole. Elle représente notre village et notre dimension. Mais c'est les Scibs qui prennent les décisions. A part pour les trucs chiants comme la politique extérieure. Mais y'en a jamais, alors ..
- Ha, oui, je vois.

Ils s'arrêtent sous un porche où trois adolescents discutaient.

- Et ça, c'est Rico. C'est lui qui t'as ramené ici.
- Oui, je me souviens de toi. Encore désolé de t'avoir réveillé.

Rico était tout sourire. C'était une jeune homme de l'âge d'Elio mais qui paraissait beaucoup plus mature. Il était grand, beau, musclé et avait l'air étonnamment sympathique, selon Elio.
C'était plus facile d'admirer sa beauté à la lumière du jour.
Il y avait à côté de lui une jeune fille et un garçon.

- Et voilà les jumeaux. Edim et Edam.
- Enchanté, moi c'est Edam.
- Et moi, Edim.

Elle avait une forte poigne et des doigts très sales.

- On dit que je suis la plus belle fille du village, affirma Edim.
- N'importe quoi, personne ose t'approcher tellement tu pues. Puis en plus t'es tout le temps recouverte d'huile de moteur.

Edim donna un violent coup de poing dans le ventre de son frère pour le faire taire, ce qui fit beaucoup rire les autres.

- Edim bricole beaucoup, c'est pour ça, l'odeur, reprit Rico. Je crois que Lio était en train de te faire visiter, alors on vas vous laisser. Vous avez de la chance, le ciel est dégagé aujourd'hui.
- Merci, Rico, répondit Lio qui souria franchement et continua sa visite.

Ils avancèrent vers une immense colonne de pierre et d'or. Comme un somptueux château dont on aurait découpé une des tours pour l'implanter au fond du village.

Elio essaya de détendre l'atmosphère. 

- J'ai vu, dit Elio.
- Quoi donc ?
- Tu lui a rougi, à Rico. Avoue, y'a un truc entre vous.
- Je te connais depuis à peut près 20 minutes et toi tu commences déjà à t'immiscer dans ma vie privée.

Lio avait répondit si sèchement qu'il cru qu'il avait complètement gâché l'occasion de passer une visite agréable.

- Je suis pas doué pour faire la conversation, désolé, s'excusa-t-il timidement.
- Si tu veux vraiment savoir, y'a rien eu entre nous et y'aura jamais rien.
- Je vois, il est trop grand, c'est ça ?
- Il a tué ma mère.

Elio failli s'étouffer avec sa salive. Lio enfonça sa tête dans ses mains et commença à pleurer. Il se sentit très mal et essaya de la rassurer.

- Ho, euh... Je suis vraiment désolé. Je voulais pas te rappeler des mauvais souvenirs, bafouilla-t-il. Je pensait pas qu'il était comme ça. Enfin je le connais pas vraiment non plus. Mais il m'a sauvé et ...

Elle se releva en rigolant.

- Haha. T'y a vraiment cru !
- Quoi ? Mais, attends. Tu m'as menti !
- Ça t'apprendra à te mêler des affaires des autres. En tout cas ça m'a bien fait marrer.
- Ouais, c'est ça, très drôle.
- Bref, voici la demeure royale. Ici vit la reine Léanore et son futur fils.
- Ho, elle est enceinte ?
- Oui. Mais le truc le plus curieux, c'est qu'il n'y à pas de père.
- Pas de père ? Mais comment c'est possible ?
- Ha, bah, pour l'instant, le mystère reste entier. En tout cas, les médecins sont clairs, pas de daron pour le petit.

Le soleil commençait à piquer les épaules d'Elio. Il regarda la plus haute fenêtre de la tour et pensa à la reine. Elle devait se sentir seule la haut.

Il remarqua de nombreux oiseaux voler en direction de la forêt. Et le ciel s'assombri violemment. De grosses tâches noires s'approchaient.

Les picotements descendaient dans ses bras.

- Lio, je crois que je suis en train de me réveiller.
- Parfait ! J'avais fini de te faire visiter.
- Es-ce que tu les voies aussi les tâches dans le ciel où c'est juste moi qui sort du sommeil ?

Des gens commençaient à crier en voyant le ciel. Et Lio porta sa main à sa poitrine.

- Ho non.

Elio ne pouvait plus parler et sa vision se brouillait. Il s'écroula dans le sable. La poussière enveloppa son corps tandis que le visage de Lio lui criait des phrases incompréhensibles. Elle le secouait et le giflait en pleurant. Le ciel s'ouvrit comme une plaie dans un bruit monstrueux. Lio mis ses mains sur ses oreilles.
Elle assistait à la scène, seule et impuissante.
Elio entendait les gens courir et se bousculer autour de lui.
Il commença à trembler puis convulsa. La poussière l'empêchait de respirer.
La dernière chose qu'il vu fut des anges descendre du ciel et Lio les regarder, horrifiée.

La guerre des rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant