La guerre des rêves

Chapitre 8

Rico et Lio lui présentèrent le professeur. C'était un monsieur d'une quarantaine d'années qui était endormi sur un fauteuil au fond de la pièce.

Le but étant de ne pas le réveiller,  ils passèrent devant lui sur la pointe des pieds et arrivèrent dans la pièce du fond.

Il y avait un vinyle de musique classique qui tournait en boucle. Rico expliqua que cela empêchait le professeur de faire des rêves.

- Chacun a sa petite technique.

Le labo était plus petit que ce qu'Elio imaginait. Les instruments de sciences étaient plus constitués de bric à brac trouvés dans les poubelles du coin que de vrais équipements. Il y avait une forte odeur de café froid et une épaisse couche de poussière dans toute la pièce, sauf sur l'écran et le clavier de l'ordinateur, posé sur le bureau. 

- D'accord, mais on fait quoi maintenant ? Demanda Rico.
- C'est vrai qu'on n'en sait pas plus que les scibs sur toi. Mais j'ai déjà des petites idées sur comment obtenir des indices sur la raison de ta venue, assura Lio.

Elle proposa d'attendre qu'Elio se réveille. Ils noteraient ensuite plusieurs choses le concernant que Lio n'avait pas pris le temps de lister (sans doute car elle n'en avait aucune idée).

-Le plus important est de noter l'heure de ton réveil. De ton côté, tu essaieras de réapparaître dans ce labo. J'imagine qui si on arrive à savoir à quel fréquence tu te réveilles ici, il sera ensuite facile de te faire repartir pour de bon.

Bien que Lio se soit calmé, Elio sentait toujours une sorte de mépris dans sa voix.
Il avait quand même compris pourquoi elle était comme ça. Tout ce changement devait etre inquiétant pour elle.  Il essayait donc d'être le plus calme et le moins suspect possible.

Il s'assit sur un des sièges du laboratoire et attendit toute la nuit. Ils essayèrent plusieurs manières de l'endormir.

Il devait penser très fort à sa maison, s'imaginer en train de se réveiller dans son lit, essayer de s'endormir en méditant, faire du yoga, respirer lentement, boire une tisane de plantes.

Rico cru qu'il ne s'endormirait jamais, mais, au bout de trois heures, il partit enfin.
Il vit juste le corps d'Elio disparaître de la chaise.

- Lio, réveille-toi, chuchota Rico en la secouant.
- Mmmh.
- Regarde. Il a disparu.
- Quoi ? Elle se frotta les yeux avant de se lever et de vérifier si il ne s'était pas caché derrière le bureau. Alors ça...
- Tu veux toujours le décapiter ?
- Ta gueule.
- FANTASTIQUE ! Cria le professeur.
- HAAAA ! Cria Lio.
- HAAAA ! Cria Rico.

Le professeur était arrivé derrière eux. Il riait maintenant de toutes ses dents.

- Monsieur le professeur. Nous sommes vraiment désolés d'être entrés sans votre permission, s'excusa Rico en s'inclinant.
- On pensait pas que ça prendrait autant de temps.
- Hahaha ! Ne vous inquiétez pas, les enfants. C'est impressionnant. Il vient de disparaître devant mes yeux ! Pouf, plus personne. 
- Vous aussi vous l'avez vu, Monsieur ? S'exclama Rico.
- Un crayon, du papier. Vite ! Il faut que je note ça ! Ordonna-t-il.
- Alors, vous allez nous aider ? Demanda Lio.
- Si je vais vous aider ? Non non non. Je ferai les recherches seul. C'est gentil de me l'avoir emmené, je commençais à m'ennuyer.
- Hors de question ! Protesta Rico,vous avez vraiment cru qu'on allait vous laisser tripoter notre ami, sale pervers ! On va rester avec vous et vous tenir à l'œil.
- Aaargh ! Nan mais ça va pas ! Je vais pas le tripoter, votre ami. Je vais l'examiner.
- C'est pas notre ami, précisa Lio, on veut juste savoir si il est utile ou si il doit être éliminé.

Le visage du professeur devint pâle de sérieux et se rapprocha dangereusement de celui de Lio. De près, il puait le café.

- Dites-moi, les enfants, pourquoi est-ce qu'il n'était pas déjà dans les labos du conseil ? Vous savez, ceux qui ont beaucoup plus de moyens que moi et qui pourraient trouver des réponses beaucoup plus rapidement ?