3. Travis

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Février 2021

La Saint-Valentin est probablement l'une des périodes que je déteste le plus.

Quoique Noël ne se classe pas très loin sur la liste.

Dans les rues, les chansons d'amour résonnent. Les marchands ambulants tentent de nous vendre des chocolats ou des bouquets de fleurs à chaque carrefour. Je ne connais pas de fêtes plus commerciales.

Et dire qu'il reste encore deux semaines de cette mascarade avant d'en finir jusqu'à l'année suivante.

Pourtant, ce sont ces deux événements qui rapportent le plus de bénéfices à l'entreprise que je dirige. De nombreuses marques nous contactent pour obtenir les meilleures publicités que Publicis Corporation peut leur créer.

Pour ma part, je fais une overdose de musique, de pétales de rose et cœur rouges. Voilà pourquoi j'ai eu le besoin de me rendre dans l'un des clubs les plus sombres de la ville. Aux yeux du reste du monde, L'Olympe est une boîte de nuit très sélective. La réalité est très différente. Personne de mon entourage n'en connaît l'existence, ou alors il le cache très bien, et c'est une bonne chose. Dans ce lieu, il n'y a aucune place pour le romantisme mais uniquement pour la luxure.

Je m'engouffre dans une ruelle sombre quasi déserte et adresse un signe de tête au videur qui m'ouvre l'accès. Je passe d'épais rideaux et descends les escaliers qui mènent au bar. Des LED rouges fixées de chaque côté des marches éclairent le couloir. Les enceintes diffusent des mélodies sensuelles et une odeur de gingembre flotte dans l'air.

Je salue les quelques visages familiers qui croisent ma route. Ici, la discrétion est de mise. Lors de notre première venue, les gérants nous font signer un accord de confidentialité. Notre réelle identité est camouflée et l'on nous attribue un « nom de code » sur le thème de la mythologie. Je ne connais véritablement qu'une seule personne, Aphrodite.

C'est l'une des clientes les plus fidèles mais pas uniquement. Je la découvre d'ailleurs entouré de quelques-unes de ses connaissances les plus proches. Elle porte une robe en satin bordeaux avec une fente remontant jusqu'en haut de sa jambe. Celle-ci dévoile un harnais autour de sa cuisse. Je reste à distance et laisse courir mes yeux sur son corps.

— Chers clients, la soirée va débuter. Vous pouvez dès à présent rejoindre les différents salons, tonne une voix sensuelle.

La majorité des personnes présentes se déplacent. Elles passent une double porte et se rendent dans les salles v qui les intéressent.

— Tu viens regarder ou tu souhaites participer, Eros ? m'interroge Aphrodite qui avance dans ma direction.

— Juste observé.

Lentement, elle se rapproche de moi jusqu'à ce qu'il n'y ait plus qu'un centimètre entre nous. Ses ongles effleurent mon avant-bras me provoquant des frissons sur la totalité de mon épiderme.

— Dommage, je n'avais pas de partenaire et j'avais très envie de m'amuser, susurre-t-elle.

Un serveur m'apporte mon bourbon précédemment commandé et je délaisse Aphrodite pour rejoindre la soirée.

­— Ça faisait une éternité que l'on ne t'avait pas vu, ajoute Aphrodite qui m'a visiblement suivi.

Lorsque le prédécesseur à mon poste actuel m'a introduit à ce lieu, j'y venais régulièrement. Pour un jeune homme, cet endroit s'apparentait plus ou moins au paradis. Je m'en suis éloigné avec les années mais j'y reviens parfois.

— J'étais occupé, répliqué-je sans plus d'information.

Derrière les battants de la porte se trouve un couloir menant à une pièce arrondi, abritant six accès différents. Chacun d'eux dessert une salle munie de fauteuils d'où l'on peut observer les ébats qui se déroulent dans chacune des chambres adjacentes grâce à une vitre sans tain.

Souls - Tome 2 - Our Lost Souls - Partie 1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant