Souls - Tome 2 - Our Lost Souls - Partie 1

14. Travis

Juillet 2021

Les mariages arrangés sont monnaie courante chez les Montgomery. La tradition remonte aussi loin que notre arbre généalogique le permet. À ma connaissance, aucun d'eux n'a été un succès. Les nombreux adultères, les enfants illégitimes, les divorces collent à la peau de ma famille. Même ceux que je croyais éperdument épris l'un de l'autre n'ont pas résisté.

Une vraie malédiction.

C'est l'une des raisons pour lesquelles je refuse de me marier. Et puis, pourquoi lier son destin à celui d'une personne quand la liberté est si douce ? Malgré mes convictions, une part de moi ne peut pas s'empêcher de ressentir un pincement aux cœur lors des cérémonies. D'autant que les unions réussissent parfaitement à mon groupe d'amis. Jusqu'au décès d'Holly, Carter et elle filaient le parfait amour, tout comme Adèle et Joshua. Brooke et Jonas, eux, célèbrent leurs noces dans quelques heures à peine et Carter s'apprête à demander la main d'Ana au cours de la soirée. Leur bonheur me réjouit. Surtout quand je suis témoin de leurs regards complices et alangui. Je secoue la tête en chassant ses pensées et me reconcentre sur le reflet que renvoie le miroir.

L'amour n'est pas fait pour moi, le mariage, encore moins.

Aucune femme que j'ai connue m'a provoqué les fameux papillons dans le ventre, les battements de cœurs erratiques, les décharges électriques à leur contact. Certes j'ai passé de très bons moments en leur compagnie, mais aucune n'a hanté mon esprit du matin au soir. Certaines d'entre elles m'ont déclaré leurs flammes après une seule nuit. J'aime dire que ce sont mes prouesses qui les ont poussés à ces affirmations.

— Tu ne m'écoutes même pas, résonne la douce voix d'Iris dans le combiné.

Si ma mémoire est correcte, elle me racontait les détails de son exposition. J'ai perdu le fil de la conversation tant mes pensées m'ont absorbé.

— Excuse-moi, Ginger. Tu disais ?

— Trop tard, je dois y aller. Félicite Brooke et Jonas de ma part. Bye beau gosse.

Elle raccroche sans me laisser le temps de répliquer quoi que ce soit. Je noue la cravate de couleur vert émeraude qui devrait parfaitement se marier à la robe de ma cavalière. Je dois d'ailleurs passer la chercher chez elle dans peu de temps. Une dernière noisette de cire dans mes cheveux pour les coiffer la bague destinée à Ana dans la poche et me voilà au volant de ma voiture. Au bas de son immeuble, je tombe directement sur sa messagerie.

Ah les femmes, jamais prêtes à l'heure.

Seule Iris est l'exception qui confirme la règle. À chacune de nos sorties, c'est elle qui attend mon arrivée en tapant du pied. Je verrouille mon bolide et grimpe jusqu'à l'étage de Leslie.

— Entre, hurle-t-elle depuis l'intérieur quand je signale ma présence.

Je l'entends râler avant même de l'apercevoir. Apparemment, elle ne parvient pas à fermer sa robe. Elle se trouve dans sa chambre face au miroir et se débat avec le lacet. Comme prévu, la couleur du tissu concorde quasiment à la perfection avec ma cravate et contraste avec son teint hâlé.

— Besoin d'aide, Texas ?

— S'il te plait.

J'avale les quelques mètres qui nous séparent, me place derrière elle et saisis les cordons. Mes doigts frôlent la peau de son dos lorsque je les enfile dans les passants. J'observe ses réactions dans le reflet. Sa respiration se bloque et ses lèvres s'entrouvrent, cherchant à faire entrer l'air dans ses poumons. Le corset sublime sa taille et met en valeur sa poitrine. Le satin forme des plis au niveau de ses seins, si bien que même si elle ne porte pas de sous-vêtements, on ne distingue pas les contours de ses tétons. La jupe drapée s'ouvre en une fente qui remonte jusqu'en haut de sa cuisse. De nombreuses mèches s'échappent de son chignon et une fine chaîne en argent orne son cou. Le duvet de sa nuque se dresse au contact de mon souffle chaud.