Un garde en armure bleu nuit se tenait devant la cellule de Kévin ; un parchemin vierge entre les mains, et une plume d'oie en lévitation au-dessus du papier. Ce soldat, possédant la magie de contrôler les objets à distance, était là pour soumettre au jeune prisonnier une requête des moins anodines. Elle était si étrange que l'élu ne prêtait plus attention à la plume volante qui, en temps normal, lui aurait coupé le souffle.
"Mais c'est quoi ces conneries encore !?
-Ce n'est qu'une simple formalité, répondit le garde sur un ton calme mais avec une voix grave. Estimez-vous heureux que Sir Marly ne vous condamne pas à mort dans l'immédiat. Une telle clémence, même votre Roi ne ferait pas ça.
-Balivernes ! rugit Urantia. Ce document stipule qu'il nous a proposé un marché équitable avant de nous tuer lorsque le peuple lui demandera des comptes. Il sait très bien que nous ne céderons pas !
-J'y comprends rien ! râla encore Kévin.
-C'est pourtant très clair : déposez les armes et admettez votre défaite avec la possibilité de soumettre des conditions, un simple marché entre vous deux, en admettant qu'il accepte votre arrangement, bien entendu. C'est le protocole, ajouta le garde.
-Ah oui, je vois, comme à Feiticeira et Onyx, rappela l'élu. Vous avez d'autres trucs de ce genre à nous proposer ? Une partie d'échecs pour savoir qui devra se faire couper la tête en premier, quelque chose comme ça...
-Avec ou sans ce parchemin, Marly nous tuera quand même ! Ne perds pas ton temps !" lui conseilla le dragon.
Kévin allait ouvrir la bouche pour envoyer bouler le garde, mais un détail sur son armure avait attiré son attention. Au niveau de sa ceinture, un trousseau de clef y était suspendu. Même si ça n'était peut-être pas celle du donjon, Kévin pouvait toujours tenter le coup, d'autant que dans l'immédiat, il n'avait rien à perdre. Et pour finir, ce soldat était proche des barreaux, son bras à portée de la ceinture. L'occasion était trop belle...
"Bon si vous n'avez rien à déclarer, je m'en vais...
-J'ai une condition ! s'écria soudainement l'élu en se levant rapidement.
-Kévin, non ! Ne fais pas ça, ou Marly va se servir de toi ! Je sais que tu fais ça pour sortir d'ici et tentez le tout pour le tout, mais il n'hésitera pas à...
-Relax ! coupa le jeune homme. Il ne se passera rien, fais-moi confiance."
Le dragon se taira dans le silence, laissant son cavalier agir, mais son inquiétude venait de monter d'un cran. Il savait que Kévin ne manquait pas de ressources et de vivacité pour réfléchir rapidement, et pour le dragon, il allait lui balancer un mensonge pour sortir de là puis se débarrasser de Marly une fois libre. Mais dans le cas présent, Urantia savait aussi qu'une fois dehors, tout en s'étant rendu, il serait trop tard pour tenter quoi que ce soit. Marly n'était pas bête, il savait ce que Kévin pouvait avoir derrière la tête. Cependant, le drake pouvait entendre son compagnon déclarer ses conditions... sans en comprendre le moindre mot et à une vitesse folle.
"Allez moins vite, se plaignait le garde qui n'arrivait pas à suivre la cadence de la dictée.
-Restez concentré ! Ce que je dis est très important ! Et vous faites pas de bile, il comprendra tout ce que je lui raconte."
Après de longues minutes durant lesquelles Kévin dut se répéter de nombreuses fois jusqu'à épeler certains mots, le soldat parvint à écrire la totalité des conditions du jeune homme. Il y en avait tellement que le parchemin était noirci de haut en bas. Puis, après une remarque désobligeante, il finit par se retirer, épuisé d'avoir utilisé beaucoup de magie pour si peu. Tout cela plongea Urantia dans une confusion qu'il n'hésita pas à partager avec son ami.
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La Prophétie du Sphinx
ParanormalMenant une vie parisienne sans saveur, Kévin tente de trouver sa voie dans une société qui décide de son avenir à sa place. Malgré ses talents d'escrimeur, la majorité de ses journées sont des échecs constants. Et alors qu'il décide d'oublier son qu...