Chapitre 17

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L'atmosphère dans la chambre d'hôpital est tendue, ma mère déverse ses questions anxieuses :

- Où étais-tu réellement ?
- Avec qui étais-tu ?
- Il t'a fait du mal, je te trouve pâle. Dis-moi la vérité.
- As-tu mangé ? Tu dois être affamée.
- Tu as quoi ? Montre-moi tes blessures.
- Tu vas bien ? Réponds-moi.

Les interrogations incessantes se poursuivent jusqu'à l'arrivée d'une psychologue qui, d'un ton calme mais ferme, met fin à cette séance oppressante. Elle rappelle l'urgence de parler à la victime avant de s'adresser à la famille. Ma mère, mon frère et un homme que je présume être mon père quittent la pièce, laissant place à la psychologue.

Elle me demande où j'étais, et je réponds dans une forêt de l'Est, sans certitude. Les détails du manoir et du panneau "Attention chasse interdite" émergent de ma mémoire floue.

- Comment était cet homme ?
- Je ne sais pas, grand, mince, beau et gentil.

La policière, perplexe, me demande :

- Gentil ?

Gênée, j'ajoute :

- Je suppose, puisqu'il ne nous a pas tuées.

Elle fronce les sourcils.

Elle souligne la cruauté de trois ans de captivité. Puis elle aborde le point crucial : le visage de l'homme.

- Je ne voyais pas son visage. Dis-je toute hésitante.
- Un signe distinctif ?
- Un tatouage croix et lames de sang.
- Êtes-vous sûre ?
- Oui, et une fois peut-être, j'ai vu son visage.. ? Non.. ses cheveux et une boucle à l'oreille, c'est tout... rien d'important, je crois. Car au final on le voyait souvent.
- Comment ça ?

Je décris ensuite la fréquence des visites de l'homme, expliquant qu'il déposait la nourriture régulièrement, avec différents masques qu'il portait. La policière écoute attentivement, griffonnant sur sa feuille.

- Les masques comment était-il ?
- Étrangement... Sans visage. Où le visage d'un diable. Il en avait plusieurs.
- Une signification selon vous ?
- Je ne sais pas. Je pense qu'il les changeait juste. Peut-être un passe-temps, ou il les achetait, je ne sais pas trop...

Quand j'eus fini, elle résume notre recherche avec précision : un homme grand, mince ou maigre, aux cheveux noirs, avec un tatouage croix et lames de sang, piercing à l'oreille mais peut-être retiré. Il connaît bien la forêt, a un véhicule, fait des provisions régulières, est méticuleux dans le ménage et semble être célibataire avec un comportement fort.

Elle soupire et dit, "Merci, Isabelle Hatt. Grâce à vous, nous allons beaucoup avancer dans l'enquête. Si vous vous rappelez de quoi que ce soit, ou avez une quelconque information, ou même voulez tout simplement parler, voici ma carte. Je suis policière, certes, mais aussi psychologue. Je peux vous aider à vous comprendre. Vous avez vécu en captivité trois ans loin de tout, c'est une expérience traumatisante qui nécessite une aide et une écoute particulière."

Amour et Captivité PartagésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant