Chapitre 31

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    Je m'en fous. Je prends la décision d'y aller quand même. Alors que je traverse la forêt, chaque branche craque sous mes pas, et les feuilles mortes jonchent le sol, émettant un léger crissement à chaque mouvement. La lumière du soleil filtre à travers les branches, créant des jeux d'ombres et de lumières qui dansent autour de moi. J'ai l'impression de marcher trop lentement, que je pourrais arriver en retard. C'est pathétique, je suis devenue la balance dans une affaire d'enlèvement qui me concerne moi-même ?

Je ne prête pas attention à la forêt. Je ne remarque aucun détail, absorbée par mes pensées et mes inquiétudes. Les arbres semblent se fondre les uns dans les autres, formant un labyrinthe naturel autour de moi. Le vent murmure à travers les feuilles, ajoutant une touche de mystère à l'atmosphère déjà chargée de tension.

J'arrive toute essoufflée à la maison. Fermée et silencieuse, cette maison remplie de souterrains ne donne pas envie... mais c'est juste pour le prévenir ! Mon cœur bat la chamade alors que j'observe chaque détail de l'extérieur, me demandant ce qui pourrait bien m'attendre à l'intérieur.

Je contourne et tourne, rien. J'hésite. Dois-je frapper ? Comme si... ? Non, j'escalade la porte de derrière et je tombe sur une fenêtre ouverte, l'une de celles par lesquelles nous avons d'ailleurs fui. Le silence règne autour de moi, seulement interrompu par le bruit de ma respiration haletante.

Ça me rappelle Madison... si seulement elle savait. Des souvenirs douloureux remontent à la surface alors que je me fraye un chemin à travers les pièces sombres de la maison, mes pas résonnant sur le plancher de bois craquant.

J'avance tout doucement en criant des "eh oh, y a quelqu'un ?", mais rien, silence et calme. L'obscurité enveloppe chaque coin de la pièce, ajoutant à mon sentiment d'angoisse. Je finis par rentrer dans le salon, les meubles poussiéreux et les rideaux tirés créant une atmosphère étouffante.

Ce salon d'où venaient les bruits de télé et où il m'a frappée pour la première fois. Pourquoi garder ce souvenir ? Comme si cette simple paire de gifles éveillait en moi toute sorte de sentiments. Mes yeux parcourent chaque centimètre carré de la pièce, cherchant des indices sur ce qui a pu se passer ici.

Je vais vers la petite table et utilise des tiroirs que je fouille. À l'intérieur, je vois des dizaines de photos de lui, un peu plus jeune, et d'une femme plus âgée. Puis une autre, où ils s'embrassent, et l'endroit ressemble à cette maison mais en plus beau et plus décoré, plus vivant.

À l'arrière, il est écrit : "Lorenzo Raven et Marguerite Locke".

Mon ravisseur s'appellerait-il... ?

"On ne t'a pas dit de ne pas fouiller dans les affaires des gens ?", dit-il avec une voix plate mais autoritaire. Son ton résonne dans la pièce, ajoutant une nouvelle dimension à mon anxiété.

Ne l'ayant pas vu arriver, je tremble comme une feuille. Chaque fibre de mon être est en alerte alors que je prends conscience de sa présence à mes côtés, son regard scrutateur me transperçant.

"Je... c'est toi, Lorenzo ?" Ma voix tremble légèrement alors que je prononce son nom, mes yeux fixés sur les siens dans l'obscurité.

"Oui." Sa réponse est brève mais chargée de significations cachées, alimentant mes suspicions et mes craintes.

"Je vois. Et qui est-ce... ta mère ?" Ma curiosité l'emporte sur ma peur alors que je tente de démêler les fils de cette intrigue complexe.

"Non." Sa réponse est énigmatique, laissant planer le mystère autour de son passé et de ses relations familiales.

"Tu l'embrassais, je me disais aussi..."

"C'est ma femme. Enfin, c'était, elle est morte."

"Je suis désolée."

Il soupire, dépose ses affaires, se sert un verre et s'assoit. Son geste est empreint de fatigue et de résignation, comme s'il avait déjà accepté son destin depuis longtemps.

"C'était ma tante."

"Comment ?"

"À la mort de ma mère et de mon père lorsque j'étais tout petit, je suis allé vivre avec elle. Elle était elle aussi veuve et seule."

"Alors..." Mes pensées s'entremêlent alors que je tente de relier les pièces du puzzle.

"Au fil du temps, elle m'a aimé, elle m'a appris la vie, les larmes, la souffrance et l'infini. Nous avons déménagé à l'âge de 10 ans pour moi et elle 30, pour ici, là où personne ne nous connaissait. Pour nous marier plus tard."

"Elle t'a pris et t'a emmené ici ?" dis-je surprise.

Le silence s'installe doucement, enveloppant la pièce d'une atmosphère chargée de tension et d'incertitude. Les mots échangés entre nous résonnent dans l'air, ponctués par le souffle régulier de nos respirations.

"Oui. Elle m'aimait."

"Mais ce n'est pas l'amour."

"Elle m'adorait et s'occupait de moi, me nourrissait et me comblait. Alors c'est quoi ?"

"Un enlèvement. Tu étais trop jeune."
Mes mots sont prononcés avec une certaine intonation, soulignant la gravité de la situation dans laquelle il s'est retrouvé dès son plus jeune âge.

"Mais amoureux."

Je rassemble mon courage à deux mains et je lance dans la volet :

"Pourquoi tu m'as kidnappée?"

Il me regarde et sourit comme s'il s'attendait à cette question. Son regard est empreint d'une lueur mystérieuse, révélant les pensées secrètes qui se cachent derrière ses yeux.

"Toi, surtout après un long silence. Toi, tu es spéciale." Ses mots résonnent dans la pièce, chargés de sous-entendus et de significations cachées, ajoutant une nouvelle dimension à notre conversation.

Amour et Captivité PartagésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant