3.1 Les règles du date

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Amir

Aujourd'hui, j'ai rendez-vous avec Perséphone. Bon... Je vais peser mes mots parce que ce n'est pas exactement ce qu'on entend par le mot « rendez-vous ». Mais c'est nettement plus agréable de me dire que c'en est un.

Le week-end tant attendu pour les pensionnaires que nous étions, était enfin arrivé. L'occasion de sortir de ces murs voir d'autres visages que ceux de nos camarades de classe
ou nos professeurs. Ceux qui habitaient dans les environ pouvaient se permettre de repartir chez eux et revenir dimanche soir ou lundi en fonction de leur emploi du temps. Pour nous autres dont le retour au foyer familial était synonyme de billet de train ou d'avion, les retours étaient plus exceptionnels. C'est à cette occasion que nous sortions de l'enceinte de Rosenward School.

Perséphone et moi, étions logés à la même enseigne. Ses parents étaient en France et elle ne pouvait rentrer que pour les vacances scolaires. Quant à moi, ma mère n'était pas à Londres, mon petit frère était avec des potes pour le week-end. Je n'avais aucune raison de repartir. Et à vrai dire, ces sempiternels allers-retours m'épuisaient.

Evenfort, le village à 5 km de notre pensionnat ne regroupait que le strict minimum de loisir comparé aux grandes villes. Mais quand on voulait quitter l'école, même seulement pour une heure, c'était le paradis sur terre.

Depuis l'épisode de la bibliothèque, Perséphone et moi, nous nous étions échangés nos numéros. Et même si nous nous croisions dans les couloirs de l'internat que ce soit à la cafet, la bibliothèque, le parc, l'auditorium, on se parlait plus via nos smartphones à l'abri des regards indiscrets de nos amis. Plus je lui parlais et plus mon admiration pour elle croissait.
Nous n'étions pas pareils sur tout évidemment, mais nos conversations étaient enrichissantes. Je me sentais moi-même avec elle et dans ce monde où il est commun de devenir quelqu'un d'autre pour être aimé, c'était libérateur de voir qu'elle appréciait le vrai moi. J'espérais secrètement qu'un jour elle fasse plus que m'apprécier...

Je ne sais plus comment cela s'était fait, mais elle et moi, on avait fini par se donner rendez-vous samedi pour dépenser nos maigres ressources de lycéen. Accompagnés de notre
groupe d'amis. Un total de sept personnes.

Je me regardais une dernière fois dans l'unique miroir de ma chambre essayant de trouver un, je-ne-sais-quoi qui pourrait me discréditer à tout jamais aux yeux de Perséphone. Est-ce qu'elle me trouverait moins attirant sans mon uniforme ? J'avais un style à l'opposé du look de l'écolier anglais. Un tee-shirt large brun, un jeans d'une banalité sans nom et mes éternelles baskets qui n'avaient plus leur prime jeunesse. De toute façon, je ne pouvais pas y changer grand-chose. Je n'avais pas le costard de mon père à disposition et ni ma mère pour qu'elle me prodigue un précieux conseil sur comment plaire à la gent féminine. Mais après tout, est-ce que je voulais vraiment du costard et du conseil ?

Non.

J'emportais ma veste en cuir et claquais la porte derrière moi.

♥︎

Un temps pour t'aimerOù les histoires vivent. Découvrez maintenant