Un temps pour t'aimer

3.3 Les règles du date

— Alors comme ça, mademoiselle Perséphone aime prendre un plat de pancakes au sirop d'érable avec un gros chocolat chaud pour dix-sept heures. Hum... Intéressant.

— Il n'y a pas d'heure pour bien manger, se défendit-elle en tournant inlassablement le liquide chaud et brun dans sa tasse en forme de renard.

Tandis que moi, j'en faisais de même avec mon café noir.

— Tu es conscient que boire un café après dix-sept heures c'est mauvais pour la santé. L'heure optimale pour en boire, c'est entre dix et quatorze heures. Et une tasse par jour.

— J'y penserai à l'avenir... maman.

Loin de la vexer ou de me vexer, cela déclencha plutôt un rire à notre table de quatre, habitée par deux personnes. Nous avions eu le temps de prévenir Nate et Gloria de notre changement de programme. Et pas rancunier, ils avaient décidé de faire autre chose et de nous rejoindre
au Midnight Moon Coffee. Un endroit de la ville que j'aurais voulu connaître plus tôt et faire découvrir plus tôt à Perséphone.

Ce lieu regroupait tous les critères pour être notre quartier général à nous. Du chocolat chaud, du café, des muffins, des cookies. Une ambiance feutrée et vintage qui vous donnait envie de vous mettre sous la couette avec un bon livre ou de faire de la guitare toute la soirée.

— Bon, commença-t-elle en lâchant sa tasse. Vu que c'est un « date », dit-elle en prenant soin de bien signaler les guillemets. Vas-y, séduis-moi.

— Pardon, m'étouffé-je presque dans un rire étonné.

— C'est ça l'objectif, non ? dit-elle en haussant un sourcil.

Comme si c'était la chose la plus évidente qu'il soit.

— Alors...

— OK, je me lance. Hum... par quoi commencer ?

Pris de nervosité soudaine, je me dandinais sur ma place, ne cessais de recoiffer mes boucles brunes en arrière, évitant de la regarder droit dans les yeux. Punaise, j'avais vraiment l'impression de passer un casting pour The Bachelor, version féminine.

— Amir, m'appela-t-elle en riant.

Je la regardais enfin, dans les yeux pour la voir avec ce sourire absolument magnifique. Comme un soleil levant sur une campagne endormie caressée par la rosée du matin.

— Tu n'es pas obligée de faire ça. Je plaisantais.

— J'ai eu chaud alors, m'empressé-je d'articuler en buvant ma boisson.

— Mais... même si on sait des choses l'un sur l'autre. On peut trouver de nouveaux trucs. Attends...

Elle se précipita sur son sac pour en sortir son téléphone portable. Elle pianota quelques secondes et en revint avec un triomphale : « Ah ».

— J'ai le droit de te poser trois questions et tu as le droit d'en faire de même.

— Honneur aux dames, fis-je bon prince ou plutôt pour ne pas me mouiller.

— Alors... dit-elle en fouillant. Quelle est ta chanson de Noël préférée ?

— On est que mi-novembre, laisse à l'Automne le temps de terminer, répliqué-je.

— Réponds.

— Tu n'aurais pas envie de savoir.

— Tu as une tête à aimer Mariah Carey.

— Driving home for Christmas de Chris Rea.

Elle releva la tête pour me regarder franchement.