Amir
— Perséphone, appelé-je triomphalement en la voyant arriver vers moi.
— Oh non, souffla-t-elle. Ne m'appelle pas comme ça.
Sur le coup, une peur soudaine qu'elle change de direction et décide de s'asseoir loin de moi, me prit. Mais cette peur disparut instantanément quand elle s'assit près de moi, sous le même arbre. Je la trouvais un peu trop loin. J'aurais préféré l'avoir à côté. Ou soyons fou, dans mes bras. Peut-être que dans quelques jours, elle le fera. Je devrais vérifier si c'était autorisé, dans le réglementent de l'école.
Elle était beaucoup trop loin, je n'arrivais même pas à humer son parfum aux senteurs fleuries et sucrées. Je devais me contenter de la regarder de loin avec son uniforme et la pile de livres qu'elle avait amené avec elle. Elle devait à coup sûr sortir de la bibliothèque.
Je devais paraître comme le plus stupide des hommes qui ait foulé la planète Terre, mais j'étais en manque d'elle. Chose impensable il y a quelques mois. Je me rapprochais d'elle et faisais mine de m'intéresser aux livres. Je sentais son regard brun posé sur moi et c'était une souffrance d'imposer à mes yeux de rester fixer sur les livres, au lieu de contempler encore une fois ses iris couleur chocolat-miel. Je ne voulais pas qu'elle détourne le regard comme ça arrivait à chaque fois que je voulais prolonger notre contact visuel.
— Tu n'aimes pas ton prénom ?
— Le prénom d'une déesse grecque condamnée à faire une garde partagée entre sa mère et son mari. On trouve mieux comme mythe.
— Je trouve que ça te donne un air poétique et romantique, dis-je sur le ton de la bonne humeur pour rendre le moment moins solennel.
Je me risquais à la regarder.
— De toute façon, on est jamais satisfait de son prénom. Un jour on s'y fait... du moins j'imagine.
— Je ne t'appellerai pas Perséphone alors. Mais... Je ne veux pas t'appeler Séphie, ni Persie.
— Pourquoi pas ? fit-elle en se mettant plus à l'aise dans l'herbe, mes amis m'appellent comme ça.
— Je suis juste un ami, alors ?
Là, je l'avais regardé franchement. Il n'y avait aucune animosité dans le ton que j'avais employé ou du moins, je n'en avais pas eu l'intention. Quand nos regards se touchèrent, je vis que ma phrase ne l'avait pas laissé de marbre.
Elle ramassa un livre un peu au hasard devant elle et me regarda à nouveau, troublée.
Elle cherchait un point à regarder derrière moi ou à côté, tout sauf dans mes yeux. Pour la provoquer, je m'assis juste à côté d'elle ne laissant que quelques centimètres entre nous. Elle ne s'écarta pas à ma grande joie, mais elle ne se rapprocha pas davantage. Je préférais mettre ça sur le compte du règlement de l'internat. Il fallait à tout prix que je trouve cet article qui autorisait les élèves à se tenir la main à l'extérieur des salles de cours.
— Tu n'es pas une connaissance en tout cas, finit-elle par dire sur un ton résolu. Mais tu n'es pas un ennemi non plus... Qu'est-ce que tu peux être ?
Quel dommage de ne pas savoir si elle rougissait ou non, parce que là, j'étais sûr à 1000 % que c'était le cas.
— Pas un ami non plus, complété-je.
Je voulais qu'elle le dise... ce mot... enfin... quel mot ? Petit ami ?Soupirant ? Le gars reloue qui n'arrête pas de me saouler ou de me dévorer du regard ? C'est vrai, après tout comment est-ce que je considérais Perséphone ? Pour mes amis qui ne connaissaient pas mes
sentiments, c'était juste : Perséphone. Pour Nate mon meilleur ami, c'était : mon crush. Et avec mon cœur, il y avait trois façons de l'appeler.
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Un temps pour t'aimer
RomanceÀ Rosenward School, prestigieux internat du Pays de Galles, Amir, adolescent de dix-sept ans, a des idées bien arrêtées sur l'amour. C'est une thématique, utile pour composer des chansons de poète mélancolique à la guitare, mais rien de plus ou de m...