Nuere, jour 19 : une inquiétante disparition

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De l'eau. Juste une fine pluie. Il fait beau. On aperçoit un arc-en-ciel. Je souris. Tout va bien. Là-bas, Selerith m'appelle. Mon meilleur ami. Il a toujours été là pour moi. Et j'ai toujours été là pour lui. Il est très taquin. Il aime bien me pousser à bout. Mais je lui pardonne. Je l'aime beaucoup.

Je m'approche de lui. Lui souris. Soudain, un coup fuse. L'autre réplique. Le premier frappe de nouveau. Nous frappons. J'ai mal. Qui a commencé ? Je frappe. Quelqu'un crie. Je lève les yeux. Luesha. Si belle... elle me parle. Que dit-elle ? Je ne l'entends pas. Je n'entends qu'un battement sourd à mes oreilles. Ma vue se teinte de rouge. Quelque chose de poisseux coule sur ma tempe.

Entre mes mains, Selerith a arrêté de se débattre. Je le regarde. Non... je la regarde. C'est Luesha. C'est bien le corps de Luesha qui repose entre mes mains de meurtrier.

Tout d'un coup, son visage commence à se décomposer. Selerith/Luesha devient zombie. Puis squelette.

Derrière, une grande sorcière psalmodie. Elle bouge les bras de façon envoûtante. Je m'approche. Petit à petit, je commence à comprendre ce qu'elle dit :

« Daelam... Daelam... Qu'as-tu fait ? »

Elle a la voix de mon père.

« Daelam... Daelam...»

« Daelam ! Daelam ! Ça ne va pas ? »

J'ouvre les yeux. Aelynn est penché au-dessus de moi. Je suis empêtré dans mes draps. Je me redresse difficilement.

« Ça va ? »

Je me masse les tempes. Elles sont trempées de sueur. Je vois flou. En me frottant les yeux, je me rends compte que je pleure. Je sanglote, même.

« Daelam ? répète Aelynn. »

J'articule un grognement. Deux plis se forment sur le front habituellement lisse de l'elfe.

« Je... je... ça va.

- Tu es sûr ?

- Oui... hésitai-je.

- Vraiment ? voulut-il s'assurer.

- Oui ! Oui, oui, oui, oui... répétai-je. »

Mes sanglots s'amplifiaient à chaque oui. Aelynn se mit à fredonner un air calme. Je respirais. Je mis de longues minutes à étouffer pour de bon les larmes et les tremblements. Quand j'eus enfin recouvré mon calme, mon ami me dit d'une voix douce et rassurante :

« Tu peux tout me dire, tu sais ?

- Non. Je ne peux pas. Je ne veux pas.

- Bon. Mais si tu as besoin d'en parler...

- Je n'ai pas besoin d'en parler ! m'emportai-je. J'ai besoin d'oublier !

- Qu'est-ce qui se passe là-haut ? fit la voix d'Eddie depuis le lit d'en dessous.

- Rien, le rassura Aelynn. »

Il m'adressa un regard dans lequel je lus quelque chose qui me rassura. Une sorte de confiance. D'acceptation.

J'espérai que dans mes yeux se lisait ma reconnaissance.

« Bon ! me repris-je en sautant à bas du lit. Qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui ?

- On t'entraîne, gamin. »

C'est ce que nous fîmes. Je me demandai si ça finirait par me paraître monotone.

Je ne suis plus le même !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant