Unres, jour 16 : le violon d'Aelynn

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La caravane roulait tranquillement. La nuit commençait à tomber. Nous étions tous là. Papa, Zéphyr, Selerith, Luesha, Aelynn, Kor, Eddie. Comme si rien ne s'était passé. Nous discutions. Soudain, Zéphyr s'écria :

« Regardez ! On arrive ! »

Nous sortîmes tous la tête du chariot. Dehors, je découvris un monde magique. L'océan à perte de vue, un demi-soleil à l'horizon qui teintait tout de rouge, et son reflet, fragmenté par les milliers de vaguelettes.

« C'est exactement comme tu l'avais dessiné, dis-je à Zéphyr. »

Dans le vent et le bruissement des vagues, j'entendis tout à coup un mot, répété à l'infini. Viens. Viens. Viens.

Chuchoté à voix basse, je fis comme si je n'entendais rien. Mon père me gronderait si j'y allais.

Puis le bruissement devint grondement. Les vagues gonflèrent. La voix s'intensifia.

Viens. Viens. Viens.

Je ne pouvais plus détacher mon regard de la masse d'eau mouvante. Les vagues gonflèrent, gonflèrent jusqu'à devenir un immense mur d'eau. La voix criait, à présent.

Viens ! Viens ! Viens !

Soudain, je fus sous l'eau. Bousculé par les rochers glissants, le torrent glacé m'emportait. Je ne pouvais plus respirer. Le sable me chatouillait le nez.

J'ouvris les yeux d'un seul coup. J'étouffais vraiment. D'instinct, je me redressai d'un mouvement brusque. Hélénie couina d'indignation en tombant de mon visage, où elle était confortablement installée. Je respirais de nouveau. Ce n'était pas le sable qui m'avait chatouillé, mais la belle queue en panache de mon écureuil.

J'étais encore tout bouleversé du rêve que je venais de faire.

Dès qu'Eddie fut réveillé, je lui demandai :

« Tu as déjà vu la mer, toi ? »

Il grogna en se frottant les yeux.

« Mmh... quoi ? La mer ? Kes'tu m'parles de la mer, toi ?

- Tu l'as déjà vue ?

- Oui, pourquoi ?

- C'était beau ?

- Oui. Mais pourquoi tu me poses toutes ces questions, d'un coup ?

- Vous m'y emmènerez, un jour ?

- Euh... oui, sans doute... »

Peu de temps après, Eddie partit à la bibliothèque. Je rejoignis Zéphyr.

« Tu as déjà vu la mer, toi ?

- Oui, pourquoi ?

- Pour savoir. »

Je fis mine d'aller m'équiper pour l'entraînement, mais Zéphyr m'arrêta.

« Attends, dit-il. Avant, je te propose juste de me regarder combattre.

- Tout seul ?

- Non. J'ai quelqu'un à défier. »

Il s'éloigna, puis revint, quelques minutes plus tard, suivi d'Émilie qui grommelait.

Ils se mirent en garde. Je m'assis. Le combat débuta.

Émilie tâta le terrain en envoyant un coup dans l'arme de son adversaire, qui vacilla de droite à gauche. Zéphyr répliqua en enchaînant deux coups vers la tête, suivis très vite d'un autre vers les chevilles. Émilie para et frappa aussi à la cheville.

Je ne suis plus le même !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant