Unres, jour 7 : le danger qui nous guette

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Je me réveillai tout courbaturé, deux heures avant l'aube. Après une demi-heure à essayer de me rendormir, je me levai et rejoignis Aelynn qui montait la garde. De nouveau, il s'était assis avec son luth, une feuille et une plume. Et il fredonnait un air. Je m'assis en face de lui, l'air sérieux et décidé. Il releva la tête, intrigué.

« Qu'est-ce qu'il y a ? Qu'est-ce que tu fais là ?

- Je me suis réveillé et je n'arrivais pas à me rendormir. J'ai une question très importante à te poser.

- Ah bon ? (il remua un peu pour trouver une position plus confortable.) Dis-moi.

- Pourquoi est-ce que tu es toujours réveillé très tôt ? »

L'elfe leva les sourcils, surpris par ma question et par mon ton sérieux, puis il éclata de son rire délicat. Vexé, j'attendis pourtant patiemment qu'il ait fini.

« Alors ? insistai-je.

- Alors, je suis un elfe, expliqua-t-il. Et nous, les elfes, nous n'avons besoin que de quatre heures de sommeil !

- Ah bon ?

- Eh oui !

- Trop bizarre...

- Ça dépend de quel point de vue.

- Tu m'apprends à écrire ? »

S'il était contrarié, il n'en laissa rien paraître. Il posa son luth et sa plume, et me fit réviser mon alphabet. À la fin de la séance, je savais écrire mon nom et celui de mes amis.

Petit à petit, la caravane s'éveilla. Je vis Arki sortir parmi les premières personnes. Évelyne, quant à elle, était déjà levée, car elle montait la garde de l'autre côté du convoi. La plupart des voyageurs attendaient paresseusement les rayons du soleil avant de sortir. J'entendis Eddie bâiller et s'étonner d'une voix endormie :

« Bah ! Il est où, le gamin ?

- Il est dehors et il t'entend, le gamin ! crié-je. »

Aelynn alla ranger sa plume, son parchemin et son luth en vitesse. Il ressortit du chariot en même temps que Joris sortit du sien. Ils se firent signe de la main.

Nous nous préparâmes à passer par le village de Dakkof. Certains marchands y firent deux ou trois affaires, d'autres y firent quelques emplettes. La cuisinière, notamment, acheta des fruits et légumes.

Bientôt, les réserves furent de nouveau pleines et chacun fut prêt. Comme tous s'étaient pressés, on put partir en tout début d'après-midi, après avoir déjeuné rapidement.

Cette fois, Aelynn et moi étions affectés à l'arrière, du moins pour le début du trajet. Le paysage le plus courant était des plaines balayées par les vents. On voyait souvent la tête d'une grue ou d'une aigrette dépasser des hautes herbes.

Ce qui me plut particulièrement dans ces plaines, ce fut l'odeur. C'était une odeur fraîche, changeante, car chaque nouveau parfum était balayé par les vents. Une odeur d'herbe, de fleurs, de printemps et de soleil. Une odeur de changement. Une odeur de renouveau aux effluves d'oubli. Une odeur... une odeur de joie que je n'oublierai sans doute jamais.

Je me mis à galoper dans les plaines, euphorique. Je me lançai dans une chanson improvisée. Aelynn m'accompagna. Nous étions deux fous joyeux, deux joyeux fous, qui chantaient et criaient notre joie au monde.

J'avais gardé l'écureuil dans son hamac de fortune que je portais en bandoulière. Aelynn me proposa des noms :

« Halamar ? Caidu ? Saevel ? Athtar ? »

Je ne suis plus le même !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant