Unres, jour 13 : une aide inattendue

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Ce matin, quand je me réveillai, mes maux de ventre avaient.t disparu. J'en fus soulagé. Était-ce la fille souriante qui m'avait fait une mauvaise blague ? J'en suis la confirmation bien assez vite, dès que je fus dans la cour.

« Alors, la soupe était bonne ? »

Mon adversaire de la veille avait tenu à se battre à nouveau contre moi.

« Cette fois-ci, je ne me laisserai pas faire, m'avertit-elle. »

Elle m'adressa un sourire assassin. Et moi, je ne savais toujours pas comment elle s'appelait.

Nous nous battions encore au bâton. Les pieds bien ancrés dans le sol, les jambes fléchies, la tête droite, elle était comme hier, mais son regard était plus alerte. Aux aguets. Cette fois-ci, elle n'allait pas me sous-estimer. Il faudrait que je sois sur mes gardes, moi aussi.

Chacun attendait que l'autre engage le combat. Face à face, immobiles, nous nous dévisagions tels des loups. Qui allait commencer ?

Soudain, à une vitesse fulgurante, mon adversaire se fendit et me frappa le côté du bras avec une telle violence que je crus qu'il allait se décrocher. L'instant d'après, elle était de nouveau en position défensive. Mon bras me lançait. Je fis un effort pour oublier la douleur. Déjà, elle était sur moi.

Cette fois, je la vis venir. Je parai, mes deux mains crispées sur le manche en bois lisse. L'onde de choc remonta dans mon épaule meurtrie. L'apprentie moniale ne me laissa pas le temps de souffler et enchaîna les coups. Elle me toucha quatre fois, toujours au même endroit, un peu en dessous de l'épaule droite. J'étais maintenu dans une position uniquement défensive. Mon adversaire avait le dessus.

J'étais en train de perdre.

Je tentai de lui porter un coup, moi aussi. Elle para sans difficulté. Et m'asséna un autre coup sur le bras.

Je changeai de position, de manière à ce qu'elle ne puisse plus m'atteindre ici. Elle tourna autour de moi à la façon d'un prédateur. Nous nous tenions à une distance respectable. Quand elle tournait, je tournais, quand elle avançait, je reculais.

Cette parade dura quelques minutes avant que mon adversaire ne se remette à me harceler de coups. Mon épaule droite me faisait encore souffrir. Cette fois, comme je tentais de protéger ce côté-là, l'apprentie s'acharna sur l'autre épaule. Je commençais à en avoir marre. Combien de temps encore le combat allait-il durer ?

Mon adversaire profita de ma distraction et son arme fila vers ma tempe. Dans un ultime réflexe, je tentai de parer, mais elle avait tant de force que son bâton entraina le mien, et ce fut ma propre arme qui m'assomma.

Ma vue vira au noir avec des nuances de rouge. Une seconde plus tard, je rouvris les yeux. Le sol s'étendait à la verticale. Un pied nu apparut dans mon champ de vision.

Un autre me frappa le ventre. Je me recroquevillai, gémissant. La fille me donna des coups dans le ventre, les jambes, les bras. Je ne me défendais même plus.

Nous étions dans un coin de la cour. Personne ne nous voyait, Eddie s'entraînait à l'autre bout du terrain. Je n'avais même plus la force de crier.

J'avais mal partout. J'étais en ébullition. Des explosions jaillissaient partout sur mon corps. Je ne réfléchissais plus. Je voulais juste que ça s'arrête.

Et ça s'arrêta. Des éclats de voix me poussèrent à ouvrir les yeux. Je les avais fermés si fort que des taches violettes et jaunes dansèrent devant eux quelques instants.

« Qu'est-ce qu'il t'a fait ? demanda une voix masculine.

- Ça ne te regarde pas, répondit mon agresseuse.

Je ne suis plus le même !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant