Unres, jour 8 : bandits de grands chemins

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Les trilles mélodieuses d'un oiseau matinal me tirèrent de mon sommeil. J'ouvris un œil. Au-dessus de moi se dressait la voûte de tissu blanc du chariot. La lumière était grise et tamisée : c'était le matin et le temps était couvert.

Quelques notes me parvinrent de l'extérieur : Aelynn grattait son luth. Je refermai les yeux et me laissai bercer au gré de sa musique.

Quand j'en eus assez, c'est-à-dire au bout d'une ou deux minutes, je sortis et allai m'asseoir à côté de l'elfe.

Il avait les yeux fermés. Il ne réagit pas à ma présence, si ce n'était un léger froncement de sourcils.

Je toussotai. Pas de réaction.

« Aelynn ? appelai-je. »

Il ne me répondit pas.

« Aelynn ? répétai-je. Tu m'apprends à écrire ? »

Son absence de réaction commença à m'irriter.

« Aelynn ! Je m'ennuie ! fis-je d'une voix plaintive. »

Finalement, il soupira. Il ouvrit les yeux et posa son luth.

« J'ai envie d'être seul, Daelam. Tu peux me laisser ?

- Non, je veux rester avec toi !

- S'il te plaît, laisse-moi.

- Pourquoi ? Je veux rester ! »

Le musicien poussa un nouveau soupir. Il se pinça l'arête du nez avec ses longs doigts fins. Enfin, au bout de dix longues secondes, il déclara :

« Bon, tu peux rester, mais tu ne dois pas faire de bruit.

- D'accord. »

Je m'assis confortablement en tailleur. L'elfe, lui, avait remonté ses genoux sous son menton et avait entouré ses jambes de ses bras. Il referma les yeux et essaya de se détendre, mais un léger pli persista entre ses deux sourcils, que je ne lui avais jamais vu avant.

Nous restâmes silencieux de longues minutes. Par moment, le front de mon ami se détendait légèrement.

À quelques dizaines de mètres en face de nous se dressait la lisière d'une petite forêt de frênes. Un vent plutôt fort agitait les branches. De temps à autre, un ou deux oiseaux s'envolaient pour aller se poser un peu plus loin.

J'étais en train d'observer ce paysage quand soudain, une silhouette menaçante apparut entre les troncs, presque aussitôt suivie de quelques autres identiques.

Leur pelage était dans les tons gris et bruns. Leurs oreilles pointues étaient alertes et changeaient de direction au moindre bruit. Leur museau allait et venait, tantôt dressé vers le ciel, tantôt collé au sol. Leurs yeux étaient trop loin pour que je distingue leur couleur, mais ils donnaient à leur figure une expression sévère.

Les bêtes avançaient prudemment. Leurs muscles puissants roulaient sous leur pelage, et leur queue battait l'air derrière eux. Ils sortirent du bois, d'abord deux, puis cinq, puis dix. Silencieux. Dangereux.

Loups.

Aelynn fermait toujours les yeux. Il n'avait rien remarqué. J'hésitai à le prévenir, mais la meute ne se dirigeait pas vers nous. Je décidai donc de le laisser tranquille et de profiter seul de l'inquiétant spectacle.

Comme l'avait supposé le barde, la meute était composée d'une douzaine de bêtes, ce qui était énorme.

Je regardais ainsi passer les prédateurs d'un bois à un autre, admirant leur puissance et leur démarche souple.

Je ne suis plus le même !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant