Nuere, jour 20 : le combat dans le sang

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« Bon, qu'est-ce qu'on fait, aujourd'hui ? »

Je m'étais levé aux aurores et je m'étais ennuyé jusqu'à ce qu'enfin, Eddie ouvre un œil.

« Ouh là, que d'enthousiasme ! fit-il, encore à moitié endormi. Pourquoi tu n'es pas allé t'entraîner avec Aelynn puisque tu es si pressé ?

- Il n'est pas là, répliquai-je.

- Ah bon ? s'étonna-t-il. Dommage. »

Il se retourna, me présentant ostensiblement son dos.

« Quand est-ce que tu te lèves ? Hein, Eddie ? Quand est-ce que tu te lèves ?

- Jamais ! grommela l'halfelin. Laisse-moi tranquille, gamin, ajouta-t-il. »

Boudeur, je m'assis dans un coin de la salle et me mis à dessiner du bout du doigt sur le plancher. Au bout d'un moment, les ronflements d'Eddie reprirent. Une idée espiègle se glissa dans ma tête. Je me mis à fredonner "Je taquine Eddie, je taquine Eddie, tou-te-la-jour-née !". Il grogna dans son sommeil.

Pourquoi Aelynn n'était-il pas là ? Et où était-il ? Que faisait-il ? D'ailleurs, pourquoi était-il toujours levé avant tout le monde ? Et...

« Gamin... grommela Eddie. »

Je levai la tête.

« Arrête de gratter... se plaignit-il. »

Je jetai un coup d'œil à mon index. Mon ongle était tout abîmé. Je recommençai à caresser le sol, cette fois du bout du doigt.

« Eddie ?

- Mmh...

- Tu veux vraiment pas venir m'entraîner au... aïe ! »

Je retirai vivement mon doigt du plancher : la lame de bois était pleine d'échardes. Une larme rouge perla. Je portai mon index à ma bouche et articulai en direction d'Eddie qui s'était redressé, alerté par mon cri :

« Je me suis piqué le doigt... fis-je, penaud.

- Ha ! Il fallait bien que ça arrive ! »

Et il se retourna de nouveau, mais j'avais bien entendu le sourire dans sa voix.

Quand, bien plus tard, Eddie se réveilla enfin, je m'étais endormi contre le mur. J'ouvris les yeux au moment où il posa le pied par terre. Je me relevai d'un bond.

« C'est bon ? T'es prêt ? On y va ? »

Eddie soupira.

« Oui, on y va, gamin, fit-il d'un ton las. »

Nous descendîmes donc nous entraîner.

« On va faire quoi ? De l'épée ? De la dague ?

- Ni l'un ni l'autre. On va combattre à mains nues. »

Mon sang se glaça dans mes veines. Je me figeai, au beau milieu de l'escalier, les yeux dans le vague. À mains nues... avais-je vraiment besoin d'être entraîné ?

« Euh... gamin ? s'inquiéta Eddie. Ça va ? »

Voyant que je ne répondais pas, il remonta quelques marches et posa une main sur mon épaule.

« Daelam ? »

Je sursautai. Je regardai, ahuri, la main de mon ami. Je secouai la tête. Il fallait que j'oublie. Ou au moins que je fasse semblant. Personne ne devait savoir. Personne. Et surtout pas mes trois amis.

« Tout va bien, fis-je, tout sourire. »

Eddie me dévisagea un instant, dubitatif, mais il dut sentir que je n'avais pas envie de m'étendre sur le sujet, car il n'insista pas et se détourna.

Je ne suis plus le même !Où les histoires vivent. Découvrez maintenant