19. Comprendre

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Jane

Dans la chambre de Caleb :

Il semblait si furieux quand je suis revenu à moi dans la voiture que je ne savais pas quoi faire d'autre que ça. Il m'a montré par le passé ce qu'il aimait, il voulait m'emmener dans sa chambre pour me faire mal, alors je lui ai demandé de le faire.

Je n'ai pas peur de ce qui peut m'arriver, je sais ce qui m'attend. Même si j'appréhende de ressentir la douleur, je sais qu'il n'ira pas aussi loin que la première fois où je suis venu ici. C'est impossible à expliquer mais je me sens en sécurité avec lui.

Je sais qu'il veut me faire mal, que ce n'est pas forcément normal, mais je ne peux pas m'empêcher de vouloir qu'il me le fasse pour ne pas le laisser le faire à une autre femme. Je sais aussi que ce n'est pas pour éviter des souffrances à une autre que je le refuse, c'est parce que je ne supporterai pas qu'il touche quelqu'un d'autre que moi.

Je veux être la seule à qui il fait tout, le bien comme le mal. Je veux être la seule qu'il désire de cette façon. Je veux être la seule à le rendre furieux pour qu'il abatte sa colère sur moi. Je crois que j'aime qu'il soit aussi violent avec moi.

Ça aussi ce n'est pas normal.

Je ne perçois plus ses coups comme une châtiment que je ne justifie pas, mais plus comme une démonstration du désir qu'il me porte. Ils sont animés d'une fureur profonde lié à ses envies. Je n'arrive pas encore à comprendre pourquoi, ni ce qui a fait qu'il soit comme ça.

Je sais juste que je n'ai plus peur d'eux, ils existent uniquement parce qu'il me veut, parce qu'il me désire au-delà de ce que je peux imaginer. Je suppose que plus ils sont violents et plus ils témoignent de la force de ce qu'il ressent pour moi.

Je n'ai plus peur de lui, ni de ce qu'il pourrait me faire. Parfois j'ai même peur qu'il ne veuille plus me le faire. Je veux être sa Jane pour toujours, je veux être cette femme parfaite pour lui. Je suis prête à laisser mon corps souffrir pour cet homme. Je suis prête à endurer toutes les douleurs du monde si c'est par sa main.

Qu'est-ce qu'y m'arrive ? Pourquoi je veux tout ça ?

Et puis il y a aussi l'autre Caleb. Cet homme si doux avec moi. Celui qui s'est excusé. Celui qui me fait me sentir apprécié. Il prend en compte ce que je ressens. Il semble s'inquiéter de ce que je veux, de ce qui pourrait me faire me sentir bien.

Quand il devient cet autre homme, il arrive à effacer cette part plus sombre et cruel de lui. J'en fait totalement abstraction pour vivre le moment présent avec lui. Je fais ce que je fais toujours, je prends ce qu'il me donne, en espérant faire ce qu'il faut pour être comme il veut que je sois.

Hier, j'ai vécu la plus belle de toutes les journées de mon existence avec lui. J'ai l'impression qu'il a fait en sorte de m'emmener dans tous les endroits que j'aurais pu aimer. J'ai vu de mes propres yeux tous ces animaux que je vois à travers mon écran depuis des semaines. Et c'était tout bonnement fantastique.

C'est bizarre mais d'une certaine façon, je me suis sentie proche de ces créatures prise au piège dans des cages ou des aquariums. Dans leurs yeux magnifiques j'ai cru apercevoir cette lueur que je vois parfois dans mon propre reflet du miroir, cette envie de liberté ainsi que cette peur de la prendre. Car ils sont ce que j'ai été pendant des années et que je suis toujours : des captifs dépendants de leurs possesseurs.

Pourtant Caleb ne me m'a pas fait ressentir cette sensation de toute la journée. Au contraire, il m'a posé beaucoup de questions, s'est intéressé à tout ce qui me passionne. Quand je l'ai comparé sans réfléchir aux requins, j'ai eu peur de le mettre en colère et qu'il la libère même dans ce lieu public. Je me suis refermé sur moi et j'ai attendu en anticipant le moment où il abattrait sa sentence. Mais il n'en a rien fait.

JaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant