8. Goûts particuliers

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Jane

Je ne peux pas faire ce qu'il me demande. J'ai essayé mais je ne peux pas. Cette semaine Sam m'a expliqué comment faire pour y arriver sans avoir peur, sans avoir envie de vomir. J'ai essayé d'imaginer que j'allais manger de la glace Chocolate Fudge Brownie, que son sexe n'était rien d'autre que le pot.

Mais je n'ai pas réussi quand même. Je n'arrive pas à faire ça, je suis incapable de faire ces choses. Mon corps ne me répond pas dans ces moments-là. Je me suis forcée à le faire, je me suis rappelée tous ce que Sam m'a dit, j'ai appliqué ses conseils à la lettre, mais cela n'a pas suffi.

Si je ne peux pas faire ce qu'il attend de moi, qu'est-ce qu'il va advenir de moi ? Quel sort va-t-il me réserver ?

Lyroïd ne m'a jamais fait faire ça. Il emmenait les clients dans la chambre, ensuite il me laissait seule avec eux. Je m'allongeais sur le lit en attendant qu'il fasse ce qu'ils avaient à faire sans bouger.

Je regardais le plafond crasseux en imaginant toutes sortes de paysages magnifiques. Bien souvent c'était rapide, alors je n'avais pas à retenir mes larmes, ni mes envies de vomir bien longtemps.

Peut-être que si je lui explique, il comprendra. Si je lui dis comment ça se passait pour moi, il acceptera peut-être d'arrêter tout.

J'ai peur de lui mais je dois essayer de lui parler. Si je suis honnête et que je lui raconte tout, il m'écoutera peut-être. De toute façon quoi que je fasse, il s'en prend à moi, alors je ne risque rien de plus à tenter de lui parler. Sam a dit qu'il ne fallait pas craindre de dire ce que je pense.

Je me relève du lit, je change de tenue en essayant de contrôler mes tremblements, ma robe est hors service. Je mets une autre robe simple pour aller vite. Je ne veux pas risquer de faire machine arrière en me donnant du temps pour réfléchir à cette décision de folie que je viens de prendre. Il faut que je me dépêche tant que j'ai encore le cran de faire ce que je m'apprête à faire.

J'inspire un grand coup avant d'ouvrir la porte. Je marche à pas de loup dans le couloir en essayant de ne pas laisser ma respiration s'emballer. Mon coeur tambourine dans ma poitrine, ses battements résonnent dans mes tempes. J'arrive au deuxième étage, le sien.

J'avance lentement dans le couloir sombre en tremblant, je ne suis plus sûr que ce soit une bonne idée maintenant, je ne sais même pas où je vais. J'arrive à mi-chemin de ce couloir où il fait encore plus sombre, j'ai de plus en plus de mal à respirer. Je me retourne pour faire demi-tour et rebrousser chemin.

Mais qu'est ce qui me prend, je suis tarée ou quoi ? Je ne tiens pas à ma vie pour faire un truc pareil, il va me tuer.

J'entends des voix d'hommes monter l'escalier, je ne peux plus avancer. Je recule doucement en essayant de faire le moins de bruit possible, je panique complètement. Il faut que je trouve un endroit où me cacher. Les voix avancent vers moi, elles viennent dans ma direction. J'ouvre la première porte sur ma gauche le plus doucement possible.

Je m'y engouffre sans réfléchir. J'atterris dans un petit couloir faiblement éclairé. Il donne sur une pièce qui parait immense vu d'ici. Il y a de la musique en fond sonore, j'entends quelque chose claquer au rythme des basses du morceau qui passe. J'avance doucement pour voir ce qui est responsable du bruit.

Mauvaise idée Jane, fais demi-tour, retourne d'où tu viens.

Je colle mon corps contre la cloison de ce sas que je longe avant d'arriver presque dans la pièce. J'essaie de me cacher en m'aplatissant contre le mur. Il y a un lit immense sur le côté droit, il doit faire deux fois le mien. Je tourne mon regard à gauche.

JaneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant