Chapitre 59 : Au coin du feu

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Le lendemain, nous nous levons aux aurores et prenons notre petit-déjeuner sur le pouce avant de partir nous entraîner.

J'observe Calie répéter l'enchaînement que je lui ai indiqué. Elle est vive, souple et agile, mais elle manque de force et de confiance en elle.

- Ta posture est mauvaise, j'observe. Pas étonnant que tu aies perdu ce combat, tu n'as aucun équilibre.

Ma remarque la fait grogner mais je ne m'en formalise pas. Je prends ses hanches et la fait pivoter légèrement sur le côté puis ramène sa jambe en arrière.

- Là, c'est beaucoup mieux, essaye ainsi.

Elle tourne la tête vers moi. Nos nez se frôlent, mon cœur s'emballe. Je prends mes distances comme si je venais de me brûler.

- Encore, j'ordonne.

Pendant la semaine qui suit, je l'entraîne au combat et l'aide à forger ses muscles.

Je ne sais pas pourquoi je fais cela pour elle. Après tout, je ne la connais pas. Je pourrais tout aussi bien l'abandonner dans une clairière et la laisser se débrouiller seule. Mais quelque chose me pousse à l'aider. Peut-être est-ce la même chose qui a poussé Neryza à en faire autant pour moi. Ou peut-être que la solitude est devenue trop pesante pour moi. Peut-être que je cherche à échapper à Kyle, Ilda, Seth et Dihya.

Calie n'en a pas conscience mais ce n'est pas seulement elle que j'aide. C'est aussi moi.

Je maîtrise de mieux en mieux mon don, même si je ne parviens pas encore à maîtriser certaines formes de Magie comme la transposition.

Neryza m'a expliqué qu'il était impossible pour un seul être de maîtriser toutes les formes de Magie qui existent. On ne peut pas contrôler les éléments et lire l'avenir. C'est une question d'équilibre. Cependant, les enchanteresses ont plus d'aptitudes que les sorcières qui ne peuvent maîtriser en tout et pour tout qu'une seule forme de tşi.

Mon mentor n'est toujours pas rentrée. Je ne me fais pas de soucis à son sujet, j'espère simplement qu'elle reviendra poursuivre mon apprentissage. Je sais qu'il me reste encore beaucoup à apprendre.

Lors d'un après-midi particulièrement chaud, Calie et moi décidons de faire une pause et d'aller nous baigner dans la rivière près de la chaumière. Plonger dans l'eau presque glacée nous fait un bien fou par cette chaleur.

Je m'immerge totalement afin de rafraîchir chaque parcelle de ma peau nue. L'eau fraîche me procure une sensation de plaisir indescriptible.

J'écoute l'eau glissée sur les pierres et le chant des oiseaux perchés à la cime des arbres, adossée contre la rive. Je me laisse bercée par la nature et le parfum de la terre mouillée. Tous mes muscles se détendent, plus aucune inquiétude ne vient me tourmenter.

Cela fait tellement longtemps que je ne me suis pas sentie aussi bien. D'ordinaire, je passe mes journées à m'exercer pour éviter de penser aux derniers évènements et de sombrer dans la mélancolie et le désespoir.

Seulement là, immergée dans l'eau glacée en compagnie d'une fille rencontrée il y a seulement une semaine, je me sens en paix. Je ne ressens aucune peine, aucune tristesse, aucune douleur. Je profite simplement du bonheur et du soulagement que m'apporte cette rivière par un temps aussi sec et chaud.

Je ne peux plus vivre dans la nostalgie des fantômes du passé. Il faut que j'avance, que je découvre ce que le client de Dihya voulait de moi. Je le lui ai promis. Mais pour le moment, je profite de cet instant de calme et de plénitude si rare et précieux. Pour la première fois depuis longtemps je me sens vivante.

La Prophétie des Ombres : Le Prince et l'Orpheline (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant