Chapitre 20 : Le crâne et la couronne

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Lorsque je me réveille, je trouve la maison vide. Pas de Marha au comptoir, pas de Seth en cuisine, pas de Dihya qui s'entraîne.

Je devrais me réjouir de pouvoir disposer de la maison comme bon me semble mais ce silence, au lieu de m'enchanter, semble m'écraser sous son poids.

Les souvenirs jaillissent dans mon esprit, se succédant. Je revois cet homme dans la ruelle, je revois la silhouette de Magnus s'éloigner tandis que je reste plantée là, je revois le sourire résolu de Kyle et soudain, je ne parviens plus à respirer.

J'attrape le pendentif que mon ami m'a donné, qui ne quitte jamais mon cou, et le serre contre mon cœur.

J'ai l'impression d'étouffer.

J'essaye de me lever mais mes muscles refusent de coopérer. Je les ai trop mal menés hier.

Il faut que je sorte d'ici.

Faisant abstraction de la douleur qui engourdi mon corps, je m'extirpe des draps et enfile des vêtements propres, ainsi qu'une cape. Je dissimule quelques dagues dans ma toilette puis m'élance sur le toit d'en face par la fenêtre ouverte.

Dehors, le soleil déjà haut dans le ciel, réchauffe les toits. J'ai dormi jusqu'à midi.

Assise sur le rebord d'un toit, je contemple la ville en effervescence. J'aperçois un temple près de ce qui doit être la Grande Place.

Je n'ai jamais connu autre chose que le manoir de Magnus, reclus de tous, et le Vieux Fort de la Garde. Toute cette nouveauté, toute cette animation, attisent ma curiosité.

Ignorant le risque que je cours, je déambule dans les rues, sans but. Je me contente d'observer les passants et les bâtisses.

Tout est différents de ce que j'ai toujours connu ici. Il y a des magasins d'étoffes, des artisans, des boulangeries, des boucheries, des tanneries, des parfumeries toutes réunies dans la même rue.

J'observe avec la curiosité d'un enfant en bas âge les routes pavés et les vieilles maisons en briques sombres. Elles sont plus simples que les lieux que j'ai habitude de fréquenté. Je me demande si cela me plairait de vivre dans l'une d'elles. Je ne crois pas que vivre en ville serait très prudent, étant considérée comme une fugitive.

Les clochers font tinter leurs cloches. Et si j'entrai au temple ? Les Phweizenæ sont protégée par la Loi Divine. Personne ne peut leur faire de mal tant qu'elles respectent leur serment. Je pourrai disparaître le temps de me faire oublier pour rejoindre le couvent par la suite.

Ma promenade hasardeuse me mène sur la place où, à la place d'un marché, je trouve des tentes disposées là où elles ont trouvé assez d'espace pour s'installer.

À en croire les demoiselles qui passent à côté de moi en gloussant, il y aura un grand spectacle demain soir, donner par des artistes ambulants.

Des artistes ambulants ? À quoi cela peut-il bien ressembler ?

Intriguée, je m'avance vers la tente la plus proche pour tenter de voir à l'intérieur. C'est alors que le pant se soulève, révélant une jeune femme aux boucles brillantes et au nez aquilin.

- Veux-tu entrer ? me propose-t-elle avec un sourire malin.

J'hésite un instant. Est-ce bien prudent de suivre une inconnue ? Mais les lames cachées dans mes vêtements me poussent à prendre le risque.

Je la suis à l'intérieur de la tente.

C'est plus grand que je ne l'aurais cru mais quand même trop étroit à mon goût. Des armoires, un paravent, une table ronde et un lit occupent presque tout l'espace et le sol est encombré par des malles, des piles de livre et des objets divers assez étranges.

La Prophétie des Ombres : Le Prince et l'Orpheline (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant