La Prophétie des Ombres : Le Prince et l'Orpheline (T1)

Chapitre 36 : Dans les méandre de la nuit

Nous arrivons en ville alors que le soleil se couche. Dihya nous déniche une chambre dans une auberge miteuse en centre ville où nous pourrons passer la nuit pour quelques écus.

- Bien, déclare-t-elle. Nous avons rendez-vous avec mon client demain dans une taverne. Je vais aller nous acheter de nouvelles toilettes, je serai de retour dans deux heures. N'ouvre à personne.

Je dois avouée que je suis soulagée de pouvoir enfin me débarrasser de cet instrument de torture appelée "robe". Comment peut-on souhaiter porter ce genre de choses ? Cela vous étouffe, vous empêche de vous mouvoir et c'est un calvaire pour se rendre aux commodités.

En attendant le retour de Dihya, j'enfile une robe de chambre et me glisse dans les draps rugueux.

Je me réveille en sursaut, trempée de sueur, la gorge nouée, prise de panique. J'ai rêvé de Seth, torturé et battu par August.

J'inspire difficilement, j'essaie de ne pas me laisser submergée par l'angoisse et la terreur. Je repousse les couvertures. Ce n'est pas encore ce soir que je passerais une bonne nuit de sommeil, il semblerait.

On frappe à la porte.

- Ma dame ? Vous avez reçu une lettre, annonce la femme qui nous a attribuée notre chambre, depuis le couloir.

Une lettre ? Pour nous ? À cette heure-ci ? De qui ? Et comment cette personne sait-elle où nous nous trouvons ?

- Glissez-la sous la porte et partez, je réponds, encore bouleversée par mon cauchemar.

Je me dirige vers le bout de papier, bougie à la main. Il n'y a ni nom, ni adresse sur l'enveloppe. La personne qui l'a envoyée est donc venue la porter elle-même à l'auberge. Il doit s'agir de quelqu'un de la ville.

Sans perdre de temps, je l'ouvre pour découvrir ce qu'elle contient. Une mèche de cheveux bruns tombe alors sur le sol.

Mon cœur rate un battement.

Il s'agit des cheveux de Seth. Je les reconnaîtrai entre mille.

Il y a aussi une note manuscrite.

Place LagonasAvant l'aubeSeule et sans armesOu tu peux lui dire adieu

C'est tout. Il n'a pas besoin d'en dire plus. Je sais de qui vient cette lettre et ce qu'il me reste à faire.

Sans la moindre hésitation, je saisis une plume, un encrier et griffonne quelques mots pour Dihya au dos de l'enveloppe avant de jeter la note qu'elle contenait dans le feu. Je cache ma hache dans le matelas et sors sur la pointe des pieds.

En silence, je me dirige vers la buanderie de l'auberge où sont entreposés les vêtements sales et enfile un pantalon et une chemise. Je me rends ensuite à la place Lagonas en passant par les petites ruelles pour être sûre de ne pas être vue.

Quand j'arrive sur le lieu de rendez-vous, j'aperçois August, seul. Il n'est pas venu avec les membres de la Garde. Sûrement pour être vu comme le héro qui a débarrassé le royaume du monstre qui se cachait parmi l'aristocratie.

- Et te voilà venue jouer les héroïnes, se réjouit le Prince.

- Où est-il ? j'interroge, inquiète de ne pas voir Seth.

Et s'il m'avait trompée ? Que Seth avait réussi à s'enfuir ? Ou pire, s'il était déjà mort ?

- En sécurité, bien au chaud dans mon cachot, répond-il. Et il en sortira une fois que je t'aurais livrée au Roi.

- Comment savoir s'il est en vie et si tu dis la vérité ?

- Tu vas devoir me faire confiance.

Lui faire confiance ? Me prend-il pour une sotte ?