Chapitre 78 : Celui qu'ils appellent père

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- Bien, nous sommes arrivés, déclare Elnit quand nous atteignons le haut d'une centaine de marches.

Je crois que je n'avais jamais vu un escalier aussi long. J'ai une excellente condition physique et les armes que je porte ne pèse presque rien pourtant, je suis à bout de souffle quand j'arrive au bout de cet escalier. Je ne pensais pas la Forge si profonde.

La plus à plaindre reste cette pauvre Kaelya. Elle aussi a une excellente condition physique mais elle reste une humaine fragile et son endurance a ses limites. Plusieurs fois, j'ai bien cru que son cœur allait lâcher.

Je regarde autour de nous, m'attendant à trouver un immense bâtiment en brique semblable à celui de la Garde et rempli de guerriers mais nous nous trouvons dans une grotte. Une simple grotte. Pas d'armée, pas de dragons qui gardent l'entrée, pas de soldats pour surveiller les allées et venues. Juste une grotte.

- La Vallée se trouve au bout de la grotte, précise le Nain face à mon air déçu. À bientôt, l'Enchanteresse.

Puis il s'en va sans rien ajouter.

- Sais-tu où exactement peut-on trouver Darek ? je demande à Kaelya.

- Je n'en ai aucune idée, avoue-t-elle. Il doit être occupé avec l'Eclosion. Mais je sais qui pourra nous le dire. Suis-moi.

Elle passe devant moi. À peine avons-nous mis un pied en dehors de la grotte que nous nous retrouvons dans une allée entre deux cabanons en bois, marchant sur la neige. Nous sommes dans la Vallée.

C'est encore bien plus grand que ce que j'imaginais. Il y a des cabanons et des commerces à perte de vue.

Les habitants circulent entre les allées, à pied ou sur des montures plus étranges les unes que les autres. Aucun d'entre eux ne se ressemble. Il doit y avoir un représentant de chaque espèce de Fymawæ, hormis les loups et les sorcières.

Je vois un vampire, se promener en vêtements légers malgré la température glaciale des monts enneigées, une mère Orc et sa fille d'une demi-douzaine d'année qui rentrent chez elles, un satyre en grande discussion avec un autre homme possédant des bois de cerf sur la tête, une femme avec des serpents pour cheveux qui fait des emplettes.

Kaelya continue d'avancer et je la suis en tentant de faire de mon mieux pour ne pas dévisager les créatures qui m'entourent. Je n'ai jamais vu tant de Fymawæ réunis au même endroit. Nous en croisons des centaines. Certaines à l'allure effrayante, d'autres simplement étranges et d'autres encore qui ont l'air de simples humains. Mais il ne faut jamais se fier aux apparences.

Alors que nous approchons d'une grande place. Un sifflement retentit au-dessus de nos têtes et lorsque je lève les yeux, j'aperçois, pour la deuxième fois de ma vie, un dragon. Je suis partagée entre l'émerveillement et la terreur.

Il est immense, aussi grand qu'une montagne et d'un vert émeraude. Ses écailles luisent comme des pierres précieuses et ses ailes sont plus grandes que la voile du plus grand des navires. Il frôle le haut des toits, faisant broncher leurs occupants qui n'ont pas du tout l'air affolés par l'immense lézard volant qui vient de nous survoler. Je suppose qu'on s'y accoutume...

La place ressemble à n'importe quelle place de n'importe quelle ville, si ce n'est qu'il n'y a pas de temple dédié à Bu Phweizen pour la surplomber. Une immense statue représentant un homme cornu en armure, brandissant une épée trône au centre. Elle est bordée par des bars, des commerces et un imposant bâtiment en forme de dôme.

Kaelya se dirige vers une grande maison en pierre qui ressemble vaguement à un château, si ce n'est qu'il est considérablement plus petit et entre sans frapper, à croire que c'est de coutume chez tous les Fymawæ. Elle se rend immédiatement au deuxième étage.

La Prophétie des Ombres : Le Prince et l'Orpheline (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant