Dans un royaume assiégé par les ténèbres et hanté par les monstres, Edlynn, la fille adoptive du Grand Général, n'aspire qu'à une chose : suivre les traces de son père.
Elle hait les monstres et est prête à tout pour les détruire...Jusqu'à ce qu'el...
Nous nous remettons en route au crépuscule, à l'heure où les loups partent en chasse de leur dîner. Si nous nous pressons, nous n'aurons pas à passer la nuit dans la forêt.
Même si je n'en montre rien, j'appréhende de franchir cette frontière qui sépare le territoire des loups de la forêt. Et si un loup nous trouvait ? Si Calie nous trouvait ? Que ferait-elle de nous ? Je doute que sa reconnaissance envers moi la pousse à trahir sa meute.
Perdue dans mes pensées, je regarde pas où je mets les pieds et marche dans un piège.
Avant que je ne le comprenne, je me retrouve pendue par le pied, tête en bas. L'instant suivant, Kaelya s'écroule. Alors que je dégaine un de mes poignard, quelque chose heurte mon crâne. Tout devient flou, une forte douleur envahit tout mon crâne avant que je ne m'évanouisse.
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Aux battements précipités de mon cœur et à la confusion qui règne dans mon esprit je devine avoir été empoisonnée. Je me sens ballotée de gauche à droite, ma tête tourne comme une toupie. On me dépose au sol et on m'attache, avec une corde, je crois.
J'ai la bouche sèche et tout mes membres semblent peser une tonne. Je connais ces symptômes. De la belladone. Ils nous ont donné de la belladone.
Le brouillard se dissipe peu à peu, je commence à retrouver mes esprits. Je jette un coup d'œil autour de moi pour évaluer la situation. Nous sommes encore dans la forêt mais je ne suis jamais venue dans cette partie-ci.
Ce qui ne peut signifier qu'une chose. J'ai arpenté ces bois en long et en large, les seuls endroits où je ne suis jamais allée sont les territoires définis de certaines espèces. Je crains le pire.
Mon cœur bat de plus en plus vite. Il faut que je respire et que je garde mon calme où il va finir par lâcher.
La nuit va bientôt tomber et autour de moi cinq hommes s'activent pour allumer un feu. D'après leurs tatouages, ce sont des braconniers. Les seuls humains assez stupides pour pénétrer dans la forêt.
Ils chassent les Fymawæ pour les dépecés. Ils vendent des oreilles de Fæs, des ailes de fées, des moustaches de selkies et sûrement espèrent-ils attraper un loup-garou pour vendre sa fourrure.
- C'est not'premier jour et on en a d'ja deux ! s'exclame un homme d'une vingtaine d'années au cheveux en bataille.
- Z'êtes sûrs qu'c'sont des loups ? s'enquiert un homme plus grand à la barbe bien taillée. Z'ont la peau plus foncée, non ?
- Celles-ci ont sûrement été mordues, répond un jeune homme au visage anguleux.
- L'aconit à pas l'air d'marché sur celle-là, réplique l'homme à la barbe en me désignant. J'ai dû lui donné d'la belladone.
C'est bien ce que je pensais. J'espère que les effets vont vite se dissiper. Je jette un regard à Kelya, attachée avec moi à un immense tronc d'arbre. Elle est encore en train de divaguer. Au moins, elle respire toujours.
Kelya est humaine, les effets des poisons durent probablement plus longtemps sur elle. Surtout si ces idiots lui ont donné de l'aconit et de la belladone. Deux plantes qui accélèrent les battements du cœur. C'est un miracle qu'elle ne soit pas encore morte. Sans doute est-elle prévenue contre les empoisonnements en tant que membre de la Guilde.
J'essaie de me libérer de mes liens mais rien à faire, ils sont trop serrés. Je ne sens plus mes armes sur moi, les braconniers ont dû me les prendre. Ne se sont-ils pas demandé ce qu'un "loup" faisait avec des armes Elfiques puisqu'il a des crocs et des griffes ? Sont-ils sots à ce point ?
Je fais le tour du périmètre des yeux et repère mon arme rangée avec les leurs à une centaines de mètres. Malheureusement, je ne crois pas avoir le choix, je vais devoir me débarrasser de ces hommes en les tuant.
Une stratégie commence à éclore dans mon esprit tandis qu'ils se rassemblent autour du feu qu'ils viennent d'allumer. Une chose est sûre, il faudra moins d'un quart d'heure avant que des Fymawæ ne nous trouvent avec ce feu et tout ce bruit qu'ils font. Je n'ai qu'à transposer pour récupérer mes armes et les tuer.
Cependant ma tentative de transposer est un échec cuisant. Je n'arrive plus à manipuler ma Magie. Ces braconniers ne sont peut-être pas aussi idiots que je le croyais. Ils ont dû me donner quelques choses pour engourdir mon tşi. Quoiqu'il en soit, il faut que je m'en aille avant que les créatures magiques qui vivent sur ces terres ne nous repèrent.
- Eh ! je les hèle. Souhaitez-vous mourir, idiots que vous êtes ?
Les cinq braconniers coupent court à leur conversation et se tournent vers moi.
- C'est à nous qu'tu causes gamine ? s'enquiert un homme chauve au visage joufflu.
- À votre avis ? Vous voulez attirer toutes les créatures à plusieurs lieues à la ronde ? je rétorque. Éteignez ce feu et fermez-la.
Ils se dévisagent les uns les autres. À leur expression, je devine qu'ils n'ont pas du tout l'intention de m'écouter. L'homme chauve se lève et me lance un regard menaçant.
- 'Coute-moi bien, gamine, soit tu la boucle, soit j't'écrase ta sale gueule de chieuse, me menace-t-il.
Il joue de sa taille et de sa carrure pour m'impressionner mais cela ne prend pas avec moi. La petite fille insolente qui riait au nez de ses instructeurs refait surface.
- Toi, écoute-moi. Si tu n'éteins pas ce foutu feu immédiatement, nous serons tous morts d'ici une dizaine de minutes.
Je sais que provoquer un homme deux fois plus grand que moi alors que je suis poings liés n'est pas la chose la plus intelligente à faire, mais ces abrutis ne comprennent que la violence. Je n'ai pas envie de mourir ici parce qu'une bande d'imbéciles a décidé de faire un feu de camp dans une forêt grouillant de créatures assoiffées de sang.
- Espèce de petite...
Je n'entends pas le reste de sa phrase, étouffée par le cri agonisant que pousse son compagnon.
Il se retourne, me laissant voir la scène qui se déroule à quelques mètres de nous. Pendant que je les mettais en garde, sept loups se sont approchés en silence et ont profité de leur inattention pour attaquer l'homme aux cheveux en bataille.
Avant qu'ils n'aient le temps d'atteindre leurs armes, les loups se jettent sur eux un à un. Vu leur taille surnaturelle-ils mesurent chacun au moins deux mètres au garrot-ce ne sont pas juste de simples loups, ce sont des loups-garous. Ce qui signifie que nous avons pénétré leur territoire.
Quand l'un d'eux se jette à la gorge de l'homme qui se tient près de moi, je ne peux réprimer mon sourire. Je te l'avais dit.
Mais il s'efface bien vite quand je repère un loup au pelage brun qui s'approche de moi en grognant, babines retroussées.
- Je suis désolée d'avoir pénétré sur votre territoire sans autorisation, dis-je en me forçant à ne pas tressaillir devant ses crocs immenses et couverts de sang. Je n'en avais pas l'intention, ils nous ont enlevées. Si vous nous détachez, nous partirons.
Il ne faut pas qu'ils découvrent que nous avions l'intention de franchir leur territoire, ou nous sommes mortes.
Et il faut à tout prix que je trouve un remède pour Kelya. Elle a le teint livide et de la sueur perle sur sa peau. Elle ne s'est toujours pas réveillée, cela commence sérieusement à m'inquiéter. Et si ces idiots lui avaient administré une dose trop puissante ? Elle résiste peut-être au poison jusqu'à un certain niveau mais un poison reste un poison.
- Tout doux, Flint, lance une voix sur ma droite.
Je détourne mes yeux du loup prêt à me sauter à la gorge pour les poser sur la noirette qui se tient près du corps ensanglanté du chauve. Je reconnais Calie, qui m'adresse un regard complice, couverte de sang.
