Chapitre 65 : Le marché des Mages noirs

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Je traverse le bois qui entoure le manoir puis sillonne les champs et chevauche sans relâche jusqu'à Bydahygra, espérant ainsi semer les soldats du Duc.

Je fais halte à moins d'une lieue de la ville, dans une petite ferme où je laisse Bucéphale, et termine le trajet à pied, en prenant garde de ne laisser aucune trace de mon passage.

Comme chaque ville, Bydahygra est entourée par des remparts que des membres de la Garde sont censés occupés. Mais rares sont les Gardes. Les seuls présents sont des êtres corrompus qui tirent une partie des recettes faites ici.

Je tire encore un peu sur ma capuche, histoire de bien camoufler mon visage, avant de pénétrer dans la ville. Trouver le Marché ne sera pas difficile. Il suffit de suivre les individus les plus louches.

Ils ne prennent pas la peine de se cacher. Le Marché s'étend dans une immense halle, près de la place centrale, appelée bazar. C'est un véritable dédale possédant une douzaine d'entrées et tout autant de sorties. Le plafond n'est pas bien haut et les couloirs pas très larges, ce qui me donne l'impression d'étouffer. J'ai en horreur les espaces restreints.

Je sors la liste de Neryza de ma poche, elle y a inscrit les ingrédients et les échoppes où les trouver. Un jeu d'enfant.

Le bazar est tellement grand que je dois faire plusieurs fois le tour, en empruntant chaque fois un chemin différent. Les passants sont forcés de se frôler tellement les couloirs sont serrés, ce qui ne me plaît absolument pas. Chaque fois que je rencontre quelqu'un, je serre mon sac contre moi.

Après une heure passée à arpenter ce grand labyrinthe, je n'en suis qu'à la moitié de la liste de Neryza. Me sentant faiblir, je m'arrête dans un commerce pour acheter quelques bonbons et boire une tasse de thé au milieu de gens puants et balafrés qui me dévisagent sans retenue. Par peur d'être reconnue et dénoncée, je baisse encore mon capuchon.

Ceux qui fréquentent ce genre d'endroit tueraient pour trois malheureux bronzes. Je ne sais pas quelle récompense la Garde promet à celui qui me dénoncera mais cela doit valoir au moins cent pièces d'or.

Lorsque je ressors de la petite échoppe, je croise un marchand qui prétend vendre des objets enchantés. Curieuse mais pas dupe, je m'avance pour contempler ses articles.

Les objets présentés ont l'air on ne peut plus ordinaire. Quelques pendentifs, une boîte, une brosse à cheveux, un miroir...et des dagues. Douze dagues en acier Elfiques qui attirent aussitôt mon attention. Le manche est en jaspe rouge et la garde en or. Ils sont plus petits que les poignards classiques mais deux fois plus tranchants.

- Combien ? je demande au marchand.

- Deux cents pièces d'or.

Deux cents pièces d'or ? Un poignard classique coûte huit pièces d'or et ceux-ci sont plus petits.

- Vous plaisantez ?

- Nan, m'dame, ceux-là sont enchantés, faits avec le meilleur acier d'tout l'pays. Y reviennent à leur propriétaire quoiqu'il arrive.

- Cent pièces d'or.

- Sont à vous pour cent cinquante.

C'est ainsi que je repars avec un set de douze dagues neuves.

Je termine mes achats et m'empresse de sortir du bazar, contente de quitter la ville sans trop d'embarras.

En traversant la place, j'aperçois deux des soldats du Duc. Je me fige. M'ont-ils suivie jusqu'ici ? J'ai pourtant pris soin de ne laisser aucune trace.

Pour être sûre de ne pas être vue, j'emprunte des petites rues peu fréquentées-il se trouve qu'il y en à la pelle à Bydahygra. En un rien de temps, je me retrouve face aux portes de la ville.

La Prophétie des Ombres : Le Prince et l'Orpheline (T1)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant