𝑬𝑽𝑰𝑬

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19h20.

Mon regard reste figé sur mon père mélancolique. Le voir tenir ce couteau est dangereux, surtout qu'il est dans un état où il n'est pas conscient de ce qu'il fait. Dans ce genre de moments, tes choix peuvent entraîner des conséquences qui sont des plus mauvaises à la meilleure, mais si tu te trompes, c'est fichu. Je pose mon sac sur le sol et je me suis mise à marcher vers lui, essayant de ne pas me prendre des bouts de verre dans mes chaussures. Il pleure en prononçant le prénom de Lucy. Je ne savais pas qu'une dispute amoureuse peut pousser les gens à passer à l'acte. Je me suis accroupie devant lui et je l'ai regardé. Je ne sais pas comment faire pour qu'il ne s'en prenne pas à lui ou à moi, son regard fixant le couteau dans ses mains. J'ai posé doucement une de mes mains sur une des siennes.

-Papa? C'est moi, Evie, tout va bien se passer, d'accord ? Il ne faut pas que tu te fasses du mal, Papa. Dis-je de façon calme, essayant de ne pas montrer qu'au fond de moi j'avais peur et que j'étais paniquée. Son regard s'était posé sur le mien avant de bafouiller des mots les moins incompréhensibles : seul le prénom Lucy pouvait être compris.

— Tu t'es disputée avec Lucy, papa ? Lucy reviendra demain, elle est juste en colère, mais elle t'aime, tout ira bien. En parlant, j'essayais qui lâche le couteau avec ma main posée sur la sienne. Une de mes mains moites était devant le bout pointu du couteau en cas ou que s'il essaye, c'est ma main qui prend et pas lui. Je sais que c'est débile de faire ça, mais quoi faire d'autre ? Il tient le couteau fortement, donc je préfère faire ça pour qu'il se plante.
Je ne sais pas à quoi il pense en ce moment, mais son regard devient dur.

— Tout est ta faute. Evie, si tu n'étais pas née, elle et moi auraient pu vivre une vie normale.

Ses mots me font mal, ce qui me provoque comme une douleur au cœur, une partie se brise de nouveau, le laissant se casser de plus en plus. À force, il sera en miette.
Je ne sais pas s'il le pense vraiment ou si c'est l'effet de l'alcool, mais j'espère que c'est juste l'alcool qui lui fait dire ça.

— Je suis désolé, Papa. Dis-je avec mon envie de pleurer, j'avais envie de disparaître. Pleine d'envie était présente et c'était la plus mauvaise au monde. Mais je continuais à essayer de le faire lâcher l'objet tranchant. Je lui disais des mots calmes et doux pour que ça ne dégénère pas.

— Tu n'aurais pas dû exister. J'aurais dû t'abandonner quand ta mère m'a laissé... Me dit-il en criant. En essayant de retirer le couteau, ma main a légèrement dérapé, ce qui m'a fait une ouverture, mais très légère, qui n'était pas dangereuse. Il fallait que cela se calme avant que la tempête devienne de plus en plus dangereuse.

— J'en suis désolée, papa, s'il te plait, calme-toi.

— FERME TA GUEULE, CASSE-TOI.

— Je ne vais pas partir, papa, tu es en danger, tu as voulu te tuer. Lucy reviendra demain ou surement ce soir, ça ne sert à rien d'agir comme ça, papa. Je commençais à avoir de plus en plus peur de la capacité de Lucy à me laisser gérer cela, alors que c'est sa faute. J'ai enlevé ses mains d'un coup et j'ai pris le couteau. Je l'ai jeté à l'autre bout de la pièce, car je ne savais pas quoi faire d'autre. J'ai soupiré de soulagement, un obstacle déjà passé.

[...]

La situation a duré plus d'une heure et demie avant qu'il se calme légèrement et qui va en haut. Il avait l'air enfin tranquille après pleins de dégâts qu'il a fait comme casser des vases, renverser toutes les chaises ou casser les photos encadrées. J'ai désinfecté ma petite plaie et j'ai mis un pansement, puis j'ai commencé à ramasser les dégâts, je ne veux pas que s'il descende, il se fasse mal. J'ai fermé toutes les portes, celle de la salle de bain en dehors du sous-sol, juste celle de sa chambre est ouverte. Je ne veux pas qu'on sorte et qu'il lui arrive quelque chose.

𝑳𝑶𝑽𝑬𝑳𝑰𝑮𝑯𝑻Où les histoires vivent. Découvrez maintenant