Le gardien du mana éternel

Chapitre 3

Point de vue de Léon Foxegrave

Malgré ma brillante prestation, la réalité me frappa durement. J'avais espéré toucher mon père cette fois-ci. Bien qu'il utilise ses pouvoirs contre moi, il n'en avait pas réellement besoin. On pourrait croire qu'il faisait preuve de sadisme, mais en réalité, il cherchait simplement à me pousser à atteindre l'excellence.

Avec le temps, je m'y étais habitué, tout en sachant que dans un véritable combat, mon espérance de vie se compterait en secondes. Je fixais mon père, pensif. Après un moment d'observation, son regard se tourna vers le toit de notre maison, un sourire malicieux naissant sur ses lèvres. Cela n'augurait rien de bon : il songeait déjà à mon prochain défi.

"J'ai réfléchi. Cette fois, j'aimerais que tu ailles chercher des légumes chez les voisins. Sonne à leur porte et remplis le panier que je vais te confier."

J'étais surpris par ce gage, car c'était la première fois que mon père me laissait rendre visite à d'autres habitants. Même si la famille Lando n'avait jamais manifesté d'hostilité envers moi, cette tâche ne m'enthousiasmait guère, surtout avec la possibilité de croiser leur fille, camarade de classe. Malgré tout, selon les dictons de ma famille, un Foxegrave ne revient jamais sur sa parole. À contrecœur, je répliquai, "Très bien, je vais rendre visite à la famille Lando."

Soudain, un son retentit sur le toit de notre foyer. Mon père laissa échapper un léger rire, comprenant mieux la situation que moi. "La maison fait de drôles de bruits ces temps-ci, tu ne trouves pas, mon fils ?"

Je ne savais pas de quoi il parlait et me contentai d'un simple, "Si tu le dis..."

Mon père changea rapidement de sujet, évoquant une soirée en compagnie d'un ancien ami. Il me demanda de ne pas l'attendre ce soir et de me préparer à manger seul, une situation assez rare, surtout sachant que j'étais un piètre cuisinier. Ces sorties devenaient de plus en plus fréquentes ces derniers temps.

Peut-être me cachait-il un rendez-vous amoureux et devais-je me préparer à rencontrer prochainement une nouvelle figure maternelle, qui sait ? Gardant cette idée un peu idiote dans un coin de ma tête, je me dirigeai vers la sortie, prenant soin de saisir la bourse remplie de pièces de Sols que mon père m'avait confiée. Après lui avoir adressé un salut respectueux, je me rendis lentement vers la maison voisine, non sans une pointe d'appréhension.

Point de vue de Rozalie Lando

Oh non !!! Le père de Léon m'a clairement remarqué. Il est vrai que c'était un peu trop optimiste de ma part de penser pouvoir passer inaperçue devant un chevalier. J'observais régulièrement les entraînements acharnés entre Léon et son père, suscitant en moi une étrange curiosité.

Pourquoi ne se défendait-il pas contre ces véritables agresseurs ? Le besoin de l'encourager résonnait en moi, une pulsion qui me poussait à espérer qu'il remporte un jour l'un de ses combats. Malgré tout, je ne pouvais qu'admirer ses performances impressionnantes. En regagnant ma chambre, mon reflet dans le miroir révélait un visage aux teintes rouge pivoine, accompagné d'une légère accélération cardiaque.

Va-t-il venir chez moi ? C'est bien possible. Entre maudire et remercier M.Guilbert, je ne sais quoi faire, Ah la la...

L'excitation montait doucement, car c'est peut-être enfin le moment que j'attendais depuis tout ce temps.

"Rozalie, ma chérie, peux-tu ouvrir ? Je crois qu'un client vient d'arriver", la voix de ma mère retentit depuis la cuisine. D'habitude, je ne rechignais pas, mais cette fois, c'était différent.

Je pris une profonde inspiration en fermant lentement les yeux puis me décida à ouvrir la porte pour découvrir le jeune garçon devant moi. Ses cheveux étaient attachés à la suite de son entraînement, un changement inhabituel par rapport à sa chevelure longue et sombre qui avait l'habitude de flotter librement. Alors que nos regards se croisaient, mon cœur fit un léger sursaut face à la beauté du jeune garçon. Léon fut le premier à briser le silence par un simple.