Chapitre 14

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Point de vue Léon Foxegrave

Je me suis réveillé en sursaut, le corps trempé de sueur, sans même me rappeler comment j'avais atterri dans mon lit. Le soleil matinal agressait mes yeux encore lourds de sommeil. Mes souvenirs étaient flous, mais la douleur intense qui m'avait fait m'effondrer sur mon lit me rappelait que j'étais toujours malade. Malgré ma faiblesse persistante, la fièvre avait légèrement diminué, juste assez pour que je puisse me lever. En m'assurant de bien me couvrir et de dissimuler mes cheveux, je me suis dirigé vers la maison de Rozy. J'ai frappé à la porte pour prévenir sa famille de ne pas s'inquiéter de mon absence et leur dire que j'étais malade. Cette fois, c'est Karl qui m'a accueilli.


"Bonjour Léon, tu as vraiment mauvaise mine," m'a-t-il salué d'un air désolé.

"Bonjour, effectivement, je ne me sens pas très bien. Je pense qu'il vaut mieux que je mange seul pendant quelques jours," ai-je répondu d'une voix faible, tenant ma serviette du mieux que je pouvais.

"Oui, nous nous en doutions. D'ailleurs, ma fille est-elle bien passée te voir comme nous le lui avions demandé?"

J'ai essayé de réfléchir, mais aucun souvenir ne me revenait. "Rozalie? Je ne sais pas. On s'est croisé hier matin, mais on a fini par se disputer."

Karl se gratta la tête, visiblement ennuyé. Il m'a raconté qu'hier soir, sa femme s'était inquiétée de ne pas me voir. Elle lui avait dit m'avoir aperçu, pâle et mal en point, après mon retour du quartier commercial, complètement trempé. Inquiète, Nelia avait alors envoyé sa fille à ma rencontre. Quand Rozalie était revenue, elle n'avait rien dit, mais ses parents l'avaient trouvée étrange. Karl insista de nouveau, mais ma réponse resta la même.

"Je ne sais pas, je n'en ai aucun souvenir. Je vous prie de m'excuser, je vais retourner me reposer."

J'ai rapidement interrompu la conversation, le mal de tête revenant à mesure que je restais debout. J'étais désolé pour Karl, qui essayait de prendre de mes nouvelles, mais la frustration de ne pas avoir accompli ma mission à cause de cette fièvre minait mon moral. Cette journée étant la dernière à ma disposition, il était désormais trop tard pour offrir un cadeau. Moi et les autres n'aurions jamais le temps de rassembler l'argent nécessaire. En rentrant chez moi, attristé par les événements, j'aperçus un grand carton bien emballé devant ma porte. C'était curieux car je ne l'avais pas remarqué en sortant. Je me suis empressé de rentrer avec le paquet, intrigué de savoir qui l'avait déposé. J'espérais simplement que ce ne soit pas un mauvais coup d'un habitant, car je n'étais pas d'humeur.

Quelle ne fut pas ma surprise de découvrir à l'intérieur une lettre, une bourse bien remplie, et surtout une longue boîte contenant ce qui semblait être une épée. J'ai immédiatement pris la lettre pour en lire le contenu.

Cher Léon,

Je tiens à te présenter mes excuses pour mon comportement passé. Mon fils m'a raconté l'acte courageux dont tu as fait preuve lors de ta mission, et je regrette sincèrement mes paroles blessantes. Malgré mes insultes, tu as bravement volé à son secours, et pour cela, je t'en suis extrêmement reconnaissant.

Cependant, en raison des relations professionnelles avec les habitants de l'île, je me vois contraint de maintenir une certaine distance, à contrecœur. J'espère que ce cadeau pourra exprimer ma sincérité. Comme je te l'avais mentionné, aucune arme de mon échoppe ne peut narrer ton histoire, alors je t'en ai spécialement confectionné une sur mesure. Elle n'a pas de nom ; appelle-la comme bon te semble, mais choisis bien, car c'est elle qui t'accompagnera dans ton périple.

P.S. Si jamais tu deviens une célébrité, n'hésite pas à attribuer cette arme à ma boutique. Cela me fera une excellente publicité !

Cordialement, Neatl Deledria

Le gardien du mana éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant