Point de vue de Léon Foxegrave
Alors voilà, c'est fini. Ai-je fait le bon choix ? Rozalie... Es-tu encore en vie ? Mille et une question tournoyaient dans mon esprit. Est-ce ainsi que la mort se présente ? Mon esprit vagabondait dans les abysses. Soudain, une lueur perça l'obscurité, comme si mes pensées émergeaient d'un profond sommeil. Des bruits étouffés se mélangeaient, et la lumière filtrait à travers mes paupières. Mes muscles semblaient engourdis... Mes muscles ? Avais-je un corps ? Une étrange sensation de légèreté m'envahissait. La réalité se frayait peu à peu un chemin.
Entre confusion et conscience, mon esprit oscillait, comme si je venais de traverser un tunnel mystérieux. Des voix indistinctes parvenaient à mes oreilles, et j'essayais de rassembler mes pensées dispersées. La lumière s'intensifiait, les contours du monde prenaient forme, mais je me sentais encore prisonnier d'un étrange entre-deux.
Peu à peu, je prenais conscience de ma situation. J'étais toujours en vie. Levant péniblement les yeux, je vis le toit d'un bâtiment inconnu. J'attendis un moment avant de reprendre pleinement possession de mon corps, me sentant faible et fatigué. Une personne que je ne connaissais pas apparut alors, visiblement surprise par mon réveil.
"Bonjour, mon garçon," dit l'inconnu d'un ton solennel.
Je n'avais jamais vu cet homme auparavant, mais son air âgé, son armure métallique et sa carrure me faisaient penser à une personne importante. Il devait avoir entre 45 et 50 ans, une énorme cicatrice traversant la moitié de son visage, ses cheveux bruns virant peu à peu au gris, et une cape rouge ornée de dorures tout autour. Je la reconnus immédiatement. C'était la même que celle que portait mon père, celle des chevaliers de plus haut rang.
"Nous t'avons trouvé inconscient dans les ruines. Je devais te rencontrer ce jour-là, mais..."
Donc, j'étais bel et bien vivant ? Mais comment était-ce possible ? Je passai ma main sur mon corps, frissonnant, aucune blessure n'était visible. C'était impossible. Je me souvins de ce moment : la peur, Rozalie, la douleur, et enfin ce rêve étrange. Une migraine soudaine me saisit, me tenant le crâne. Les souvenirs affluaient peu à peu, mon père était là, dans les ruines, me tenant dans ses bras...
"Mon père, où est-il?" demandai-je d'une voix encore faible.
"Ton père, il..."
L'inconnu semblait hésiter à me révéler cette nouvelle. Mes souvenirs se clarifiaient peu à peu. Mon père, terriblement blessé, mais... ce n'était qu'un rêve, n'est-ce pas ? Un horrible sentiment nouait mon estomac. Je redoutais les paroles de mon interlocuteur.
"J'ai... j'ai, mon père, il me tenait dans ses bras... ce n'était pas réel, n'est-ce pas ? Vous m'avez trouvé seul... Pas vrai ?"
Un silence pesant envahit l'espace, mon cœur s'emballant à l'absence de réponse de l'inconnu. Peu à peu, la vérité se dessinait devant moi.
"Ce n'était pas un rêve... Ton père, on l'a trouvé à tes côtés."
"Où est-il ? Où est mon père ?"
"Guilbert, il est..."
"Ne terminez surtout pas cette phrase, je vous en supplie !"
Au fond de moi, je l'avais déjà pressenti. Ce moment de bonheur fugace, la rencontre avec des amis... Tout ne pouvait pas être aussi simple. L'homme se leva et posa une main réconfortante sur mon épaule.
"Je suis désolé, mon garçon, il a été enterré il y a quelques jours."
"Ce n'est pas vrai... Je n'y crois pas. Mon père est un chevalier saint, il ne peut pas mourir aussi facilement."
VOUS LISEZ
Le gardien du mana éternel
FantasyDans l'île enchantée de Solken, Léon, un jeune garçon trouvé dans les ruines, est adopté par le chevalier Saint Guilbert, devenant ainsi l'héritier d'une noble lignée. Mais en tant qu'étranger, il est rejeté et marginalisé. Rozalie, une fille intrép...