Chapitre 20

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Je suis retourné en cours les jours suivants. J'ai appris à cette occasion que Daïn avait éveillé ses pouvoirs et qu'il s'entraînait en secret pour les utiliser. J'avoue que j'étais impatient de voir de quoi il était capable. Connaissant les pouvoirs de son père, cela aurait sûrement un rapport avec la taille des objets ou quelque chose de similaire. Désormais, plusieurs personnes partageaient mon secret concernant mes pouvoirs d'hérétique : Rozalie, Daïn, Noa, Aaron et... Silva, qui n'était d'ailleurs pas revenu à l'école depuis ce jour.

Ce qui m'étonnait le plus, c'était de constater qu'aucun adulte n'était venu frapper à ma porte, ce qui signifiait qu'ils n'avaient encore rien révélé et gardaient cela secret. À vrai dire, j'étais tout de même curieux de savoir comment il allait, même si je ne lui pardonnais toujours pas d'avoir blessé Rozalie.

Depuis ma reprise des cours, j'y assistais avec beaucoup plus d'assiduité. Je savais que c'était la dernière année et qu'il était un peu tard pour m'y mettre sérieusement, mais je prenais des notes sur tout ce que le professeur enseignait. À la fin des cours, je demandais même à Noa si je pouvais lui emprunter quelques livres ou s'il pouvait me donner des leçons, ce qu'il appréciait faire d'ailleurs. Je réalisais que je ne connaissais rien de cette île et de notre monde. Si je voulais que les mentalités changent petit à petit, je devais commencer par moi-même.

Depuis quelque temps, j'avais recommencé à espérer pouvoir devenir un habitant à part entière. Le premier à remarquer mes efforts était le professeur avec lequel je ne m'entendais pas, Thélio Medifor. Cet enseignant d'un certain âge avait la critique facile à mon encontre, mais depuis quelque temps, il me paraissait beaucoup plus calme.

Il me disait même quelques mots d'encouragement suite à mes efforts visibles. C'était étrange car je l'avais toujours vu d'un mauvais œil, et pourtant mon regard envers lui commençait doucement à changer. Malgré tout, je gardais une certaine méfiance suite à ce que j'avais subi de la part de Roland.

Un jour, alors que je m'entraînais chez moi, alternant entre méditation et maniement d'épée, j'entendis quelqu'un frapper à la porte. Sur le moment, j'ai tout de suite pensé aux trois compagnons d'Aaron. Je les attendais avec impatience, mais j'avais aussi une certaine inquiétude concernant mon cousin.

 J'ai pris un moment avant d'ouvrir la porte, espérant être suffisamment présentable et digne de représenter la famille Foxegrave. En ouvrant la porte, je n'ai vu qu'une seule personne, absolument pas celle à laquelle je m'attendais.

"Silva?" dis-je, surpris.

"Je peux entrer?"

J'avais envie de lui claquer la porte au nez après tout ce qui s'était passé, mais en même temps, j'étais curieux de sa présence. J'avais toujours pensé que lui et moi nous ressemblions d'une certaine manière. Après réflexion, je lui fis signe d'entrer. Si Rozalie l'avait vu dehors, elle l'aurait chassé sans hésitation.

Silva entra, observant la maison avec attention. Il s'arrêta devant le symbole de notre famille, le renard qui, même blessé, gardait sa fierté et trouvait le courage de faire face à l'adversité. Il soupira avant de déclarer : "La famille Foxegrave, réduite à vivre comme des moins que rien, quelle ironie..."

"La faute à qui?" m'exclamai-je avec un léger agacement.

Un lourd silence s'installa. Je ne savais toujours pas pourquoi il me rendait visite après tout ce temps d'absence à l'école, mais il n'avait pas l'air de vouloir parler, ou plutôt, il ne savait pas quoi dire.

Tentant de briser ce silence pesant, je me souvins de son entraînement avec Roland et lui demandai de m'accompagner dans la cour. Silva me suivit sans discuter. À ce moment-là, je ramassai une épée en acier qui traînait et la lui tendis.

Le gardien du mana éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant