Chapitre 27

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Après avoir secouru le groupe Sud, Alan nous a vertement réprimandés, arguant que nous étions trop jeunes pour nous impliquer dans de telles missions. Pourtant, malgré ses remontrances, j'ai pu discerner une certaine satisfaction dans son regard, comme s'il était fier de notre bravoure. Grâce à cela, mes doutes se sont dissipés, et j'ai réellement compris qu'il était une personne de valeur.

À cette période de l'année, les fleurs commençaient à éclore, annonçant l'arrivée imminente du printemps. Le village célébrait cette occasion avec une tradition des plus agréables : le bal floral. Durant cette fête, chacun se parait de fleurs et devait amener un partenaire de danse. Cette ancienne coutume prétendait aider les fleurs magiques à éclore pleinement.

Bien que j'aie toujours été solitaire et que ce genre de festivité ne m'ait jamais intéressé, je n'étais pas dépourvu de talent en danse. Mon père n'avait pas usurpé son titre de *Virtuose Sanguinaire* uniquement pour ses capacités exceptionnelles, mais aussi pour ses compétences en danse. Visiblement, il tenait à ce que je maîtrise cet art, héritage d'une longue tradition familiale.

 Autrefois, la famille Foxegrave utilisait cette compétence pour charmer les demoiselles issues de familles influentes, assurant ainsi leur ascension sociale. Bien entendu, de nos jours, une telle pratique est révolue, mais mon père était déterminé à me transmettre ce savoir. Malgré tout, je n'avais pas l'esprit à cela, quelle que soit la volonté de mon père.

En guise de punition, Alan a tout de même demandé à Silva et à moi d'aider à l'organisation du bal pendant quelques jours. Au début, je n'ai pas saisi la raison derrière cette décision, mais après réflexion, j'ai réalisé qu'en fait, il cherchait à m'impliquer de manière détournée dans les événements de l'île. Silva, le jeune garçon aux cheveux argentés, était furieux, mais il a finalement accepté cette corvée.

Nous nous sommes rendus à l'orée des forêts environnantes où nous avons cherché des fleurs magiques de différentes variétés, telles que la Rougevive, qui méritait pleinement son nom car elle émettait une vive lueur variant selon la luminosité, ainsi que des Polnel, des Auroflora et bien d'autres. Nous avons ajouté à notre panier un assortiment coloré et enchanteur pour les yeux.

"Pfff, Léon, je suis vraiment furieux, mais au fond, c'était la bonne chose à faire, n'est-ce pas ?" s'insurgea Silva, tirant les pauvres fleurs qu'il trouvait sur son passage de manière agressive.

Après réflexion, j'ai acquiescé : "À force d'entraînement et de méditation, j'ai appris à détecter l'aura. Je me dis que si nous n'étions pas intervenus, cela aurait pu causer plusieurs blessés."

"C'est ce que je me suis dit aussi. D'ailleurs, la méditation, ça vaut vraiment le coup ?" demanda-t-il, les sourcils froncés.

"Je pensais aussi que ça ne servait à rien, mais au départ, j'avais du mal à maîtriser le flux de mon mana, qui a tendance à varier à cause de... enfin, tu sais. Mais oui, la méditation est plutôt utile, et mon père l'utilisait régulièrement."

"D'accord. Bon, moi et le calme, ça fait deux, mais je vais tenter le coup, surtout si Messire Guilbert te l'a enseignée."

J'ai souri, remarquant à quel point il semblait respecter mon père. "J'ai remarqué. Ton comportement agressif pourrait bénéficier d'un peu de calme."

Je lui ai expliqué qu'en plus de la détection de l'aura, on pouvait également évaluer le niveau de mana de son adversaire ou encore utiliser le flux de guérison. Je trouvais étonnant que Roland ne lui ait jamais enseigné quelque chose d'aussi vital. Plus surprenant encore, aucun membre de la patrouille que nous avions secourue n'était capable d'utiliser cette capacité. Peut-être leur effectif ne comptait-il que des personnes relativement faibles ? Cela signifiait-il qu'Asche minimisait vraiment la protection du village ?

Le gardien du mana éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant