Point de vue de Rozalie Lando
Les semaines s'écoulaient sans encombre. La fin de l'année scolaire touchait à son terme, nous rapprochant un peu plus du statut d'adultes. Bientôt, il ne nous resterait qu'une seule année à franchir avant d'y parvenir. Enfin, je pourrais me consacrer en entier à la réalisation de mon rêve. Léon avait enfin intégré notre cercle d'amis. Récemment, il passait beaucoup de jours avec Daïn, et il était indéniable qu'il lui mettait la pression. Après les cours, ils se retrouvaient régulièrement près d'une clairière pour s'entraîner. Au début, Daïn peinait à suivre le programme imposé par Léon, qui se révélait d'une sévérité que je ne lui connaissais pas. C'était peut-être un trait hérité de son père, mais cela portait ses fruits, car Daïn progressait à pas de géant.
De son côté, Noa préférait s'adonner à la lecture, un passe-temps plus paisible et moins exigeant. Cependant, il gardait un œil vigilant sur les deux garçons. Bien que son intérêt pour l'entraînement fût limité, il se montrait fasciné lors des duels, devenant un spectateur attentif. Depuis l'incident avec Silva, ce dernier ne nous avait plus causé de soucis. Il semblait que Léon lui avait infligé une correction sévère qui avait dû entamer sérieusement sa fierté. J'avais aussi entendu dire que M. Foxegrave et M. Starcrest avaient eu une vive discussion à ce sujet.
Dans l'ensemble, tout se déroulait pour le mieux. Maintenant que Léon était pleinement intégré, je souhaitais l'impliquer dans le projet que mes amis et moi avions élaboré depuis notre enfance. Comme chaque soir désormais, nous nous rendions visite à tour de rôle. C'était devenu notre petit rituel, et j'appréciais énormément ces moments qui me permettaient de mieux connaître Léon. Je soupçonnais mes parents d'être déjà au courant, mais ils préféraient sans doute feindre l'ignorance. Par précaution, je décidai de ne pas en parler à ma mère, craignant ses taquineries pour les cinq années à venir si elle apprenait la nouvelle par d'autres moyens.
"Salut Léon ! Comment s'est passé l'entraînement cette fois-ci ?" lançai-je en esquissant un sourire.
"Salut Rozalie ! On s'est encore affrontés à l'épée, mais il laisse trop d'ouverture, il a une fois de plus perdu. J'étais d'ailleurs en train de réfléchir au prochain gage," dit Léon d'un ton malicieux.
Les petits défis entre lui et son père étaient monnaie courante, c'est aussi en partie grâce à cela que nous nous sommes rapprochés. Ces moments étaient précieux. Léon avait considérablement évolué ces derniers temps, rayonnant d'une vivacité nouvelle qui me ravissait. Mon souhait le plus cher était désormais qu'il devienne un membre à part entière de l'île, et peut-être alors pourrions-nous...
"Eh tête de linotte, tu rêvasses encore ? Tu sais aujourd'hui, mon père n'est pas là, donc tu peux faire tout le bruit que tu veux."
"Hey ! Vilain garçon ! Mais dis-moi, il s'absente régulièrement en ce moment ?"
"Oui, c'est vrai que je ne l'ai jamais vu me laisser aussi souvent... Enfin, ce n'est pas grave, je suis en très bonne compagnie, également."
Parfois, je me demandais s'il disait cela sérieusement ou s'il cherchait juste à susciter une réaction, à la manière de ma mère. En tant que filles appréciant les compliments, les siens me touchaient d'une manière particulière. Il ne restait plus aucune trace de la solitude qui le caractérisait il y a quelques mois, ça, c'était du passé ! J'adorais cette nouvelle facette de sa personnalité.
"Léon, je me pose une question. Tu sais, les ruines de l'île, tu ne t'es jamais demandé pourquoi tu as été retrouvé là-bas?"
Il prit un court instant pour réfléchir, les yeux fermés. Il était malin, je suis certaine qu'il avait déjà deviné où je voulais en venir.
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Le gardien du mana éternel
FantasyDans l'île enchantée de Solken, Léon, un jeune garçon trouvé dans les ruines, est adopté par le chevalier Saint Guilbert, devenant ainsi l'héritier d'une noble lignée. Mais en tant qu'étranger, il est rejeté et marginalisé. Rozalie, une fille intrép...