Chapitre 34

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Point de vue de Rozalie Lando

La confusion régnait au plus profond de moi, j'étais sur les nerfs, mais aussi soulagé. J'en voulais surtout à Léon de m'avoir caché sa petite escapade, j'aurais désiré l'aider et ce que j'ai n'ai pas apprécié c'est qu'il ne me fasse pas confiance, au point de ne pas me révéler sa nouvelle proximité avec Silva.

Quand celui-ci est venu chez moi, j'ai cru que j'allais l'étrangler. Cependant, au moment où il m'a avoué que Léon était peut-être en danger, je n'ai eu d'autre choix que d'écouter ce qu'il avait à me dire. Lui aussi était blessé, malgré cela je lui en voulais d'avoir laissé mon ami seul. De plus, il semblait s'être rapproché de Garenn, ce sale type, alors qu'il savait très bien que c'était un meurtrier et violent envers son propre enfant. Je lui avais pourtant appris tout cela, et il avait vu de ses yeux Daïn recevoir un coup de sa part, donc je ne comprenais pas. Pour couronner le tout, il était parti sans rien me dire, bien que je pensais être digne de confiance.

Je voulais lui faire entendre que ses petites cachotteries ne me plaisaient pas et que j'étais là pour lui. J'avais la désagréable sensation qu'il me m'était à l'écart, sans doute parce que je n'avais aucun pouvoir. C'est ainsi que j'ai participé à la recherche de Léon, Silva et son père ayant donné l'ordre de le chercher. Quand je l'ai aperçu, le regard éteint, toute ma rancœur s'est estompée en un instant. Pour la seconde fois, je l'ai vu complètement brisé, et il s'excusait en boucle. Je n'ai pu m'empêcher de verser une larme à mon tour ; le découvrir dans un tel état était douloureux. Je suis resté à son chevet toute la nuit. Même s'il voulait que l'on s'éloigne momentanément, je ne pouvais m'y résoudre avant de savoir qu'il allait mieux.

Je l'ai également observé une bonne partie de la journée, le temps passant sans que je m'en rende compte. À vrai dire, je ne m'en lassais pas ; voir son visage aussi doux et reposé réchauffait mon cœur.

Après quelques heures, il s'est enfin éveillé et m'a fixé avant de détourner le regard.

"Tiens j'aurais pensé que ma jolie bouille t'aurait plus à ton réveil?" ai-je tenté avec une pointe d'humour.

"Rozalie, que fais-tu là? J'espère que tu ne m'as pas tenu compagnie pendant que je dormais?"

J'ai baissé les yeux, légèrement intimidée. Son comportement semblait plus sévère, et je n'aurais jamais imaginé qu'il puisse réagir ainsi, surtout pas après l'avoir retrouvé en larmes.

"Eh bien, oui, j'étais préoccupée, je n'aurais pas dû?"

"Non, il ne fallait pas. Concentre-toi sur tes objectifs et laisse-moi."

J'étais perdue. Pourquoi était-il si froid à son réveil? Je n'avais rien fait, et cette sensation qu'il cherchait à s'éloigner de moi a ravivé la colère que j'avais réussi à réprimer.

"Mais j'étais inquiète ! C'est tout ! D'ailleurs, j'ai appris que tu t'entendais bien avec Silva. Tu comptais me l'annoncer un jour?"

"Eh bien, je..."

"Et tant qu'on y est, que faisais-tu avec Garenn? Je ne t'avais pas dit de l'éviter?"

"En quoi ça te regarde, Rozalie? Je fréquente qui j'ai envie."

"Mais c'est un meurtrier ! Ça ne te gêne pas? Tu t'écartes de moi et tu traînes avec des personnes qui blessent les autres. Je suis vraiment déçu..."

Léon s'est levé et a éclaté de rire, un rire que je n'arrivais pas à qualifier, froid, lointain... Une distance s'était subitement créée entre nous. Il s'est mis devant une de ses étagères et l'a tapée de toutes ses forces. J'ai sursauté de peur, ne m'attendant certainement pas à cette réaction.

Le gardien du mana éternelOù les histoires vivent. Découvrez maintenant