Chapitre 6 :

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Lorenzo étouffait, dans ce petit appartement de la principauté, dans ce petit salon, assit sur ce petit canapé, serré entre Charles et Arthur. Il étouffait face au regard appuyé de l'hôte, qui ne cesse de fixer les mains de Lorenzo, comme si elles allaient lui sauter à la gorge. Il se sent comme un animal en cage, et Kal lui apparaissait comme un humain effrayé par sa dangerosité. Pourtant, il en est presque convaincue, il n'avait rien fait.

Alors il se laissa juste un peu plus étouffer. Il plongeait dans sa propre misère, et sa mère ne cherchait qu'à appuyer sa tête, pour qu'il reste sous la surface. Et, Lorenzo lui en voulait, de pas réussir à gérer son chagrin, car aujourd'hui, cela avait des conséquences sur Kal et son ami, qui n'avaient clairement rien demandé.

-" Tout va bien, Lorenzo ?"

Charles ne manquait rien du désespoir de son frère, de sa chute, tout comme Arthur. Mais celui-ci était déjà occupé à couper sa mère, alors qu'elle faisait la conversation seule.

Elle dialoguai, avec elle-même, ne faisant que venter ses fils. Arthur qui était pilote de Formule 2. Combien ils avaient de voiture dans le garage. Lorenzo qui brillait dans la finance. Le nombre de salon dans leurs maisons. Charles qui était en Formule 1. L'argent qu'ils pouvaient dépenser sans faire attention.

Pascale parlait ici de sommes tellement astronomique, qu'il était impossible pour Achille d'imaginer ce que cela pouvait représenter. Alors il se contentait d'hocher vaguement la tête, grognant de temps à autres des réponses brèves. Avec Arthur, ils n'arrivaient à la couper, mais Achille était heureux de voir cette famille pas si parfaite que ça. Souffrir, comme eux ils pouvaient souffrir.

-" Charles, il faut qu'on parte. Il faut qu'on la fasse taire, c'est pas possible." Chuchota Lorenzo à son frère, alors qu'il se noyait dans sa propre douleur.

Voila que Lorenzo venait de perdre pied. Il ne supportait plus cette ambiance mal-saine, ni de voir sa mère torturer ainsi cette famille, qui n'avait rien fait, à part perdre un frère. Pendant si longtemps, il avait cherché à excuser sa mère, à lui pardonner chacun de ses faux pas, mais aujourd'hui, il lui semblait qu'elle franchissait cette ligne si limite.

Elle venait de le briser, autant qu'elle brisait Kal. Et cela, Charles sembla le saisir, alors qu'il se leva brusquement du canapé, entraînant un sursaut de la part de sa mère, qui coupa enfin court à sa tirade. Elle respirait fort, comme si elle venait de courir un marathon, et ses mains tremblaient.

-" Excusez-nous, mais on va devoir y aller."

Le ton ferme ne manqua pas à Kal et Achille, qui furent soulagés de voir enfin quelqu'un agir pour que ce cirque s'arrête. Pendant un temps, ils avaient crut être les seuls à trouver lunaire, ce que racontait Pascale.

-" Nous sommes désolé que ce repas se soit déroulé ainsi, mais notre mère ne se sent pas bien. Nous allons la ramener chez nous."

Ce fut ainsi que, en un instant, ils s'évaporèrent du petit appartement, alors que les deux autres frères prononcèrent eux aussi des excuses. Une fois l'air frais de la mer frappant le visage de Lorenzo, il se permit de respirer un grand coup, alors que son corps se laissa glisser sur le banc, en face de l'immeuble de la jeune femme.

-" Vous avez bien fait de partir. J'essayais de la stopper, mais c'est comme si elle était dans une transe."

Et maintenant, Pascale semblait sans vie. Un simple corps éteint, désabusé de toutes les émotions qui la traversaient. Il fut rapidement décidé que Charles s'occuperait de la ramener, alors que Lorenzo irait dormir dans l'appartement d'Arthur, qui insistait pour ne pas le laisser seul.

Les trois frères en voulaient terriblement à leur mère, et Charles tentait, tant bien que mal, de canaliser sa colère, alors que la personne qui se trouvait à ses côtés, lui semblait si inconnue. Il l'emmena difficilement jusqu'à sa chambre, où il ne pût que retenir ses sanglots, lorsqu'il entendit les derniers mots que sa mère prononça, avant qu'elle ne sombre.

-" Mais qu'est-ce que j'ai fait..."

La fin du monde | Charles LECLERCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant