La fin du monde | Charles LECLERC

Chapitre 11 :

Elle l'avait promis, mais pourtant, Kal n'arrivait pas à se lever de son lit. Comment aurait-elle pu ? Son monde venait de s'écrouler. Elle tentait pourtant de penser à sa promesse, faite à Achille, mais cela semblait au dessus de toutes ses forces. Rien que de l'imaginer, provoquait en elle un tourbillon de panique et d'angoisses.

Il était plus que son frère. Il était plus que n'importe quel lien de sang. Il était toute sa vie. Elle n'avait pas d'autres familles, et les seules autres personnes présentes dans sa vie se comptaient sur trois doigts.

Durant si longtemps, la vie, Kal ne l'avait connu qu'à deux. Jamais elle n'avait passé plus d'une journée sans parler avec son frère ; sans qu'ils partagent des moments. Et maintenant, tous leurs projets, tous leurs souvenirs, rien de tout cela n'existait plus. Tout allait finir par disparaitre, et Kal avait peur de ne plus exister. Que lorsque tout cela s'envolerait, elle partirait aussi. Et que son frère serait définitivement mort.

Car elle était la seul à s'en souvenir.
La seule au monde à savoir combien son frère était formidable, à quel point il comptait, et comment il était indispensable à sa vie.

Il n'y avait qu'elle pour se rappeler de son passé, et seulement lui pour la comprendre si parfaitement.

Il était son monde. Et il venait de la quitter.

Alors, même si elle l'a promit à Achille, elle n'arrive pas à sortir de son lit. Que fera-t-elle, alors que plus rien ne l'attend ? Comment pourra-t-elle occuper ses journées ? A qui Kal pourra-t-elle se confier ?

Kal n'avait ni famille, ni une personne qui partage sa vie. Elle tenait ses amis éloignés depuis si longtemps maintenant qu'il serait bien trop égoïste de les rappeler dans un moment pareil.Elle ne pouvait plus compter que sur elle-même.

Alors Kal resta enfouie sous les draps lourd. Elle ne se rendit pas compte qu'il ne pesait sur elle que le sentiment de la tristesse et de la déception.

Elle était déçue d'elle même. Car elle n'arrivait pas à se relever. Et puis, après tout, en ce moment même, elle la seule à pouvoir contempler sa propre médiocrité.

-" J'y arriverais jamais. Je suis désolée."

Et seuls des gémissement comblèrent le silence de l'appartement, mélangé à ses sanglots. Kal se tordait de douleur dans son lit, ses doigts grattant frénétiquement sa brûlure.

De l'extérieur elle semblait envahi par une entité. Et c'était le cas, si l'on considérait la douleur comme tel.

Et le seul élément qui fut capable de sortir Kal se cette torpeur fut la sonnerie de son téléphone. Si elle ne tient pas compte de l'image affichant une photo d'un certain pilote, la jeune femme resta obnubilée par la sonnerie. Celle-ci provenait d'un veille enregistrement provenant d'une cassette d'il y a plus de 10 ans. À l'époque où son frère voulait devenir une rock star.

Sur cette mélodie, une composition originale de Kal, son frère avait parlé d'une plage que les deux avaient découvert quelques temps plus tôt. Ce paysage, hors du temps, avait eu le don de totalement les hypnotiser.

Et, comme un miracle, Kal se leva. Il n'y avait pas à dire, son frère faisait, malgré son départ, toujours des merveilles. Et c'est sûrement pour cela qu'elle s'y rendit, avec presque le sourire aux lèvres.

Merci.