Chapitre 28 :

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Kal se devait de le faire. À la fois pour lui que pour elle. Elle ressentait le besoin de s'expliquer, avant de s'éclipser. Comme un dernier coup de théâtre avant la fermeture des rideaux. Alors, en l'honneur de leur courte histoire, Kal devait des excuses à Charles, des explications.

Et elle en avait besoin. Si elle voulait faire son deuil, comme lui avait conseillé Pascale, elle devait tracer un trait sur chacune des choses nocives la reliant à son frère. Charles en faisait partie, mais il était temps pour elle de dire adieu à cette mascarade.

-" J'ai cru rêver quand j'ai reçu ton message."

Charles avait toujours été la personne compréhensive. Celle qui acceptait chaque remarque, se nourrissant des paroles des autres, sans jamais rien dire. Il pensait toujours que chaque action avait sa raison, et se sentait prêt à excuser n'importe quelle action.

Mais cette fois-ci, s'en était trop pour lui. Il avait crut perdre son frère, et cette même nuit là, Kal l'avait quitté. Et jamais rien ne lui avait sembl si douloureux depuis des années.

-" Je suis désolée de revenir comme ça Charles, mais je pensais pas non plus te revoir un jour."

-" Décidément, je ne sais pas pourquoi tu reviens maintenant, mais si c'est pour continuer de me blesser, ne t'en fais pas, je le suis déjà assez."

Et ce ne fut qu'après sa remarque que Kal comprit que son choix de mots maladroits. Il est vrai que pour aborder une conversation, avouer qu'on ne comptait plus jamais revoir cette personne n'était pas la meilleure des introductions.

Mais Kal restait Kal, et elle se devait d'être honnête. Et dans les faits, en quittant l'hôpital, la jeune métisse était dans l'optique de ne plus jamais le revoir, ainsi que toute sa famille.

-" Je sais que je te dois des explications. Mais sache d'abord que je suis désolée que ce soit passées comme ça."

-" Tu es désolée de quoi en fait ? D'être partie sans rien dire alors que mon frère était entre la vie et la mort ? De m'avoir brisé le cœur ? Ou de revenir comme une fleur, l'air de rien ?"

Les mots étaient dures, mais la vérité se trouvait là. Charles aurait souhaité être diplomate, agir comme si la femme en face de lui ne lui procurait pas d'étranges sentiments. Mais il ne parvenait plus à se contrôler, et cela, depuis la soirée à l'hôpital.

-" Charles, tu savais dans quoi on s'embarquait. Je te devais rien."

Pas une excuse. Rien. Aucun regret. Et cela ne faisait qu'augmenter la colère du monégasque envers la grecque. Elle ne le considérait même pas un peu. Il n'avait aucune importance.

Il l'aimait. Tout comme il aimait sa mère, Joris ou encore Pierre. Pas de la même manière, certes, mais cela avait la même valeur, et la sensation qu'il éprouvait était d'une intensité telle qu'il se demandait comment il pouvait toujours tenir debout.

-" Tu es restée avec moi, malgré le fait que tu saches mes sentiments. Je comprends pas pourquoi."

-" Tu me faisais penser à mon frère. Quand j'étais avec toi, ça allongeait le rêve dans lequel Ale serait encore vivant."

-" On aurait pu essayer de construire quelque chose, ensemble."

Charles ne comprenait pas la douleur permanente émanant du corps de Kal. Perdre son frère, fut sûrement la plus douloureuse des épreuves. Il était le dernier membre de sa famille. Sans lui, elle n'avait plus rien ; ni parents, ni grands-parents, ou encore cousins. Il lui restait Achille. Une seule personne. Dans le monde entier, il ne lui restait que lui.
Personne d'autre.

Sa colère était sans nom. Son désespoir était la seule chose qui la maintenait en vie. Et Charles lui rappelait juste ce que c'était de se sentir vivante.
De ressentir quelque chose.
D'éprouver quoi que ce soit.

-" Avec ma famille, on t'aurait aidé à faire ton deuil. Tu m'aurais enfin montré cette plage que tu aimes tant ! Et on le peut toujours ! Kal, je veux vraiment vivre quelque chose avec toi. Je suis prêt à oublier ces trois dernières semaines ! S'il te plaît."

Et encore une fois, Charles ne fit qu'enflammer les ressentiments de la brune. Il était égoïste. Il ne cherchait que son bonheur, sans se soucier de la douleur de Kal. Et cela, elle ne le supportait pas.

-" Punaise Charles, ouvre les yeux ! Tu ne me plais pas. Je suis restée avec toi parce que tu me faisais sentir vivante. Chaque émotion que tu me transmettait n'était que douleur et souffrance. Aucune douceur. Quand on était ensemble, je ne voyais que le visage de ton frère. Quand je fermais les yeux, après qu'on ait couché ensemble, je rêvais de Lorenzo, tentant d'arracher mon cœur. Tu ne me plaisais pas, et c'est toujours le cas."

Et Charles, alors qu'il sortait du café aux murs verts, ne s'était pas attendue à avoir le cœur encore plus brisé. C'était dure d'aimer quand on était le seul.

Mais cela l'était encore plus quand la femme en face de lui ne le voyait même pas. Jamais, elle ne l'avait regardé. Elle ne voyait qu'à travers lui des fantômes de son passé, et elle ne semblait pas prête de faire un effort pour voir au dessus de cela.

Pourtant, Charles était prêt à tout pour être avec elle, dont oublier le fait qu'elle l'avait abandonné durant le pire moment de sa vie. Mais même cela ne suffisait pas.

Elle devait vraiment le détester.

La fin du monde | Charles LECLERCOù les histoires vivent. Découvrez maintenant