Le monde était flou. La Terre tournait. Ou bien était-ce le sol. Quelle importance ? Kal respirait. Depuis des jours, ses poumons semblaient être recouvert d'une empreinte âcre, mais aujourd'hui, tout avait disparu. Plus rien n'avait d'importance.
Seul comptait l'air humide de la vallée, la musique latine résonnant à travers les plafonds, les verres d'alcools, coulant à flot, tels une fontaine. Ne lui parvenait que distinctement ses membres, alors que même sa conscience semblait s'effacer.
Kal ne cherchait pas à retrouver les noms sur les visages, se contentant de percevoir le monde. Tous semblaient flous, et ces corps en mouvements ne firent que frémir sur son passage. Elle ne cherchait pas à les esquiver, au contraire même. A chaque fois que son corps en rencontrait un nouveau, elle se sentait vivre un peu plus.
Mais, contrairement à ce qu'elle laissait paraître, Kal était présente. Elle remarquait bien les sourires absent de ses proches, leurs postures tendues, liées à leurs regard empreints de pitiés. Seulement, elle préféra ne pas en tenir compte, alors qu'elle avalait goulument un premier verre.
Et, une nouvelle fois, une vague de vie s'abattit sur elle, alors que l'alcool lui brûlait la gorge. Si elle devait lister ses prévisions pour cette soirée, cela ne se résumerai en un seul mot.
Vivre.Kal voulait vivre. Et surtout, elle voulait se sentir vivre. Alors elle se dirigea simplement vers un groupe d'inconnus, et se mit à faire la conversation.
Kal voulait oublier. Cet appel, cette soirée, l'après-midi dernière ; la perte, la douleur, sa peur ; tout cela la rendait prisonnière, et il était temps pour elle, qu'elle se lâche quelque peu. Qu'elle se libère de ses chaines douloureuses qui l'empêchaient de de ressentir quoi que ce soit.
Elle ne voulait pas retourner vers ses amis. Elle ne voulait pas retourner sur la Terre. Elle ne voulait pas devoir analyser chacune de leur posture pour deviner ce qu'ils pensaient d'elle. Elle ne voulait pas devoir faire croire que tout allait bien ; faire semblant d'écouter leurs conversations, et d'acquiescer à leurs remontrances.
-" Kal."
Seul ce nom résonna en elle, comme un long écho. Kal reconnaissait la voix. Cette voix qui la suivait depuis toujours. Cette voix qui l'avait, un nombre incalculable de fois, sauvé la mise. Cette voix qui la maintenait si souvent en vie.
-" Achille."
Aucun des deux ne parla, alors qu'ils se retrouvèrent face à face. À vrai dire, Achille ne savait tout simplement plus ce qu'il avait voulait partager à la grecque. Ses mots avaient disparus. Ils l'avaient laissé coi, sans aucun moyen de ramener Kal.
Elle lui semblait si loin, intouchable, inatteignable, et il lui était impossible de ne pas en vouloir à cette famille. Il l'avait mit en garde, de nombreuses fois, lorsqu'elle avait accepté de les revoir au café, mais bien évidement, elle avait joué à la sourde. Et aujourd'hui, elle s'en mordait les doigts.
Kal perdit rapidement patience, alors qu'elle se dégagea d'un mouvement furieux de la main posée sur son avant-bras, à l'emplacement même de son bandage. Ce geste lui provoqua une douleur lancinante, alors qu'elle peinait à se remettre de cette brûlure.
Elle sourit face à cette souffrance, qu'elle savoura avec grand plaisirs, alors qu'Achille haussa les sourcils fasse à cette constatation. Elle prenait plaisirs à ressentir la douleur, et, le temps d'un instant, Achille perdit pied.
C'était douloureux de la voir, disparaître, petit à petit, pour laisser place à une nouvelle facette de sa personnalité. Kal n'était à présent plus que le reflet de ses peurs, et ne semblait être prête à s'en délivrer.
La grecque finit par laisser en plan son ami, et se dirigea vers le bar. Ce meuble abritait les nombreuses boissons les plus fortes, et était ainsi prit d'assaut par une grande partie des fêtards du soir. Kal ne fit que se joindre à la foule.
Après tout, quoi de mieux pour finir la soirée qu'une charmante compagnie. Et c'était bien son nouvel objectif.
-" Je m'appelle Kal. Et toi ?"
La jeune femme prit un malin plaisirs à répondre à Kal, alors que les deux se lançaient des sourires plus qu'explicites. Ce fut seulement lorsque leurs lèvres se rencontrèrent que Kal apprécia le moment.
La main de la femme sur son torse, son cœur palpitait. Elle sentait son souffle se couper. Son corps réagissait, sa tête tournait, alors que s'affolaient tous ses sens. Voilà la nouvelle preuve qu'elle vivait.
En cet instant, elle vivait.
Et le monde tournait.
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La fin du monde | Charles LECLERC
FanfictionLorenzo avait besoin d'un cœur. Le cœur d'Ale était inutile. Ainsi, Charles et Kal se rencontrèrent, un peu après la fin du monde.