Quand le Regret fond vers la Folie 6/9

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Je n'ai pas revue Kitty depuis

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Je n'ai pas revue Kitty depuis.

J'ai passé des heures à errer dans cet endroit, dans ces couloirs lugubres, sans savoir où aller. Chaque nouveau visage que je croise est de plus en plus surréaliste et, malgré moi, j'ai l'impression de devenir comme eux.

Parfois, de par des portes ouvertes, j'ai pu apercevoir ces autres patients dans des états plus que mystérieux. L'un d'eux fixait inlassablement son poste radio sur une fréquence de blanc. Un autre se cachait derrière les rideaux en ricanant doucement, ses grands pieds crochus dépassant du tissu. Une femme, bouffie par les larmes sortant de ses énormes yeux mangeant les trois quart de son visage, était recroquevillée sur un fauteuil, berçant un tas de couvertures en marmonnant des choses inaudibles.

Je n'ai pas envie de les entendre, de toute façon. Tout ce que je veux, c'est rentrer dans ma chambre et dormir. Dormir pour ne plus voir tout ça.

Seulement, je m'arrête à la prochaine porte. Dans l'entrebâillement, je vois une petite silhouette à genoux au sol. Pour une fois, je ne ressens aucune crainte en la voyant. Elle n'est pas difforme, ne porte pas de fleurs ou de crocs. Non...

C'est un humain. Un humain normal, comme moi.

Je pousse un peu plus la porte et fait un pas à l'intérieur. Ce petit gars ne se retourne même pas sur moi, bien trop occupé à dessiner sur le carrelage râpeux à l'aide de pastels. À vrai dire, il y a des dessins partout dans sa chambre, les murs en sont pleins. Des formes étranges, des monstres noirs aux yeux rouges, mais aussi de belles créatures courant dans un luxuriant champ d'herbes vertes. Des bonhommes bâton se tiennent la main, d'autres se déchirent, la tête au sol dans une tâche rouge.

Je rabaisse mes yeux sur l'enfant qui n'a pas bougé. De derrière lui, je ne vois que ses cheveux roux flamboyants et ses coudes tachetés d'éphèlides. Il griffonne, griffonne et griffonne sans s'arrêter. Je me déplace face à lui, afin de lui signaler ma présence. M'agenouillant, je cherche son regard.

Son visage fin et constellé est braqué sur ce qu'il fait, inlassablement. Un visage qui m'est étrangement familier.

Des bribes de conversations me reviennent. Des sessions de jeux et de lecture dans le champ entourant ma maison. Des rires échangés, des bêtises et des promesses. Cet enfant qui me sourit, courageux et sûr de lui quand il sautait du haut du ponton de la rivière, par un bel été, alors que je tremblais de peur à l'idée de le faire.

C'est... c'est impossible...

— D... Duncan ?

Aussitôt, il arrête le cours de sa pastel rouge. 

Un court instant, je crois le temps interrompu. Il lève ses yeux noisette, très lentement, et pose sur moi un regard oscillant entre crainte et curiosité. Je ne sais comment réagir, mon cœur bat à vive allure.

Duncan... Mon meilleur ami d'enfance.

C'est impossible qu'il soit ici. Ça ne peut pas être lui...

𝐑𝐄𝐀𝐋𝐈𝐓𝐔𝐀𝐑𝐈𝐔𝐌Où les histoires vivent. Découvrez maintenant