Duncan a été pris en charge, mais je n'ai pas pu le revoir malgré mes demandes au docteur Serkis. Je commence sérieusement à me dire que tous ce qui nous arrive, autant à moi, qu'à Duncan ou Kitty, est de la faute de ce taré à moustache. Et il pense que je vais rester tranquille dans ma chambre, à gober ses anti-douleurs et ne rien faire pour me libérer... non...
Je refuse de rester ici une seconde plus.
En me promenant un peu, j'ai repéré la porte de sortie, là, derrière la grille séparant le couloir d'entrée de la délivrance. Un cadenas la tient fermée à clés. Lorsqu'elle n'est pas avec les patients dans leurs chambres, la vieille Hetelle y est, à veiller au grain, car le guichet lui sert de bureau. Pas moyen d'atteindre cette porte qui me nargue.
Kitty m'a parlé d'une clé dans le bureau de Serkis...
Il me la faut. À tout prix.
Ce pourquoi, arrivé le soir, j'attends le départ de la vieille Hetelle pour me faufiler hors de ma chambre. J'ai fais semblant de prendre les anti-douleurs, mais les ai cachés sous ma langue. Elle n'en a vu que du feu.
Mon bras guéri, je brise un barreau de metal dans la tête de lit pour m'en faire une arme. Tant pis si je tremble de peur, tant pis si je croise cet être au visage blanc, la lanterne du couloir et mon poignard de fortune m'aideront à peut-être le tenir à distance.
Je me tiens là, au seuil de l'inconnu et des ténèbres. Les couloirs sombres de l'hôpital s'étendent devant moi, tels des bras fantomatiques prêts à m'engloutir. Chaque ombre semble s'animer, me faisant douter de la réalité qui m'entoure. Mes pas résonnent en un écho sinistre que je tente d'étouffer en retirant mes chaussures. Une peur indescriptible serre mon cœur, tandis que mon imagination s'emballe, créant des scénarios terrifiants sous mes paupières.
L'appréhension me tord le ventre, comme si à tout moment je pouvais être confronté à une vision cauchemardesque. Les murs décrépis me surveillent... Dans la lueur de ma lanterne, je perçois quelque chose écrit dessus en lettres rouges...
Encore ? Je dois à nouveau rêver...
Non, il y a bien quelque chose d'écrit ici :
« Le lapin est réel »
Mes sourcils se froncent. J'ai déjà lu ça quelque part...
— Qu'est-ce que tu fais ici ?!
Je sursaute à m'en rompre les os. Une voix ! Une voix féminine vient de retentir non loin. Est-ce la vieille Hetelle ? Je suis prêt à me battre quand ce timbre doux et sanglotant éveille en moi un souvenir récent.
— Tu devrais avoir honte de toi ! D'être aussi faible !
Je connais cette voix...
Malgré ma terreur grandissante, une curiosité malsaine m'envahit et je décide de la suivre, ignorant les avertissements de ma raison. Mes pas hésitants résonnent sur le sol froid et je me rapproche d'un tournant de mur. La voix et les pleurs viennent d'ici. Prudemment, je me penche et observe.
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𝐑𝐄𝐀𝐋𝐈𝐓𝐔𝐀𝐑𝐈𝐔𝐌
FantasiaKalev est un jeune soldat à l'imagination débordante. Au calme, il écrit et invente des personnages, des créatures et un monde unique qu'il garde précieusement, voire jalousement dans son carnet de notes. Or, autour de lui, il n'y a pas de place pou...