Dans ce monde sans lune, ni lumière, nous sommes comme jetés dans la jungle sauvage.
Nous courons à en perdre haleine à travers la forêt, ignorant les ronces qui semblent s'accrocher à nos habits pour nous retenir de force. Je suis essoufflé, à bout, le cœur battant à la folie. L'incertitude pèse lourd sur mes épaules ; je ne sais pas où nous allons, et si nous pourrons vraiment échapper aux griffes de Serkis. Mais malgré la peur et la fatigue qui menacent de nous submerger, nous ne pouvons pas nous permettre de nous arrêter.
Kitty, derrière moi, pousse un cri étouffé à chaque branche qui lui fouette le visage, mais elle ne ralentit pas. Duncan, lui, trébuche de temps à autre sur les racines cachées sous les feuilles mortes, mais il se relève toujours.
Je ne sais pas combien de temps nous courons ainsi. Les minutes se transforment en heures, ou peut-être est-ce l'inverse ? Mes poumons brûlent, mes jambes sont lourdes comme du plomb, mais l'instinct de survie qui m'anime me donne la force de continuer.
Soudain, un bruit nous surprend –un craquement de branche, peut-être, ou le pas lourd de quelqu'un qui nous suit.
— Ils sont là ! On est perdus ! Kalev ! pleure Kitty.
— Non ! Continuez à courir, on va les semer !
Nous accélérons le rythme, poussés par la peur d'être rattrapés. Je jette un regard derrière moi, mais l'obscurité est trop dense pour distinguer quoi que ce soit. L'idée que Serkis ou l'un de ses sbires puisse être juste là, prêt à nous capturer et à nous ramener à cet enfer, me glace le sang.
Mais bien moins que ces yeux lumineux qui suivent notre progression.
Oh non... les tas de gelées...
Des lampes pourpres s'allument partout autour de nous et nous épient. Un jet de colle manque de m'avoir à la tête avant d'atterrir sur un arbre tordu. Putain ! Je vire de chemin pour repartir sur la droite.
Soudain, notre course frénétique est arrêtée net. Trois de ces créatures difformes se braquent face à nous comme un mur visqueux. Une silhouette blanchâtre se matérialise alors devant, émergeant d'une brume épaisse et étoilée.
J'écarte les bras pour protéger Kitty et Duncan dans mon dos, puis recule. Mon cœur, déjà au bord de l'explosion, se serre davantage quand je réalise qu'il s'agit de Serkis. Il nous fixe derrière ses petites lunettes, son regard perçant nous glace jusqu'à l'os.
— Puis-je savoir où vous allez ? dit-il d'une voix qui tranche le silence nocturne comme une lame.
Comment a-t-il fait pour arriver là ? Ce diable s'est littéralement téléporté devant nous ! J'ai été naïf de croire que nous pourrions lui échapper si facilement...
Je sens Kitty et Duncan se resserrer derrière moi, leur peur est palpable sous les gargouillements affamés des monstres de gelée qui nous entourent. Or, malgré tout, une flamme de courage s'allume en moi. Serkis nous a peut-être rattrapés, mais nous ne sommes pas sans défense. Ma main tire le barreau de lit que j'avais glissé à ma ceinture.
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𝐑𝐄𝐀𝐋𝐈𝐓𝐔𝐀𝐑𝐈𝐔𝐌
FantasíaKalev est un jeune soldat à l'imagination débordante. Au calme, il écrit et invente des personnages, des créatures et un monde unique qu'il garde précieusement, voire jalousement dans son carnet de notes. Or, autour de lui, il n'y a pas de place pou...