Après le bruit retentissant de la porte, Candice était restée plusieurs minutes immobile, les pieds solidement ancrés dans le sol. Elle bouillonnait encore de rage. Elle n'avait pas desserré les points de toute la discussion et les gardaient encore solidement serrés. Son esprit repassait en boucle les mots hurlés par Laurent. Elle était sidérée par la jalousie de son ex-mari et par son aplomb.
Bien sûr, elle venait de se disputer violemment avec le père de ses enfants. Mais c'est surtout la cause de cette dispute qui la sidérait. Que Laurent puisse encore penser qu'elle lui appartenait la mettait hors d'elle ! Candice qui se vantait d'être une femme libre, réalisa soudain, qu'elle restait encore sous la coupe de son ex-mari. Pourtant, ce n'était pas faute de lui avoir dit, d'avoir tenté de lui ouvrir les yeux... Antoine, Pascale, JB, ... Qu'elle se sentait idiote à ce moment-là ...
L'attitude de Laurent envers Antoine avait été la goutte d'eau qui avait fait déborder le vase. Elle n'en revenait pas que le père de ses enfants puisse se montrer si méprisant et hautain. Le terme « adjoint » avait été dit et redit avec tellement de mépris que cela lui donnait la nausée. Antoine était bien plus que son adjoint voyons, c'était son ami... Ami et plus si affinités en vrai. Bon, la question n'était pas là !
« Candice, hé ho Candice ! Tu m'entends ? l'appela Antoine »
Faisant un effort incommensurable pour retrouver son calme et ses esprits, Candice sortit de sa léthargie et se tourna vers Antoine. Ce dernier la regardait l'air hébété et lui tapait délicatement l'épaule pour la faire revenir sur terre.
« Oui, lui répondit Candice dans un souffle à peine audible.
- Tu vas bien ? Tu es pâle comme un linge...
- Oui, ça va. Antoine, je suis profondément désolée par l'attitude de Laurent. Il n'avait aucunement le droit de te parler comme ça !
- Ho tu sais, je m'en remettrai ! Son petit excès d'égocentrisme ne m'a pas fait peur ! C'est surtout pour toi que je suis inquiet ...
- C'est gentil Antoine...
- Viens t'asseoir, je t'apporte un verre d'eau, ça te feras du bien.
- Merci Antoine... répondit Candice en se laissant tomber dans le canapé.
- Tiens ton verre d'eau...
- Oh Antoine, tu ne peux pas savoir ô combien je m'en veux pour tout cela !
- Toi ? Tu t'en veux ? Mais pourquoi ?
- Si je m'étais rendue compte plus tôt de la situation et si j'y avais mis le holà, rien de tout cela ne serait arrivé...
- Candice, avec des si, on refait le monde. L'important maintenant, c'est que tu ai ouvert les yeux sur la situation. Bon, assez violemment certes, mais maintenant tu le sais. Et ne t'inquiète pas pour moi, j'en ai vu d'autres !
- Antoine, je pensais réellement que j'avais réussi à avancer dans ma vie de femme, que j'étais maintenant parfaitement indépendante. Toute ma vie, j'ai été dirigée par des hommes : mon père, Laurent, mes supérieurs à Paris, ... En arrivant sur Sète et en recommençant à zéro, je pensais réellement m'être libérée de cette emprise, se lamenta Candice en se prenant la tête dans les mains.
- Stop Candice ! Je connais peu de femmes, pour ainsi dire pas, capables de quitter Singapour du jour au lendemain avec ses enfants sous le bras pour débuter une nouvelle vie. Une nouvelle ville, un nouveau poste après 10 ans, une nouvelle maison, ... Crois-moi ce n'est pas donné à tout le monde !
- Elle est bien belle la superwoman que tu décris... Une superwoman qui sans s'en rendre compte était toujours sous la coupe de son ex-mari...
- Candice, tu es restée 20 ans avec Laurent ! Tu le connais depuis tes 16 ans ! Cela ne s'oublie pas. Tu ne peux pas tirer un trait sur la moitié de ta vie comme ça, ça prend du temps. Crois moi, j'essaie toujours d'oublier des automatismes de mon côté... »
Antoine n'avait jamais vu Candice aussi abattue. Elle réussissait à fendre l'armure devant lui et à lui parler à cœur ouvert. Il savait bien sûr, que derrière le bagout et le grain de folie se cachait une certaine sensibilité. Qu'en dessous de son armure de super flic, super maman et super amie, se nichait une femme qui avait souffert. Il ne connaissait pas tous ses secrets mais en savait assez pour avoir de la compassion pour elle. Il luttait à présent contre l'envie furieuse de la prendre dans ses bras. Il savait très bien que si cela arrivait, il ne la lâcherait plus.
« Alors, on fait un joli couple de losers... sourit Candice. Enfin, une belle paire hein ! se reprit-elle.
- Et bien trinquons aux losers affectifs alors, dit Antoine en entrechoquant son verre d'eau avec celui de Candice.
- Antoine... je voulais revenir aussi sur les paroles de Laurent. Je suis désolée qu'il t'ai mis mal à l'aise. Tu es ici chez toi, tu peux rester autant que tu le voudras ! affirma Candice en serrant la main d'Antoine.
- Merci... j'apprécie Candice... Merci ... tenta de répondre Antoine complètement subjugué par la proximité entre sa commandante et lui. Arriver à avoir une réponse cohérente pendant que leurs mains se frôlaient tenait du miracle.
- C'est normal, tu es mon ami et puis c'est grâce à toi si je suis encore vivante ! renchérit Candice en resserrant son étreinte.
- Candice, tu n'as pas à me remercier. Je te l'ai déjà dit...
- Je t'en serai toujours reconnaissante, je ne l'oublierai jamais Antoine... »
La chaleur venait de monter d'un cran dans le salon de la commandante. Toujours main dans la main, ou plutôt main sur main, les deux amis luttaient contre des émotions contraires.
Antoine n'arrivait pas à faire fi de cette brûlure qui irradiait littéralement sa main. Les doigts de Candice laissaient sur lui et en lui une emprunte brûlante qui faisait battre la chamade à son cœur. Il mourrait d'envie de la prendre dans ses bras, de lui murmurer tout bas que tout allait s'arranger, qu'il était là. Elle aurait niché sa tête dans son cou et l'aurait bercé doucement. Il lui aurait dit des mots tendres, qu'il ne supportait pas qu'on puisse lui faire du mal, que Laurent ne la méritait pas. Qu'il était là lui, qu'il ne demandait qu'à prendre soin d'elle. Maintenant et toujours. Mais ce n'était pas le moment de céder à ses pulsions, Candice était encore trop vulnérable et ce geste n'était qu'amical, un geste de remerciement.
Candice de son côté, se demandait bien comment elle avait pu amener un contact aussi intime à se produire. Bon, ce n'était bien sûr pas un baiser, loin de là. Mais cette proximité affective et physique comptait étonnamment plus qu'un baiser. Bien sûr, elle rêvait nuit et jour du moment où leurs lèvres se toucheraient enfin. Mais pour elle, avoir fendu l'armure devant lui et s'être montrée à nue devant un homme aussi réconfortant, était inestimable. Peu de personnes l'avaient vu baisser la garde et dévoiler sa sensibilité. Ses parents, sa sœur, Laurent, ... et maintenant Antoine. C'est comme si entre eux, un lien indéfectible s'était tissé. En même temps, après cette violente dispute, elle ne se voyait pas faire comme si de rien n'était ! L'attitude de Laurent l'avait blessée au plus profond d'elle-même et elle mettrait du temps à s'en remettre. Mais avec Antoine à ses côtés, là au plus près d'elle, dans sa maison, elle savait que tout irait mieux. Elle en avait l'intime conviction.
Après quelques minutes qui parurent une éternité, Candice rompit le lien entre eux et retira doucement sa main de celle d'Antoine. La magie était rompue et il était temps que le cours de la vie réelle reprenne. Ceci avait été une parenthèse enchantée.
« Je vais prendre une douche et me coucher. Désolée Antoine, cette journée m'a lessivée... annonça Candice en baissant la tête. Bonne soirée...
- Ne t'inquiète pas, je comprends ! Si tu as besoin de quoique ce soit, tu m'appelles hein ! Qu'importe le moment ! lui répondit Antoine en la regardant au fond des yeux.
- Je sais bien Antoine ! Encore merci pour tout, j'ai vraiment de la chance de t'avoir à mes côtés »
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Mur(s) porteur(s)
FanfictionEt si, après cette journée éprouvante, Candice ne s'était pas tournée vers Canovas ? Et si, pour une fois Candice avait laissé parler son coeur ? Ma réécriture de la fin de la saison 2 de Candice Renoir.