Deux corps à l'unisson

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Candice écoutait avec attention son capitaine lui raconter son enfance. Bon, une enfance pas très jolie, jolie... Mais elle appréciait tellement qu'il fende enfin sa carapace et qu'il se livre à elle. Elle voyait à présent une autre facette de lui et comprenait énormément de choses à propos de son Antoine.

« Et puis, il m'a sauvé la vie mon grand-père, reprit Antoine d'une voix tremblante. Pas au sens littéral du terme hein. Mais sans lui, je n'en serais pas là. On n'en serait pas là tous les deux.

- Comment ça ? lui demanda Candice intriguée.

- J'ai passé une adolescence chaotique, mal dans ma peau. Rejeté par mes parents, mes frères, car je ne rentrais pas dans le moule. J'étais le vilain petit canard de la famille Dumas de l'Estang tu comprends. Alors, j'ai commencé à faire des conneries, à trainer avec les mauvaises personnes. Et un jour... je me suis fait chopé. Avec des potes peu recommandables, on avait volé une voiture pour aller faire les 400 coups à Montpellier. Une super décapotable rouge. Le cliché quoi ! C'était moi qui conduisais. Mais, ce que je n'avais pas prévu, c'est que l'immeuble où on avait volé la voiture était équipé de caméras de surveillance. Les flics avaient mon portait. Et puis, ce ne fut pas difficile de remonter jusqu'à moi. Les Dumas de l'Estang sont connus dans la région...

- Et ben... répondit Candice. Encore sous le choc de cette révélation, elle ne savait pas quoi répondre à cet aveu.

- Et c'est là que mon grand-père est entré en jeu. Mes parents, furieux, m'ont foutu dehors. Interdiction de rentrer chez moi. Tu comprends, le fils de deux avocats réputés de Sète ne pouvait pas avoir des problèmes avec la justice. Autant couper la branche morte de l'arbre. Mais mon grand-père ne voulait pas me laisser seul. Il m'a donc accueilli ici, au vert, pour m'éloigner de cette bande. Et m'a demandé de lui faire une promesse : arrêter mes conneries et devenir enfin quelqu'un. En échange, il passerait l'éponge sur mon délit. Il avait des amis haut placés qui n'attendaient que de lui rendre service. Et là prise de conscience. J'avais déçu la seule personne sur terre qui tenait à moi. Je me sentais tellement mal, t'imagines... Alors, j'ai fait tout ce que je pouvais pour le rendre fier ! J'ai commencé des études de droit pour rentrer dans le moule, arrêté les mauvaises fréquentations, et renoué, un peu, avec mes parents. Il m'a littéralement sauvé la vie, sorti des emmerdes.

- Et bien, je remercierai tous les jours ce sacré bonhomme pour t'avoir remis dans le droit chemin ! Sans lui, on ne se serait peut-être jamais rencontré... dit Candice, en essayant de faire sourire son capitaine.

- Si ! Au commissariat, en salle d'interrogatoire ! rigola Antoine.

- Et bien, une fois n'est pas coutume, j'aurais craqué pour les beaux yeux du voyou que j'interrogeais.

- Et moi, pour la commandante qui me faisait passer un sale quart d'heure ! rajouta Antoine en saisissant les lèvres de Candice pour y déposer un doux baiser. Allez ! Assez ressassé le passé ! Que veux-tu faire cet après-midi ?

- Hum... je te suis ! Une ballade ? Tu connais de jolis coins ?

- Va pour une ballade ! A pied ou en moto ? sourit Antoine, fier de son effet.

- En moto ? Mais on est venu en voiture ?!

- Suis moi ! lui répondit Antoine en la prenant par la main.

Il mena Candice à l'arrière de la maison, sous un auvent qui faisait office de garage. Et là, une impressionnante moto bleu marine les attendait.

- Un cadeau de mon grand-père pour mon diplôme de droit, sourit le capitaine. Tu aurais dû voir la tête de ma mère quand elle a su ça, hilarant !

- Ton grand-père t'aimait beaucoup... dit Candice attendrie.

- Et c'était réciproque ! Alors on se la fait cette ballade ??

- Allez ! répondit Candice, peu rassurée.

- Candice, tu as déjà fait de la moto hein ?

- Euh... A vrai dire... jamais en fait, répondit la commandante en baissant les yeux.

- Toi qui adore les belles voitures, je suis surpris. Mais, c'est pas grave ! Ca sera une première ! Je suis heureux de te faire découvrir de nouvelles choses, et j'espère que ce ne sera pas la dernière... ajouta Antoine, un sourire en coin »

Candice n'était pas sereine. Autant elle appréciait les belles voitures, autant les motos lui avaient toujours fait peur. Pourquoi ? Aucune idée. Elle avait failli s'évanouir quand Laurent avait voulu s'en acheter une en Asie. Heureusement, le projet fut rapidement abandonné, au profit d'heures supplémentaires avec sa secrétaire. Mais avec Antoine, ce serait différent ! Elle avait pleinement confiance en lui !

Antoine, avec patience, lui expliqua comment monter sur l'engin. Mais avant, avec une grâce infinie, il lui enfila un casque bleu assorti à la moto, ... et à ses yeux. Il voyait ô combien la commandante n'était pas rassurée. Mais elle faisait cet effort pour lui, il le savait. Alors, avec mille précautions pour ne pas capturer de mèches blondes rebelles, il clipsa la fermeture. Et lui fit un bref mais doux baiser sur le nez en lui expliquant la prochaine étape. Puis, doucement, il la fit monter derrière lui et la fit s'appuyer sur son épaule. Par chance, Candice n'était pas en robe ce jour-là, ni en talon ! Ca le désarçonnait d'ailleurs de la voir ainsi. Nature. Mais sans toutefois, lui déplaire. Une fois assise sur la moto, Antoine prit ses mains et les plaça autour de ses flancs en lui disant de s'accrocher fermement à lui. Il rigola quand il sentit les ongles de Candice s'incruster dans sa peau. Pas si fort quand même ! Et dès qu'elle fut prête, il démarra la moto. Une dernière recommandation pour la route et ils étaient partis.

Antoine ne se serait jamais imaginé ressentir autant d'effet. Avoir Candice, là tout contre lui, accrochée à son dos, lui donna une brusque bouffée de chaleur. Une bouffée qui descendit tout le long de sa colonne vertébrale, puis se logea dans son ventre et arriva au siège des émotions masculines. Bien sûr, il avait déjà eu envie d'elle. Souvent. Très souvent. Et encore plus ces derniers temps depuis qu'ils étaient ensemble. Il mourrait d'envie de passer à l'étape suivante avec Candice mais se retenait. Il ne voulait pas la brusquer, elle qui voulait prendre son temps. Il ne voulait pas passer pour un homme trop pressant. Il avait bien attendu 3 ans, il pourrait attendre encore quelques temps de plus. Mais ça devenait de plus en plus difficile de se maîtriser ...

Candice, n'était pas en reste non plus. Elle n'avait jamais été aussi proche physiquement d'Antoine. Bon leurs baisers mis à part bien sûr ! Mais là, leurs deux corps ne faisaient plus qu'un. Comme si le sien était moulé à celui d'Antoine. Il faut dire que leurs deux corps s'épousaient à la perfection. Elle ne savait pas qu'un tour en moto pouvait être aussi sensuel. La décharge électrique qu'elle ressentit dans le bas de son ventre confirma son impression. Candice laissa son esprit divaguer. Elle lui avait dit qu'elle voulait prendre son temps avec lui, ne pas brusquer les choses. Mais pourquoi ne tentait-il pas une petite approche ? Un geste ? Est-ce qu'il respectait à la lettre ses souhaits, ou bien est-ce qu'elle ne l'attirait pas ? Il faut dire qu'elle était cruellement différente des autres filles avec qui il avait été. 20 ans de plus, 30 kg de plus et 4 enfants de plus. Pas étonnant qu'il préférait la voir habillée, pensa-t-elle. Pourtant, elle, elle rêvait de le voir nu. Elle l'avait déjà vu plusieurs fois torse nu, mais ne s'était aventurée plus bas que dans ses rêves.

« Candice ! Tu m'entends ? la héla Antoine.

- ...

- Hé ho Candice !

- Euh oui ? répondit la commandante en revenant difficilement sur terre.

- Ca te dis qu'on s'arrête dans ce village boire un verre ? Je connais un endroit super.

- Oui avec plaisir ! répondit-elle avec empressement. Au moins, elle pourrait en profiter pour se rafraîchir et se décoller de lui. Mettre en pause ce désir obsédant »

Aussitôt descendus de la moto, Antoine lui prit la main pour la diriger vers un petit bistrot à l'ombre d'une place typiquement provençale. Sentant la chaleur de sa main dans la sienne, Candice se dit intérieurement que non, décidément, cette sensation dévorante ne s'en irait pas de sitôt !  

Mur(s) porteur(s)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant