Le refuge d'un grand sensible

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« Et je voulais te montrer cette part de moi »

Candice n'en revenait pas du changement qui s'était opéré. Antoine, qui était le roi de la dissimulation lorsqu'ils s'étaient rencontrés, acceptait dorénavant de lui ouvrir son royaume et de lui montrer une nouvelle part de lui. Durant plus de deux années, Candice n'avait rien su de la vie privée de son capitaine. Ce qu'il aimait faire en dehors du travail, qui était sa famille, ses amis. Avait-il un chat ? Un chien ? Non, sur ce coup-là, pas de chance ! Il suffisait de voir comment il se comportait avec Sun.

Il avait fallu attendre la soirée des cookies pour connaître un bref changement dans le comportement d'Antoine. Elle avait senti qu'il avait eu peur pour elle ce soir-là. Et elle n'en revenait toujours pas qu'il l'ai laissée dormir chez lui. Bon, et le fait qu'ils soient tous les deux à moitié nus sur sa terrasse avait pas mal bousculé les choses. Depuis, Antoine était différent. Plus ouvert avec elle, moins secret. Et maintenant, il lui faisait partager l'endroit où il se sentait le mieux au monde. Que de chemin parcouru ! Candice espérait de toutes ses forces que la ballade n'allait pas se terminer de sitôt...

« Ouh ouh Candice ! Tu me suis ou tu restes ici ? l'interrompit Antoine.

- Désolée, je réfléchissais... lui répondit Candice, encore à moitié dans ses pensées.

- Oui, j'ai vu ça ! J'espère qu'au moins tu pensais à moi, la taquina le capitaine.

- Mais je pense toujours à toi tu sais bien ! Allez je te suis ! répondit Candice en lui prenant le bras »

Et Candice ne fut pas déçue de la visite ! Cet endroit était un refuge hors du temps, un lieu propice au calme. Antoine lui fit tout d'abord visiter la maison. Un charmant petit chalet en bois sur deux étages en forme de triangle. De larges baies vitrées laissaient rentrer le soleil dans la pièce principale. C'était petit mais très cosy, on s'y sentait bien. L'entrée donnait sur  une spacieuse et agréable salle de vie qui faisait office de salon, cuisine et salle à manger. Pour la partie salon, d'agréables canapés et fauteuils beiges invitaient à la sieste et au calme. Ils étaient complétés par deux petites tables en bois clair où étaient posés deux lampes bleues. Deux lampes en verre qui semblaient dater d'un autre temps. De multiples cadres photo ornaient les murs et le buffet au fond du salon. Autant Antoine était avare de photos chez lui, il prenait ici sa revanche. Candice découvrait ici et là un Antoine enfant fier d'avoir attrapé un poisson avec un vieil homme qui semblait être son grand père, un jeune homme diplômé en droit couvé par le regard de ce même vieil homme, ou bien des portraits au crayon laissant entrevoir des paysages ou bien des portraits. Candice était émue d'en découvrir autant sur le jardin secret de son compagnon.

La cuisine était en haut, il fallait monter quelques marches pour y accéder. C'était une cuisine simple mais accueillante. Elle inspirait les préparations de repas en famille. Dotée d'un grand plan de travail, elle avait dû voir passer les poissons pêchés par Antoine, les champignons ramassés dans la forêt ou bien les tartes aux pommes réalisées à partir des fruits des environs. Ne lui connaissant pas de talent en cuisine, Candice pariait sur le vieil homme pour passer derrière les fourneaux. Quelques mètres plus loin, une petite table en bois clair agrémentée de quatre chaises dans le même matériau invitaient aux repas cosy. Ici aussi, sur un buffet s'alignaient les cadres photo. Candice fut attendrie de voir son Antoine à différentes étapes de sa vie.

Les deux amoureux gravirent quelques marches d'un escalier en colimaçon pour accéder à deux chambres et une salle de bains. L'une des chambres étaient dans son jus, comme si le temps n'avait pas eu de prise sur elle. Candice vit ici et là des jouets d'enfants, du matériel à dessin, un chevalet dans un coin et plusieurs cartons à dessin disséminés dans la pièce. A ne pas s'y tromper, c'était la chambre d'enfant d'Antoine. La deuxième chambre était plus sommaire. Refaite à neuf, elle était dans les tons vert d'eau avec un mobilier en bois clair. Composée d'un grand lit moelleux où on rêvait de s'enfoncer... ou bien de faire d'autres choses à deux..., de deux tables de chevet avec les mêmes lampes que le salon, et d'une grande armoire. Sommaire. Candice reconnut ici la patte d'Antoine.

« Et voilà, tu as tout vu... lui dit Antoine mal à l'aise. Il n'osait pas la regarder dans les yeux, encore éprouvé d'avoir ainsi dévoilé à la femme qu'il aimait son refuge.

- Et l'extérieur ? lui demanda Candice.

- C'est la partie que je préfère ! sourit Antoine. J'y ai tellement de bons souvenirs ! Suis moi ! »

Candice ne fut pas déçue d'avoir réclamé de voir l'extérieur du chalet. Même si elle n'était pas d'ordinaire chasse et pêche, elle fut émerveillée par les environs. Le lac resplendissait de milliers de petites lumières et un ponton en bois y menait. Une embarcation d'un autre âge y était amarrée. Et une table de pique-nique en bois, comme sur les aires d'autoroute sourit Candice, attendait le résultat d'un barbecue à proximité. Enfin, une balançoire pendue à un grand chêne centenaire achevait le décor.

« On s'assoit ? demanda Antoine. Ils joignirent le geste à la parole et tous les deux s'assirent au bord de l'eau, sur le ponton, les pieds pendant dans l'eau.

- Antoine, c'est magnifique ! Merci de m'avoir fait découvrir ta tanière, sourit Candice tout en le taquinant un peu.

- J'ai vécu ici mes plus beaux moments, il était normal que tu en fasses partie Candice, répliqua-t-il en la regardant dans les yeux. Tu connais ma mère... Tu as vu comme elle peut être dure et coriace... Et ben, mon père, c'est pareil. Et le fait d'être à part dans cette famille bourgeoise a été compliqué. Je n'étais pas l'enfant rêvé pour mes parents. Déjà, ils attendaient une fille. Et non, ce fut moi ! Première déception... Et en grandissant, c'était le dessin qui m'intéressait, pas la chasse ou l'équitation comme mes frères. On est en plein cliché de la famille bourgeoise hein ! Mon grand-père m'a sauvé de tout ça »

Le capitaine avait envie de se confier. Elle n'allait sûrement pas interrompre ce si beau moment.

Mur(s) porteur(s)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant