Une proposition ardente

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Candice et Antoine passait une soirée réellement agréable. Plus aurait été impossible. Ensorcelés tous les deux par cette journée riche en couleurs et en révélations, ils se sentaient liés, à présent, par une connexion profonde. Comme si, en lui révélant ses sentiments et ses secrets, Antoine avait partagé avec Candice, une partie de son âme. Comme si, en s'ouvrant à elle, en se mettant à nue de la sorte, il l'avait fait rentrer en lui. Dans sa chaire mais surtout dans son cœur. Et Dieu seul sait qu'Antoine était fermé, d'une nature plus que secrète. Un cœur cadenassé à double tour. Meurtri par une enfance sans amour, il avait appris à refouler ses émotions, à les garder pour lui. Mais avec Candice, il arrivait à se livrer facilement. C'était si aisé de la regarder dans les yeux et de lui raconter son enfance, le rejet de ses parents à son égard, sa relation avec son grand-père... C'était étonnant, mais tellement agréable ! Mais, le plus important, c'était la facilité avec laquelle il lui avait dit je t'aime. Antoine Dumas était en train de changer, et il aimait ça.

Assis l'un en face de l'autre à table, Candice caressait de son pouce le dos de la main d'Antoine. Elle faisait des petits cercles sur sa peau nue en accompagnant ses paroles. Car, il fallait bien l'avouer, la connexion entre eux n'était pas que sentimentale. En effet, la conversation était aisée, et ils prenaient plaisir à converser sur de nombreux sujets. Candice était très intéressée par les points de vue de son compagnon sur de nombreux sujets. Il fallait dire qu'il s'intéressait à énormément de choses, dévorant romans, biographies, documentaires et podcasts. Qu'est-ce qu'on était loin du policier macho et bourru ! Même si elle était d'abord tombée amoureuse de cette première version, Candice préférait mille fois ce modèle. Elle ne l'aurait échangé pour rien au monde.

Ce fut un repas simple composé de salades et de grillades cuites au barbecue. Mais, ils s'en moquaient. Ils auraient été chez Ducasse ou Lignac, ça aurait été la même chose. L'important, c'est qu'ils soient tous les deux. Qu'Antoine puisse se noyer dans le regard océan de sa compagne, s'émerveiller de chaque tempête et de chaque accalmie, et d'admirer sa beauté angélique. Candice, quant à elle, n'aurait lâcher sa main pour rien au monde. Avoir sa main dans la sienne, c'était avoir la certitude qu'il ne partirait pas, qu'il resterait avec elle. Sa peur de l'abandon, vestige du passé, était malheureusement bien présente. Mais, au fond d'elle, elle savait qu'elle pouvait faire confiance à Antoine, qu'il ne la lâcherait pas.

Au moment du dessert, la musique, en fond sonore, s'arrêta sur Wonderwall d'Oasis. Et soudainement, la main de Candice lâcha celle Antoine. Cette dernière s'était levée d'un bond de sa chaise et se dirigeait vers son compagnon en sautillant. Antoine, la regardait mi-amusé mi-curieux, ne sachant pas ce qu'allait faire son amoureuse.

« Antoine ! J'adore cette chanson ! Viens danser avec moi ! s'écria Candice en tirant Antoine par la main.

- Candice, tu aimes Oasis ? On est loin de Joe Dassin là, la taquina Antoine.

- Rooo très drôle... Sache Antoine, que tu as encore de nombreuses choses à découvrir sur moi. Et je suis peut-être plus âgée que toi, mais je ne suis pas un dinosaure ! Allez viens !

- J'arrive ! »

Antoine se leva et se hâta de prendre Candice dans ses bras. Bien que la chanson était résolument pop rock, ils entamèrent un slow. Doucement, Candice mis ses bras autour du cou d'Antoine pendant que ce dernier encerclait ses hanches. Proches comme jamais, ils eurent la confirmation qu'outre leurs âmes, leurs corps s'imbriquaient également parfaitement. Comme si, ils étaient deux parties d'un tout qui se réunissaient pour ne former plus qu'un.

Candice n'avait jamais réellement écouté le texte de cette chanson. Elle avait bien sûr poncé le CD sur son walkman et chanté les paroles en yaourt, comme tout le monde. Mais les paroles n'avaient jamais fait aussi sens que maintenant. Que maintenant, à cet instant présent, qu'elle tenait enfin l'homme qu'elle aimait dans ses bras.

"There are many things that I would like To say to you But I don't know how

Il y a tant de choses que j'aimerais te dire, mais je ne sais comment m'y prendre.

Because maybe you're gonna be the one that saves me?

Peut-être parce que tu seras celle qui va me sauver ?

And after all You're my wonderwall

Car après tout tu es mon mur des merveilles »

Elle avait encore de nombreux secrets à lui avouer, tant de choses à lui dire. Certaines sombres, cabossées, et d'autres plus joyeuses. Il comprendrait enfin certains traits de sa personnalité, mettrait des mots sur ses actions, ses émotions. Elle ne savait pas encore comment s'y prendre pour casser cette carapace, sa carapace. Mais elle savait que c'était lui, cette homme, qui la sauverait. Qui la sauverait et qui sait, la réparerait. Pour pouvoir enfin vivre la vie qu'elle espérait. Après tout, c'était son wonderwall, son mur à merveilles. Elle en avait la certitude.

Mais à l'instant T, moulée de la sorte au corps musclé du capitaine, Candice avait bien d'autres images en tête que ses soucis et sa vie cabossée. Elle imaginait son corps musclé sous ces couches de vêtements, ses abdominaux saillants et ses épaules puissantes. Ses bras faits pour n'entourer qu'elle et ses fesses fermes et rebondies qu'on brûlait d'envie de caresser. Mais surtout, elle sentait contre elle battre le cœur d'Antoine. Un cœur qui battait la chamade comme le sien. C'est alors, qu'elle se dégagea délicatement de lui pour lui susurrer à l'oreille.

« Tu sais, j'ai jamais... eu autant envie de toi que ce soir.

Et là, le cœur d'Antoine rata un battement, sûrement deux. Une drôle de sensation envahit tout son être. Il avait très chaud, puis très froid, puis très chaud. Il était sonné. Plus rien ne répondait chez lui. Il était littéralement sous le choc. Comment cette femme, aussi délicieuse, belle et incroyable, pouvait lui dire, là maintenant, qu'elle avait envie de lui. C'était du bonheur à l'état pur, brut, natif, volcanique, quel pied !

- Tu es sûre ? Tu ne voulais pas attendre ? trouva-t-il le courage de lui répondre, sortant de sa torpeur.

- Tu ne veux pas ? répondit d'une petite voix Candice en baissant les yeux, soudain déçue.

Pour toute réponse, il prit le menton de Candice entre ses mains et fondit sur ses lèvres. Cette dernière, bien que surprise, accueillit avec chaleur sa bouche. Au début tendre, leur baiser se fit plus fiévreux, plus intense, plus animal. Tous les deux ayant tant attendu ce moment, leurs bouches ne voulaient à présent plus se lâcher. Comme connectées, liées. Antoine prit les devants et du bout de sa langue, caressa les lèvres de Candice. Comme s'il lui demandait le droit d'aller plus loin et d'accentuer ce baiser. Elle ne se fit pas prier et sa bouche s'entrouvrit pour partir à la rencontre de la langue d'Antoine. Une sensation chaude, brûlante, envahissait leur corps rempli de désir.

- Ca veut dire oui alors ? murmura malicieusement Candice contre les lèvres d'Antoine.

- Bien sûr, que ça veut dire oui ! Tu ne sais pas combien de fois, j'en ai rêvé. Mais, je ne voulais pas aller trop vite...

Ses mots firent gonfler le cœur de la commandante. Cet homme était vraiment parfait ! Il faisait passer son désir avant le sien. Il avait accepté sa volonté de ne pas aller trop vite, de prendre son temps. Et si, cet après-midi, elle avait eu des doutes sur son attirance, elle était à présent rassurée.

- Alors, qu'est-ce qu'on fait encore là ? lui répondit Candice en le regardant droit dans les yeux. Un regard rempli de désir qui ne demandait qu'à éclore »

Mur(s) porteur(s)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant