Rêve prémonitoire ?

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Aujourd'hui, c'était le JOUR J, Antoine rejoignait la maison Renoir. Il devait arriver dans la matinée, accompagné par JB. Son meilleur ami se faisait un devoir de veiller sur Antoine depuis le coup de feu. Mais surtout, il culpabilisait de quitter la brigade et, en quelque sorte, de l'abandonner... En effet, entre sa famille et son métier, son choix fut rapidement fait. Même si depuis le départ de son lieutenant, Candice percevait une certaine animosité entre Audrey et JB. Il faudrait sûrement du temps au couple pour surmonter cette épreuve et retrouver leur complicité d'antan.

Bien qu'elle adorait son ex lieutenant, Candice avait d'autres chats à fouetter ce matin. Elle tournait comme un lion en cage dans son salon. Arrangeant un coussin là, rangeant un magazine ici, elle appréhendait l'arrivée d'Antoine. Encore une fois, elle se demanda ce qui lui avait pris de télescoper ses deux univers : sa vie familiale et sa vie professionnelle. Et en plus, la maison était loin d'être rangée ! Le déménagement était récent et elle ne pouvait pas compter sur ses enfants. Ils avaient accepté la venue d'Antoine et la nouvelle maison, elle ne pouvait pas leur en demander davantage !

Mais, c'était surtout le rêve qu'elle avait fait cette nuit qui la préoccupait. Un rêve où il était question d'un diner en tête à tête en terrasse suivi d'une ballade sur la plage. Mais où diable, étaient passés ses enfants ?

« Les enfants ne seront pas là ce soir. Alors si tu veux te reposer tranquillement, c'est le moment ! annonça Candice un peu gênée de se retrouver seule avec son adjoint.

- Ah ok ! Mais tu sais Candice, je vais bien maintenant. Je suis assidu dans ma rééducation, mon kiné dit que je fais des progrès et ... tu prends soin de moi, répondit Antoine en baissant les yeux à la fin de sa phrase.

- Oui oui Antoine, je le vois bien ! Mais comme tu as pu le voir, c'est rare les soirées au calme avec 4 enfants...

- Oui, mais c'est vivant ! Crois-moi, il n'y a pas autant de vie dans mon quotidien d'habitude... Et tes enfants sont gentils. Ils m'ont bien accepté je trouve !

- Normal ! Tu joues pendant des heures aux jeux vidéo avec les jumeaux, fait les exercices de maths d'Emma – oui, oui je t'ai capté – et aide Jules en cuisine. Encore un peu et ils ne te laisseront plus partir !

- Je vais bientôt pouvoir retourner chez moi selon mon kiné et après reprendre le boulot, annonça Antoine avec une pointe de tristesse. En attendant, je t'emmène au resto ce soir ! J'en ai vu un sur la plage qui fait des tapas de folie.

- Mais Antoine ! Ce n'est pas prudent de passer toute une soirée dehors ! répondit Candice partagée entre gêne et inquiétude.

- Candice ... C'est bon, ça fait 1 mois maintenant. J'ai l'aval de mon kiné pour sortir et il m'a dit que ça me ferait le plus grand bien. Ordre du docteur ! »

Devant son sourire charmeur et ses grands yeux émeraudes, capitula et accepta l'invitation d'Antoine. Après un rapide passage dans sa chambre, elle se changea et mis une jolie robe violette avec des sandales compensées beiges. Un peu de maquillage et un voile de parfum et elle fut prête à retrouver Antoine.

« Wahou ! Tu es très ... belle, bégaya Antoine lorsqu'il vit Candice arriver.

- Merci, répondit Candice le rose aux joues. Il fallait bien faire honneur à la première sortie de Monsieur !

- Et bien, c'est réussi... Allons-y ! annonça Antoine en plaçant une main dans le dos de Candice, geste qui lui donna immédiatement des papillons dans le ventre. »

Leur soirée fut un vrai délice. Antoine ne lui avait pas menti, le repas avait été très bon. Mais outre le cadre et la nourriture, c'était davantage l'ambiance entre les deux collègues qui faisait des étincelles. Ils échangeaient tous les deux à bâton rompu et leur complicité était indéniable. Antoine se surpris même à parler de son enfance, de ses rapports distants avec ses parents et ses frères. Il n'y pouvait rien, face aux yeux bleus océans de sa commandante, les mots venaient facilement, sans s'en rendre compte. Candice n'était pas en reste puisqu'elle osa aborder son expatriation à Singapour et notamment le fameux passage de la tromperie. A cette évocation, Antoine posa sa main sur celle de Candice. Ce fut un geste soudain, instinctif, comme pour lui signifier qu'il était là et qu'il ne voulait plus la voir souffrir.

Un peu gêné par son geste, il retira sa main pour demander l'addition à la serveuse.

« Ca te dis une glace sur la plage ? Il fait encore bon ! demanda Antoine.

- Avec plaisir ! Je connais un super glacier près d'ici, j'y vais souvent avec les enfants, répondit Candice en souriant.

- Allez vendu ! s'exclama Antoine »

Après un passage chez le glacier – 2 boules vanille/chocolat pour Antoine (ça ne s'invente pas !) et 2 boules pistache/framboise pour Candice – ils arrivèrent sur la plage. Candice enleva ses compensées pour profiter du sable encore chaud sous ses pieds. C'était une vraie soirée estivale et Candice ne regrettait pas d'en profiter. Et encore moins avec Antoine...

« Ca te dis, qu'on s'assoit pour manger notre glace ? la questionna Antoine.

- Oui, pourquoi pas ! répondit Candice en s'asseyant sur un rocher.

- Tu me fais goûter ta glace ? demanda son cavalier avec gourmandise.

- Même pas en rêve ! En même temps, quelle idée de prendre vanille et chocolat comme parfums ! C'est d'un triste ...

- Encore un stigmate de mon enfance... Il ne fallait pas faire de vagues et rentrer bien sagement dans les clous. Alors, ma mère commandait toujours des glaces vanille chocolat pour nous quand nous allions chez le glacier ... lui expliqua son adjoint, parti loin dans ses souvenirs.

- Oh ! Quelle tristesse ! Il y a tellement d'autres parfums délicieux ! Ton apprentissage des glaces commence maintenant. Tiens, goûte moi cette merveille ! s'enthousiasma Candice en lui tendant sa glace.

- Huuuuum j'adore la framboise ! Pistache un peu moins ...

- Mais comment on ne peut pas aimer la pistache ?! s'indigna Candice. C'est la reine de la glace, le graal !

- C'est bon oui... Mais ça n'a pas la petite acidité de la framboise. Tu vois, c'est tout doux au début, un nuage sucré rose mais ensuite on sent une petite pointe d'acidité qui donne toute la saveur à l'ensemble. Un peu comme toi ... répondit Antoine en souriant.

- Tu me compares sérieusement à une framboise ? demanda Candice en riant

- Quoi, c'est mignon une framboise. Et puis, pour qqun qui porte du rose 7 jours sur 7, je trouve que c'est bien trouvé !

- C'est pas faux ... »

Riant toujours, Candice ne vit pas le regard d'Antoine rivé sur elle. Il était comme ensorcelé par son rire cristallin qui illuminait cette belle soirée d'été. Qu'est-ce qu'il aimait passer du temps avec elle et l'admirer.

« Candice, tu as un peu de glace sur la joue, lui indiqua Antoine.

- Ah mince ! Où ça ? demanda Candice en essuyant sa joue.

- Là, à la commissure des lèvres, répondit Antoine en accompagnant ses mots par un geste. Doucement, il essuya avec son pouce les traces de glace à la framboise. Cet instant, à l'origine fugace, sembla durer une éternité. Les deux amis se regardant profondément dans les yeux pendant qu'Antoine caressait la joue de Candice.

- On ferait mieux d'y aller non ? Il commence à faire froid... dit soudainement Candice en rompant le charme du moment.

- Oui, tu as raison... opina Antoine désarçonné »

Le trajet retour se fit sans un mot, chacun perdu dans ses pensées. Chacun repensant à ce moment suspendu, synonyme de bonheur pour Antoine et de soucis pour Candice. A leur arrivée à la maison, Candice souhaita une bonne nuit à Antoine et le remercia pour cette soirée. Puis, sans hausser le regard, elle fonça dans sa chambre. Décidément, cette femme était dure à suivre pensa le capitaine, qui dérouté, monta les marches jusqu'à sa chambre.

Retour à la réalité. Perdue dans ses songes, Candice fut réveillée par la sonnerie de la porte qui annonçait l'arrivée imminente de JB et d'Antoine. Encore frissonnante, la commandante se dirigea vers la porte d'entrée pour leur ouvrir.  

Mur(s) porteur(s)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant